Luigi le Berger

Je suis le bon berger. Le bon berger est prêt à donner sa vie pour ses brebis. (Jean 10.11)

Quel est le plus vieux métier du monde ? Berger ! Abel, le fils d’Adam et d’Eve était berger. Après lui Abraham, Isaac et Jacob, Moïse, David et Amos ont tous été bergers. Le berger était un personnage familier aux auditeurs de Jésus. Vous sortez des villes et des villages, et vous les rencontriez au milieu de leur troupeau. Comme aujourd’hui encore dans cette terre sainte défigurée.

 Sur mon chemin vers Saint Loup, je vois parfois un troupeau de moutons qui broute l’herbe. Mais je n’ai jamais vu le berger.

A l’époque de Jésus, le berger appartenait au contraire à la vie quotidienne. Il servait d’image pour les responsables de peuples. Les prophètes les comparent à de mauvais bergers. A l’inverse Dieu est le bon berger pour les Psaumes (23 et 78).
Les prophètes en avaient fait un symbole du messie. Le sauveur promis devait être roi, mais aussi berger et guide.
Jésus vient et il affirme avec audace : Je suis le bon berger, revendiquant à la fois un titre divin et messianique. Il souligne les qualités du vrai berger.
Nous appelons volontiers pasteurs ou bergers les ministres du culte. A vrai dire ce titre, comme tous les autres, ne convient qu’à une seule personne. Un seul peut prétendre à être le bon pasteur.
Tout l’art du ministère est de vivre et agir de telle manière que Jésus puisse vivre et agir au milieu de nous. C’est lui le vrai pasteur, comme il est le serviteur, le prophète, l’évêque, l’enseignant et le médecin.
Pourquoi s’appelle-t-il « Bon berger » ? Quelles sont ses qualités ? J’en vois trois à partir de ce texte. Acceptez que nous y réfléchissions maintenant.

Jésus est Bon berger, parce qu’il aime.
Jésus connaît ses brebis par leur nom. Qu’un armailli donne un nom à chacune des génisses de son alpage ? Passe encore. Mais avez-vous déjà vu un berger appeler tous ses ovidés par un mot affectueux ? Voilà qui nous dépasse.
Pourtant c’est bien ce que Jésus fait avec nous. Il nous connaît par notre nom, c’est à dire dans notre être profond. En termes génétiques, on pourrait dire qu’il connaît chaque cellule du corps. Chacune contient six milliards d’éléments génétiques, dès l’instant de la conception. Aucune information ne vient s’y ajouter, aucune n’est perdue. (Werner Arber) Autre manière de dire que Jésus connaît notre valeur unique et irremplaçable.
Mais il y a plus. Dans la Bible connaître signifie aimer. Jésus nous aime totalement, individuellement, gratuitement. Nous sommes pour lui comme la prunelle de ses yeux, non des brebis destinées à la viande de boucherie.
Parce que Jésus aime, il appelle chacun de ses disciples par leur nom après sa résurrection : Marie, Pierre, Thomas. Ils avaient les portes de leur coeur fermées par la peur, le remords, la colère, le doute et la tristesse. Il les ouvre, les fait sortir de l’enclos qui les enfermait, leur donne sa liberté.
Sa voix n’inquiète pas, ni ne veut maîtriser les autres. Le bon berger a une voix qui appelle à l’amitié et la confiance. Nous avons besoin d’entendre cette voix de fraternité.

