Port dOslo

En avant pour 2033. Chroniques d’Oslo

Du 17 au 19 février 2020, nous avons rencontré plusieurs responsables d’Églises et mouvements de Norvège afin de partager la vision de l’initiative « Jesus Celebration 2033 » (JC2033). Une invitation à un pèlerinage vers 2033, jubilé des 2000 ans de la résurrection du Christ. La participation à une séance du Conseil chrétien des Églises a constitué le sommet de ces jours intenses.

« Bienvenue au Portugal », me dit Antonio Quinteirio, l’ambassadeur de ce pays, lorsqu’il ouvre devant moi la porte de la « maison du Portugal », où je logerai durant ces quelques jours à Oslo. Olivier Fleury m’y rejoindra la dernière nuit. 

Volontaire du mouvement des Focolari, mon généreux hôte m’accueille avec beaucoup de fraternité et me conduit, pour la première soirée, à la communauté locale de ce mouvement auquel je suis relié.

Un « chemin d’Emmaüs » vers 2033

La soirée a commencé avec une méditation. J’ai choisi de parler du chemin d’Emmaüs sur lequel je viens de marcher avec une trentaine de personnes et de faire le lien entre ce récit, la présence du Ressuscité parmi nous et la marche vers 2033.

« Le récit d’Emmaüs est un des plus beaux textes. J’aime la surprise des disciples et la manière inhabituelle de Jésus d’entrer dans leur vie. Les disciples étaient désespérés. Ce récit me dit aussi l’importance de partager mes difficultés, et non seulement mes réussites. Et d’être ouvert à d’autres qui peuvent m’aider sur ce chemin », dit en écho Elma. Avec la communaute des Focolari dOslo Avec la communauté des Focolari dOslo

Elle a été touchée par la vision d’Olivier : le peuple de Dieu de tous lieux et de toutes Églises s’unissant dans la célébration des 2000 ans de la résurrection de Jésus. Il est si important qu’un tel projet parte de la base, et non seulement des autorités. Elle va prier pour que nous rencontrions les gens qui ont la grâce de comprendre ce projet. « Cette célébration doit commencer aujourd’hui en moi », dit-elle aussi.

Pour Roy, d’origine philippine, c’est la joie des disciples qui le touche. Une joie encore plus grande que celle qu’il vient de vivre après avoir retrouvé son téléphone portable oublié dans un bus ! 

Pour Anita, d’origine suédoise, il est bon de prendre du temps pour inviter à cette célébration. Comment seront les Églises en 2033 ? L’Église du futur sera beaucoup plus modeste : des petites communautés où les gens voient la joie de l’Évangile.

Au sujet de la division entre l’Église orthodoxe et les autres Églises sur la date de Pâques, elle se réjouit de notre appel à célébrer Pâques à une date commune en 2033 et se souvient qu’une amie orthodoxe lui avait dit qu’il ne faut pas permettre à la lune de décider de notre unité !

Quant à Antonio, mon hôte ambassadeur, il souligne que « Focolare » signifie feu en italien. Le feu est un autre mot pour l’Esprit saint. Or, à Emmaüs, le cœur des disciples est brûlant. Mais pour avoir part à ce feu, à savoir la présence du Christ en nous et au milieu de nous, nous avons à perdre notre moi égoïste. Nous sommes le combustible : notre « vieil homme » doit brûler.  

Pour Anne qui vient de la Hollande, la découverte de la présence du Ressuscité au milieu de nous a été très importante pour sa foi. Elle se réjouit que beaucoup de personnes découvriront Jésus à travers notre initiative.

Elle se demande comment rejoindre les norvégiens, car à Pâques, ils sont davantage sur les pistes de ski que dans les églises.  À Oslo on dit même qu’il n’y a, à cette époque de l’année, que des catholiques qui ne savent pas skier, la majorité venant de Pologne, du Sri Lanka et des Philippines. C’est une société très sécularisée, certes spirituelle mais non pas ecclésiale.

Redire le sens de la résurrection

Ayant dirigé la Société biblique suisse pendant plusieurs années, une étape – presqu’obligée de mes voyages pour JC2033 – est de visiter la Société biblique locale.

Le lendemain matin, j’ai rendez-vous avec deux « Bible Society men » !

J’arrive d’abord devant le bâtiment de la Société biblique norvégienne. Son secrétaire général, Paul Erik Wirgenes, m’attend à l’entrée et me demande pourquoi j’arrive dans une voiture avec des plaques diplomatiques !

Il présente d’abord l’important travail de la Société biblique : elle est le quatrième plus grand donateur de l’Alliance biblique universelle pour l’entraide biblique mondiale, elle travaille à la transition vers le numérique pour répondre aux nouvelles habitudes de lecture malgré les ventes importantes de Bibles, elle vient de publier une nouvelle traduction en Sami, une langue de Laponie.

E. Wirgenes a eu la responsabilité d’organiser deux importantes célébrations : l’une à l’occasion des 200 ans de la fondation de la Norvège en 2014 ; l’autre pour les 500 ans de la Réforme en 2017, alors qu’il était directeur des affaires intérieures de l’Église (luthérienne) de Norvège.

