« La blessure de la relation »

Jacob, dans sa lutte avec l’ange, reçoit une blessure à la hanche qui le fera boiter. A la fin du combat, l’ange lui donne aussi une bénédiction. (Cf. Genèse 32) Blessure et bénédiction : dans toute rencontre, il y a à la fois la promesse d’une bénédiction, mais aussi le risque d’une blessure.

Il peut arriver que nous refusions la relation, par peur d’être blessé. Mais alors nous nous isolons et nous risquons de mourir de solitude ou de sécheresse du cœur.

Durant ces deux ans de restrictions sanitaires nous avons vécu un va et vient dans nos relations.

Pour éviter de nous blesser ou de blesser les autres par une infection au coronavirus, nous avons dû consentir à bien des renoncements.

Beaucoup se sont isolés et privés de relations, de gré ou de force.  

Mais aujourd’hui, troisième dimanche de février, nous sommes heureux de nous retrouver dans cette église après la levée des restrictions.

Dieu seul connaît l’avenir. Confions-nous en lui!

Durant son ministère terrestre, Jésus n’a pas craint d’entrer en relation. Il l’a voulue, l’a cherchée, il est allé jusqu’au bout de la relation. Mortellement blessé, il a continué à aimer ceux qui lui faisaient du mal. Jésus, c’est Dieu qui entre par amour dans nos relations, pour les vivre avec nous et recevoir la blessure de la relation.

Avec les disciples sur le chemin d’Emmaüs, il prend à nouveau l’initiative de la relation. Comme d’ailleurs dans tous les autres récits d’apparitions après sa résurrection.

Le moins qu’on puisse dire est qu’il plutôt fraichement reçu par ses disciples sur ce chemin : air sombre des disciples après la question de Jésus : « De quoi discutiez-vous en chemin » ?  On devine leur grimace, expression non verbale de leur désapprobation.

On constate l’agressivité de la réponse de Cléopas, qui est plutôt de l’ordre de l’engueulade : « Es-tu le seul à Jérusalem qui ne sait pas ce qui s’est passé » ?

Visiblement ces personnes n’ont pas du tout envie d’entrer en relation.

Ce sont des attitudes blessantes. Mais Jésus ressuscité ne peut plus être blessé. Il veut la relation et on connaît la suite : la relation qu’il a cherchée débouche sur la joie.

Dans le récit d’apparition à Jérusalem qui suit le récit des pèlerins d’Emmaüs, nous voyons que Jésus garde les marques des blessures sur ses mains et ses pieds (Luc 24,40).

Après la résurrection, il les montre à ses disciples. Il se met à table avec eux pour manger du poisson. Il les envoie dans le monde pour qu’ils soient ses témoins, en leur donnant l’Esprit. Et finalement il les bénit (24,50). Que signifie pour nous d’être bénis par un Dieu aux mains transpercées ?

N’est-ce pas pour nous dire que nous n’aurons plus jamais à craindre de rencontrer les autres. Que nous pouvons aller dans tous les endroits avec cette ferme confiance, que si nous recevons une blessure, le Dieu qui a été lui-même blessé sera là pour nous accompagner.

Être béni par un Dieu qui est entré dans les relations jusqu’à vivre la blessure d’amour dans son corps, ne signifie-t-il pas que le plus important pour nous est de vivre les relations comme Jésus les a vécues ?

Toute notre vie est une suite de relations les uns avec les autres. Comme Jésus les a vécues en se donnant aux autres, nous avons à les vivre en cherchant à faire de chaque rencontre un chef d’œuvre.

Ah que nous relations sont fragiles !

Parfois nous provoquons la blessure de la relation et nous avons alors à demander pardon. Parfois elle ne dépend pas de nous et nous avons alors à offrir notre pardon

Jésus, lui, n’a commis aucune faute, mais a subi la plus grande des blessures. Celle de l’abandon sur la Croix

Si nous sommes blessés ou avons blessé, ne nous replions pas sur nous-mêmes. Ne restons pas dans la culpabilité, ni dans le ressentiment.

Tournons-nous vers Jésus et déposons nos blessures dans son cœur blessé.

Les disciples d’Emmaüs, puis ceux du cénacle de Jérusalem sont dans une grande joie après leur rencontre avec le Ressuscité.  Cette joie va les accompagner durant toute leur vie, même lorsque certains recevront la blessure du martyre.

C’est cette joie de la présence du Christ au milieu de nous, qui continue dans l’Église. La présence du Ressuscité au milieu de nous est constitutive de la vie de l’Église.

Elle est source de toutes les vocations aux différents services, aux ministères, à la vie communautaire ; elle renouvelle aussi toutes les structures. Sa présence est une lumière qui nous enveloppe et nous donne la force de réaliser sa volonté et de faire les pas en avant qu’elle nous demande.

Mais pour avoir cette présence du Ressuscité au milieu de nous, il faut une condition : celle de ne pas fuir nos relations, qui comportent toujours le risque de la blessure.

Si nous avons cette disposition de risquer la relation dans le nom du Christ, c’est-à-dire en étant prêt à donner quelque chose de nous-mêmes aux autres, alors la présence du Christ pourra se rendre manifeste.

Il agit, appelle et produit le retournement des cœurs. Tant qu’il est là, c’est la fête de Pâques, c’est la vraie Église.

L’Église est véritablement Église si Jésus est spirituellement présent, et il ne peut l’être que si, dans la foi et l’amour en lui, nous prenons le risque de la relation. Oui, prenons ce risque en faisant le premier pas, comme Jésus l’a toujours fait : 

« Aimons toutes les personnes que nous rencontrons durant la journée ; voyons Jésus en chacune ; aimons-les comme nous-mêmes ; aimons en premier comme l’a fait Jésus : alors que nous étions encore des pécheurs en opposition avec lui, il est venu sur cette terre pour nous. » (Chiara Lubich)

 

UNE PRIERE

Ce matin j’aimerais te prier avec cinq petits mots :

Merci, pardon, s’il te plaît, me voici, je t’aime

 

MERCI

Merci, Père pour ta création si belle et variée !

Merci pour la communion d’amour que tu vis

avec ton Fils et l’Esprit saint

et dans laquelle tu nous fait entrer !

Merci pour la confiance que tu mets en nous !

 

PARDON

Jésus, agneau de Dieu, blessé pour nous

aie compassion de nous.

Pardon d’avoir blessé la création,

notre prochain et nous-mêmes !

Sans ta miséricorde, que deviendrions-nous ?

 

S’IL TE PLAIT

Christ, ressuscité et vivant parmi nous,

tu pries avec et pour nous le Père.

S’il te plaît, viens et donnes ta lumière !

Pour les plus fragiles nous te prions,

comme pour les proches et les lointains.

 

ME VOICI

Esprit saint, qui pénètre tout,

Je veux être présent à toi et te dire :

Me voici !

Sonde-moi et connais mon cœur

et envoie-moi sur les chemins de la vie !

 

JE T’AIME

Père, Fils et Saint Esprit,

un seul Dieu béni éternellement,

je t’aime de tout mon cœur.

Que chaque je te le redise !

Que vienne bientôt ton règne !


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