portail peint

« Et moi, je ne le connaissais pas » !

Jean Baptiste entre Moïse et Syméon sur le portail peint de la cathédrale de LausanneJean le Baptiste déclare au sujet de Jésus : « Il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas » (Jean 1,26). Puis à deux reprises en l’espace: « Et moi, je ne le connaissais pas » (1, 31 et 33). Comment est-ce possible ? Même Jean, le plus grand des prophètes selon le Nouveau Testament, ne connaît pas Jésus!

L’affirmation pourrait paraître peu crédible, puisque les Évangiles nous présentent Jean et Jésus comme ayant le même âge et étant de la même famille.

Mais n’est-ce pas une bonne nouvelle pour chacun d’entre nous et pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui ?

Si même Jean a eu de la peine à croire en Jésus et à le connaître en vérité, lui qui était pourtant si proche de lui, à combien plus forte raison cela sera-t-il difficile pour nous ? Voire impossible !

Comme on peut comprendre toutes les objections actuelles contre la personne de Jésus !

  

Et toi le connais-tu ?

Et toi, le connais-tu, ou as-tu l’honnêteté de dire, comme Jean : « Et moi, je ne le connaissais pas » ?

Il y a tant d’idées sur Jésus. Quelle est la bonne, quelle est la vraie ?

Est-il vraiment le Fils de Dieu, a-t-il vraiment été conçu dans le sein de la vierge Marie, est-il vraiment ressuscité, est-il vraiment celui qui baptise de l’Esprit saint, se donne-t-il vraiment à nous dans la sainte cène ?

Récemment j’ai lui une enquête aux Etats Unis concernant la résurrection de Jésus. Dans les Eglises réformées libérales 70% des fidèles y croient mais seuls 53% des pasteurs la confessent, tandis que dans les Eglises confessantes la proportion de ceux qui croient en la résurrection est beaucoup plus grande. Eh bien, les premières Eglises décroissent rapidement et les secondes grandissent !

Je pense que si l’on faisait une telle enquête dans nos Eglises réformées en Europe, on aurait sans doute les mêmes résultats.

En tout cas, cela serait intéressant de faire une telle enquête ! Tiens, je pourrais la proposer à l’Institut de sociologie de la religion de l’Université de Lausanne ! 

Je me souviens d’ailleurs d’un colloque sur ce thème de la résurrection à la faculté de théologie de Lausanne où une pasteure a ouvertement proclamé son incroyance en affirmant que les ossements de Jésus devaient se trouver quelque part en Palestine. Comment cette pasteure connaissait-elle Jésus ?  

 

Crise de foi

La crise actuelle de l’Eglise n’est-elle pas d’abord une crise de la foi, et plus particulièrement, celle des pasteurs ? 

Mais que s’est-il donc passé dans ces Eglises réformées par la Parole de Dieu, alors que nous commémorons l’année anniversaire de la Réformation ?

La Réformation a remis le Christ de l’Ecriture au centre, mais au cours du temps elle a ajouté beaucoup de superstructures. Si bien qu’aujourd’hui une nouvelle réformation est nécessaire, afin qu’à nouveau le Christ, le seul fondement apparaisse à nouveau clairement, dégagé de tout le fatras idéologique qui le neutralise.

 

Un nécessaire voyage intérieur

Pour en revenir à Jean le Baptiste, celui-ci ne connaissait pas le véritable visage de Jésus : celui du Messie et du Sauveur. Il a dû faire tout un chemin intérieur pour le reconnaître tel qu’il est.

Parfois, pour certains, ce chemin dure de longues années. Peut-être aujourd’hui, cette pasteure qui avait ses idées particulières sur la résurrection a-t-elle fait ce voyage ? Je l’espère pour elle et aussi pour les paroissiens dont elle a la responsabilité.

Mais j’ai aussi connu des pasteurs, qui après leur retraite, révèlent au grand jour leur incroyance. L’âge ne fait rien à l’affaire. Les convictions même se durcissent et il devient quasiment impossible de changer intérieurement.  C’est ainsi que récemment un collègue retraité m’a dit qu’il n’a en fait jamais cru que Dieu existait. Il faudrait un véritable ébranlement personnel pour ce pauvre homme se convertisse ! Mais à Dieu rien n’est impossible et il peut donner la grâce de la conversion même à un vieux pasteur endurci ! Merci de prier pour lui! D’ailleurs tous les pasteurs et autres ministres ont besoin de vos prières, car il n’est pas plus facile pour eux de connaitre Jésus tel qu’il est vraiment! 

En fait, pour connaître l’autre, que ce soit Dieu ou notre prochain, un voyage intérieur est nécessaire. Ce voyage s’appelle métanoïa, un mot grec signifiant conversion, repentance, changement de mentalité et de comportement.

En vérité, et cela est encore plus clair dans ce passage de l’Évangile, c’est Jésus qui vient à la rencontre de Jean le Baptiste, comme il vient à la rencontre de chacun de nous. Pour que l’impossible devienne le possible de la foi, il faut que le Christ lui-même prenne l’initiative, frappe à notre porte et nous appelle avec force et persévérance. Mais il attend notre libre réponse, car il n’entre jamais par effraction!