C’est dire que le projet concernant 2033 le rejoint. « L’année 2033 sera pour l’Église l’occasion de redire le sens de la résurrection du Christ à la société. Cela sera aussi un défi pour la Société biblique. Je comprends votre vision : vous pourrez compter sur notre engagement », me dit-il.

« Célébrer le chemin de Jésus »

Avec Ole Christian Kvarme         Avec Ole Christian KvarmeA midi, Ole Christian Kvarme, l’évêque luthérien émérite d’Oslo, m’attend devant la cathédrale. Il m’entraîne dans un restaurant quelques pas plus loin. Nous étions membres d’un même comité européen, alors qu’il dirigeait la Société biblique et moi celle de Suisse et nous sommes restés en contact depuis. Je l’ai revu l’année dernière et lui avais alors partagé la vision d’une préparation mondiale du Jubilé de la résurrection.

A peine assis, il me dit que cette idée l’a travaillé et me partage ses réflexions. A l’époque il avait présidé le comité de préparation du Jubilé des 2000 ans de la naissance de Jésus. Mais s’il n’était pas difficile de motiver les gens pour célébrer Noël (qui fait partie de la culture norvégienne), il se demande quelle sera la réponse des norvégiens pour les 2000 ans de la résurrection du Christ. Pâques, pour eux, est davantage relié au début du printemps, à la nature et aux dernières sorties à ski, qu’à la résurrection et à la rédemption.

Il me demande si nous avons un « slogan » et propose « Célébrer le chemin de Jésus », pour marquer l’invitation du Ressuscité à marcher avec lui. Il se réjouit aussi de notre initiative d’inviter à marcher sur le chemin d’Emmaüs et voit d’autres marches possibles durant les années marquant la vie publique de Jésus, de 2030 à 2033, en Galilée en particulier.

Visites auprès de mouvements évangéliques

Joakim Magnus, responsable de la base de Jeunesse en Mission à Oslo, a lancé l’initiative « Prière pour Oslo » qui rassemble les chrétiens des diverses Églises quatre fois par année. https://movementday.com/oslo-on-the-move/  

Il nous fait part aussi du succès du programme biblique pour les jeunes. Chaque mardi plus de 500 jeunes adultes découvrent la Bible en deux ans. 

« Nous garderons à l’esprit la perspective de 2033 dans nos rencontres. En fait tout commence par la conversation : prendre le temps de se visiter, de s’assoir ensemble », me dit-il.   Avec Joachim Magnus et Eivind Arnevaag   Avec Joachim Magnus et Eivind Arnevaag

Avec lui, je rencontre aussi Eivind Arnevaag, un footballeur renommé en Norvège, aussi un luthérien touché par le renouveau charismatique et témoignant de sa foi dans le sport. Il a lancé trois maisons de prière interconfessionnelles et organise des camps d’été pour enfants.

Pendant que je suis à Oslo, Olivier Fleury se rend à Bergen et me rejoint le lendemain. Voici les impressions de ses rencontres :

Mary-Elizabeth Korlsrud m’accueille avec un immense sourire à l’aéroport de Bergen. Il pleut abondement. Son mari Ole-Martin nous accueille ensuite dans leur appartement.

Nous échangeons des nouvelles puisque cela fait trois ans et demi que nous ne nous sommes pas revus. Mary-Elizabeth avait conduit la louange à notre rassemblement JC2033 à Burtigny en septembre 2017.

Puis arrive Kristian Bjorkhaug, le jeune responsable de Normisjon (région ouest de la Norvège), une grande mission norvégienne. Nous parlons de nos deux « Missions » et d’un possible partenariat. La première étape de notre collaboration serait la participation de Kristian et de Mary-Elizabeth à la rencontre internationale de JC2033 qui se déroulera en Égypte du 16 au 20 novembre 2020.

Kristian me dit avec conviction : « Quand j’ai entendu parler de JC2033, je me suis tout de suite dit que je m’aimerais m’impliquer dans ce mouvement »

Les quatre, alors que nous ouvrions nos cœurs, avons senti le même esprit nous habiter. Nous servons un même Sauveur et une même cause. Nous avons décidé de nous revoir prochainement pour définir plus précisément les conditions d’une future collaboration. A suivre donc !

Avec le Conseil chrétien de Norvège

Le mercredi 19 février, nous avons le privilège de présenter JC2033 au Conseil chrétien de Norvège. Plus de 25 responsables, représentant la majorité des Églises en Norvège sont présents, dont deux évêques luthériens et l’évêque catholique d’Oslo.

Nous sommes accueillis par son secrétaire général Erhard Hermansen et Berit Hagen Agoy, sa présidente qui nous donne la parole avec bienveillance. 

Olivier et moi présentons JC2033 en alternance, avec sérieux et enthousiasme. Puis viennent les questions : plusieurs membres du conseil sont encourageants, certains sceptiques ou même critiques. Entre nous, la complicité et la complémentarité de nos réponses apportent clarté et apaisement. 