Jésus est Bon berger, parce qu’il partage la vie de ses brebis.
Comment ? Il couche dans la bergerie. Il porte sur lui l’odeur du troupeau. Il vit la condition de ses brebis, ne craignait pas d’abandonner la sienne. C’est Lui le Messie, qui partageait la gloire divine et qui s’est tellement abaissé que nous le rencontrons au creux de toutes nos détresses. (Philippiens 2).
Il y a quelques années un théologien a écrit un livre intitulé « fonctionnaires de Dieu » (E. Drewermann). Livre virulent contre les calculs d’épiciers auxquels peuvent se livrer des clercs soucieux de leurs privilèges.
Jésus n’a pas été un fonctionnaire. J’espère ne pas l’être trop ! Jésus a été un berger de « proximité », selon un mot à la mode. Il lui en a coûté d’être disponible à chaque minute. Stress, nuits courtes, visites impromptues. Il laisse la porte de son coeur toujours ouverte à qui l’approche, afin que nous ouvrions la porte de notre maison à celui qui y frappe.
Il nous donne cet exemple afin que nous soyons bergers les uns des autres. Cela veut dire prendre soin les uns des autres. Partager la vie, les préoccupations, les soucis ou les joies de chacun qui vient à notre rencontre.
Et je pense à tous ceux et celles, qui sans porter de robe pastorale ou de col romain, visitent les isolés et les malades.
Bref, comme l’écrit Pierre : « le Christ lui-même a souffert pour vous; il vous a laissé un exemple afin que vous suiviez ses traces »

Jésus est Bon berger, parce qu’il donne sa vie
A cinq reprises, le texte de Jean dit que la qualité essentielle du bon berger c’est de « donner sa vie ». En somme c’est l’essentiel de ce que fait un bon berger : il est prêt à donner sa vie pour ses brebis. Alors que le mercenaire s’enfuit quand vient le danger, le loup.
Jésus dira en parlant de lui : « Nul n’a d’amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu’il aime. » (Jean 15.13)
Son amour a un caractère oblatif, c’est-à-dire qu’il est prêt effectivement à offrir, à donner sa vie.
Pour montrer son amour, Jésus ne s’est pas limité à une certaine compréhension des autres, à une certaine tolérance, à un intérêt pour leurs souffrances ou à essayer de porter leurs peines. Non, il a été beaucoup plus loin.
Son amour est quelque chose de beaucoup plus profond, de plus radical. Pour montrer son amour, il a donné sa vie humaine sur une croix. C’est le prix très cher que le bon Berger a payé pour acheter son troupeau.
Comme bon berger, il a donné sa vie afin que ses brebis vivent vraiment, trouvent le chemin vers les verts pâturages.
Ces pâturages sont arrosés par le cours d’eau qui prend sa source à l’arbre de la croix.
Ce sont les eaux de notre baptême, qui jaillissent de cette source cachée afin que nous ayons la vie en abondance.
Je suis le bon berger. Le bon berger est prêt à donner sa vie pour ses brebis. Comment vivre cette phrase ? Jésus nous demande-t-il quelque chose de semblable ? D’aimer avec la mesure de son amour, de devenir des bons bergers les uns pour les autres ? C’est-à-dire non seulement d’être bienveillant les uns envers les autres, mais d’aller jusqu’à mettre notre vie en jeu…ou, si l’on veut être plus « soft » de me priver de quelque chose pour l’autre
Chaque fois que nous sommes en contact avec quelqu’un, par un coup de fil, une lettre, une visite, un service qui nous lui rendons ou dans notre travail de chaque jour, voici une question que nous pouvons nous demander : « Suis-je prêt à donner ma vie pour lui ? » Essayons ! Commençons maintenant et à la sortie de cette Eglise. Notre vie spirituelle fera un bond de qualité.
Et si nous n’y arrivons pas. Recommençons tout de suite dans l’instant suivant. Le prochain que Dieu met sur notre chemin ne manquera pas. Alors à travers nous retentira aussi la voix du bon berger, qui veut rassembler autour de lui des gens de toute la terre.

Prière 

Comment es-tu le bon berger de cet immense troupeau
qu’est ton Eglise ? Par ta Parole !
Par elle tu conduis et guéris, relèves et libères.
Tu l’as prononcée définitivement par toute ta vie.
Et tu nous la redis sans cesse
avec des attentions personnelles et infinies.
Ta Parole est la nourriture de nos âmes,
la consolation de nos cœurs,
la lumière de nos yeux,
la force de notre service.

Dans ce moment de silence,
fais-nous la grâce, toi le bon Berger,
de nous laisser appeler par ta voix,
pardonner par ta grâce,
relever par ta résurrection
et envoyer par ton Esprit !

 


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