L’autre, nous croyons de connaître, mais souvent nous en avons fait une caricature. C’est pourquoi, il faut chaque matin prendre la résolution de le rencontrer comme si cela était la première fois.

Ainsi en va-t-il de Jésus. Je crois le connaitre, mais est-ce que je le connais vraiment ? Peut-être que l’aveu de Jean Baptiste doit aussi devenir le mien :  « Et moi, je ne le connaissais pas » ?

 

Connaître, c’est « naître avec »

Mais que veut dire « connaître » ? Connaître signifie, étymologiquement, « naître avec ». Pour connaître qui est véritablement Jésus, nous avons besoin de naître à une nouvelle relation avec lui. C’est découvrir qu’il est vivant au milieu de nous. Lorsque je le connais de cette manière, je nais avec lui , le Ressuscité, à une vie nouvelle.

Pour expérimenter cette nouvelle naissance, nous avons besoin, comme le dit Jean-Baptiste, d’être baptisé dans l’Esprit saint. Lui seul peut nous faire naître à une vie nouvelle, ôter les doutes de notre esprit, saisir notre être de la réalité de la vie de Jésus ressuscité.

Le baptême dans l’Esprit, c’est ce qu’a vécu Jean. L’Esprit l’a visité en même temps qu’il s’est manifesté au moment du baptême de Jésus. Il lui a donné de connaître Jésus tel qu’il est véritablement.

Nous avons besoin de passer d’une connaissance superficielle et factuelle à la confiance du cœur. Connaître Jésus, ce n’est pas seulement savoir des choses sur Lui (cela le diable peut le faire),  mais nous abandonner à Lui corps, âme, esprit et bien (cela le diable refuse de le faire de toutes ses forces et veut nous entrainer dans ce refus).

 

 Le connaître comme colombe et agneau

 Le connaître, c’est donc d’abord le connaître comme colombe. Nous avons besoin que la colombe nous visite et nous prenne avec elle dans son envol.

Dans sa découverte de Jésus, Jean parle d’un autre animal : l’agneau. Connaître Jésus tel qu’il est pour nous, c’est le découvrir comme colombe et agneau. Comme colombe qui nous baptise du feu de l’Esprit saint et comme agneau qui enlève le péché du monde.

Comment le connaître comme agneau ?

D’abord c’est un chemin de pardon, de simplicité et d’humilité : Venir à Jésus comme agneau de Dieu c’est lui dire notre péché pour qu’il nous pardonne et nous libère, car il a pris sur la croix toutes nos fautes sur lui.

Puis c’est un chemin de foi, où nous nous tournons vers Jésus pour reconnaître en Lui, celui que Dieu a choisi pour nous conduire à la vie, car il est le Vivant qui libère la Vie.

Jean-Baptiste a fait ce cheminement intérieur : Il dit de Jésus « Voici l’agneau de Dieu»« Je témoigne qu’il est l’Elu de Dieu ».

Ce cheminement est l’expérience religieuse de tout croyant. Dans la vie de chacun, le moment vient où le Seigneur qu’il ne connaissait pas de l’intérieur, est enfin connu et aimé.

Or cet instant où les yeux s’ouvrent est le résultat de tout un cheminement intérieur qui est fait, d’une part, de lutte contre son propre orgueil et son autosuffisance, d’autre part, d’écoute des Écritures, de prière communautaire et personnelle, de pratique de l’amour envers les plus pauvres et aussi de l’aide d’un frère ou d’une soeur qui soient pour nous des témoins convaincants de la paternité du Seigneur.

Oui, s’il vous plaît, prenez chaque jour un moment avec Jésus, en lisant les évangiles ! En les méditant, nous nous imprégnons de ses paroles, de son style de vie, de ses réactions. Nous le connaitrons ainsi de mieux en mieux.

Celui qui doute, mais qui persévère sur ce chemin en cherchant le Seigneur, parviendra à l’heure où les yeux de son cœur s’ouvriront pour reconnaître en Jésus le Seigneur de sa vie.

Lui aussi, alors, comme Jean Baptiste, pourra lui rendre témoignage devant les hommes.

Seigneur,

Je ne t’aurais pas cherché si tu ne m’avais pas d’abord trouvé.

Je ne t’aurais pas rencontré si tu n’avais pas fait le premier pas.

Je ne t’aurais pas connu si tu n’avais pas ôté le voile de mes yeux.

Je ne t’aurais pas aimé si tu n’avais pas versé ton amour dans mon cœur.

Je ne t’aurais pas servi si tu ne m’avais pas lavé les pieds.

Je ne t’aurais pas suivi si tu ne m’avais pas appelé.

Je n’aurais pas témoigné de toi si tu ne m’avais pas transformé.

Je n’aurais pas pris soin de mon prochain, si tu ne m’avais pas guéri.

Seigneur, béni sois-tu pour ton Esprit qui accomplit ces merveilles !

Baptise-moi chaque jour et chaque heure en Lui

Pour que je te cherche et te rencontre, de connaisse et t’aime,

Te serve et te suive, témoigne de toi et prenne soin de mes frères !


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