Rencontre avec le Conseil chretien de NorvegeRencontre avec le Conseil chretien de Norvege

Voici quelques réactions : « C’est magnifique de voir un mouvement qui met Jésus au centre pour préparer les 2000 ans de sa résurrection ».  « C’est Christ qui nous unit : à l’occasion de 2033, nous pourrons le démontrer ». Le Conseil chrétien avait préparé le jubilé des 2000 ans de la naissance de Jésus, mais, alors que l’an 2000 avait aussi une dimension séculière, 2033 sera propre aux chrétiens. « Célébrer Jésus ressuscité entre tous les chrétiens serait fantastique », dit un autre. 

D’autres demandent des éclaircissements. « Merci, mais vous savez comment sont les norvégiens : ils doivent d’abord y réfléchir ! » La question de la relation entre le Conseil et JC2033 et celle de la mise en place d’un bureau en Norvège ont été particulièrement discutées. Faut-il commencer une nouvelle structure ou bien la préparation du Jubilé doit-elle être la responsabilité du Conseil chrétien ? Quoi qu’il en soit, un tel événement doit être enraciné dans la vie des Églises. Il faut mettre dans le coup toutes les Églises et organisations présentes autour de la table. Et certainement d’autres encore !

Après une intense la présidente conclut en affirmant avec conviction : « nous pouvons vous dire qu’il y aura une grande célébration en Norvège en 2033 » !  

Œcuménisme autour d’une table

Nous nous retrouvons ensuite pour un repas dans un restaurant italien. Olivier et moi et trois autochtones qui représentant la diversité ecclésiale de la Norvège :

Hans Aage Gravaas, responsable de Norme (Conseil norvégien pour la mission et l’évangélisation, l’antenne norvégienne de l’Alliance évangélique et du Mouvement de Lausanne). Jemi Grosse-Venhaus, une enthousiaste catholique, membre du mouvement des  Focolari. Et Berit Hagen Agoy, présidente du Conseil chrétien de Norvège, également directrice du Conseil des affaires œcuménique et des relations internationales de l’Église (luthérienne) de Norvège.

« La présence de Jésus ressuscité parmi nous est un don. C’est ce qui nous distingue en tant que chrétiens, mais nous ne pouvons la forcer. Quand j’ai entendu parler de cette initiative j’étais très heureuse. C’est comme un rêve qui se réalise », nous dit Jemi Grosse-Venhaus.

Elle se souvient de la première liaison téléphonique internationale entre membres du mouvement des Focolari au début des années 1980. A la fin une prière dite ensemble en unité à travers le monde entier l’avait beaucoup émue. Aujourd’hui les moyens techniques sont mille fois plus puissants et importants. Qu’en sera-t-il en 2033 ? Qu’ils soient aussi au service de l’annonce de la résurrection et que ce message se répande plus rapidement que le « Coronavirus » !

Pour Berit Hagen une célébration des 2000 ans de la résurrection doit inclure toutes les Églises, également celles issues de la migration. Elle se demande si les chrétiens sont devenus plus timides dans l’annonce de l’Évangile, à cause de la présence des autres religions ? Ce Jubilé sera spécifiquement chrétien, alors que celui des mille ans du martyre de St. Olav, prévu en 2030, aura une dimension plus civile et politique.

Le défi est aussi d’impliquer les plus jeunes, car ce sont eux qui seront actifs en 2033. Avec raison, elle me dit qu’il manquait des témoignages de femmes dans ma présentation de déclarations de responsables d’Églises lors de la rencontre avec le Conseil chrétien. Or, les premiers témoins de la résurrection du Christ étaient justement des femmes !   

Hans Aage Gravaas nous conseille de mettre l’accent sur ce qui nous unit:

« Le message est de donner un signe d’unité autour du Christ. Votre présence parmi nous est très intéressante. Chaque Église a ses contours. Mais vous nous proposez un pèlerinage vers un but, le Christ ressuscité.  Et c’est lui, le Ressuscité qui nous unit ! » Martin Hoegger Olivier Fleury Hans Aage Gravaas Berit Hagen Jemi Grosse VenhausDe gauche à droite : Martin Hoegger, Olivier Fleury, Hans Aage Gravaas, Berit Hagen, Jemi Grosse-Venhaus

Un but commun

Le soir, notre hôte Antonio Quinteiro nous invite à un concert de jazz organisé par l’ambassade d’Italie. Après le concert nous avons l’occasion de partager la vision de JC2033 aux ambassadeurs d’Italie et de Géorgie. Cette dernière, Maia Kipshidze, nous invite à venir dans son pays et nous le confirme le lendemain par un courriel.

De retour à la « Maison du Portugal », notre hôte nous partage ses réflexions au sujet de JC2033 qui confirment ce qu’A. Gravaas vient de nous dire : « L’idée est originale, géniale, mais aussi d’une simplicité déconcertante. Une initiative vraiment attirante et inspirée qui donne un but commun à tous les chrétiens ! Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? »

Le lendemain, le cœur rempli de reconnaissance, nous nous envolons vers Genève avec la confiance d’avoir semé des graines d’espérance chez plusieurs responsables spirituels de Norvège.

Martin Hoegger


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