Jesus arcabas

La triple venue du Seigneur

Bernard de Clairvaux a écrit un magnifique et célèbre texte sur les « trois venues du Christ ». Sa première venue parmi nous par son incarnation, sa naissance et sa vie humble est celle que nous célébrons durant le temps de l’Avent.

La deuxième sera sa venue en gloire à la fin des temps. Il appelle la troisième, « la venue intermédiaire » qui advient quand on vit sa Parole.

Ayant à l’esprit ce texte de Saint Bernard, j’ai écrit cette prière, suite à une lectio divina sur la parole de Jésus : « Je vous le dis, désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit, au nom du Seigneur, Celui qui vient » (Matthieu 23,39) :

En ce temps de l’Avent,

nous faisons mémoire de tes trois venues

et avec toi nous disons :

« Béni soit, au nom du Seigneur, Celui qui vient » !

Oui, béni sois-tu pour ta première venue,

par ton humble naissance et ta vie cachée,

par tes paroles de vie et tes gestes d’amour !

 

Béni sois-tu pour ta seconde venue

que nous attendons avec vigilance

où tu nous introduiras dans ton éternité !

 

Et béni sois-tu pour ta venue intermédiaire

quand nous réunissions en ton nom,

vivons ta Parole et partageons ton repas,

et te rencontrons dans les plus humbles !

 

SERMON DE SAINT BERNARD POUR L’AVENT

« Nous savons qu’il y a une triple venue du Seigneur. ~ La troisième se situe entre les deux autres. ~ Celles-ci, en effet, sont manifestes, celle-là, non. Dans sa première venue, il a paru sur la terre et il a vécu avec les hommes, lorsque — comme lui-même en témoigne — ils l’ont vu et l’ont pris en haine. Mais lors de sa dernière venue, toute chair verra le salut de notre Dieu et ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé. La venue intermédiaire, elle, est cachée : les élus seuls la voient au fond d’eux-mêmes, et leur âme est sauvée. Ainsi il est venu d’abord dans la chair et la faiblesse ; puis, dans l’entre-deux, il vient en esprit et en puissance ; enfin il viendra dans la gloire et la majesté. ~ Cette venue intermédiaire est vraiment comme la voie par laquelle on passe de la première à la dernière : dans la première le Christ fut notre rédemption, dans la dernière il apparaîtra comme notre vie, et entre temps il est notre repos et notre consolation.

Mais pour que personne ne risque de penser que ce que nous disons de cette venue intermédiaire est une invention de notre part, écoutez ce que dit le Seigneur lui-même : Si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui. Ailleurs j’ai lu en effet : Qui craint Dieu fera le bien. Mais je perçois qu’ici Jésus exprime quelque chose de plus en disant de celui qui l’aime : il gardera mes paroles. Mais où les gardera-t-il ? — Dans son cœur, sans aucun doute. Comme le dit le prophète : Dans mon cœur je conserve tes ordres pour ne point faillir envers toi. ~

Voici comment il te faut garder la parole de Dieu : Heureux, en effet, ceux qui la gardent. Qu’on la fasse donc entrer dans ce qu’on peut appeler les entrailles de l’âme ; qu’elle passe dans les mouvements de ton cœur et dans ta conduite. Consomme ce qui est bien, et ton âme y trouvera avec joie de quoi s’y nourrir largement. N’oublie pas de manger ton pain pour ne pas laisser ton cœur se dessécher ; de bonne et grasse nourriture rassasie ton âme.

Si de la sorte tu t’es mis à garder en toi la parole de Dieu, nul doute qu’elle ne te garde aussi. Le Fils viendra à toi, avec le Père ; il viendra, le grand prophète, qui rétablira Jérusalem ; c’est lui qui fait toutes choses nouvelles. Voici en effet ce qu’accomplira sa venue : alors, de même que nous sommes à l’image de l’homme pétri de terre, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. Comme le vieil Adam s’est répandu à travers l’homme tout entier et y a pris toute la place, de la même manière il faut que le Christ occupe toute la place, lui qui a créé l’homme dans sa totalité, qui le rachète intégralement et le glorifie dans son entier ». (Sermon pour le premier dimanche de l’Avent)


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