Celebration parole Lausanne

Une fraternité retrouvée à travers la diversité. Les célébrations de la Parole à la Cathédrale de Lausanne.

Lors de la rencontre « Ensemble pour l’Europe », à Munich, Guy Barblan et moi même avons participé à un Forum sur la réconciliation entre Eglises. Nous avons présenté l’expérience des célébrations oecuméniques de la Parole à la cathédrale de Lausanne. G. Barblan a développé la dimension artistique (30 juin 2016)

Fellowship found through diversity. Services of the Word at the Cathedral of Lausanne. PDF in english

Eine wiedergefundene Geschwisterlichkeit durch die Verschiedenheit. Die Feier der Wortgottesdienste in der Kathedrale von Lausanne. PDF in deutsch

Depuis, quelques années, nous faisons l’expérience que Dieu nous rassemble et nous unit, mais il ne nous nivelle pas. Nous le vivons en particulier lors des célébrations de la Parole à la cathédrale de Lausanne, où, chaque premier dimanche mois, nous pouvons prier ensemble.

La Communauté des Eglises chrétiennes dans le canton de Vaud (CECCV) y a invité ses vingt Eglises membres et bien d’autres. Elles appartiennent aux diverses familles protestante, catholique, orthodoxe, évangélique-pentecôtiste. Mais y participent également plusieurs Eglises issues des la migrations, des mouvements, des communautés et des œuvres ecclésiales. Dès 2004, plus de 100 célébrations nous ont rassemblés dans ce lieu.

Frère Alois, le prieur de Taizé, a écrit au sujet de ces célébrations : « Pour y avoir participé à plusieurs reprises, nous les frères de Taizé, nous savons combien votre initiative de célébrations de la Parole à la Cathédrale de Lausanne est précieuse pour aider les chrétiens à cheminer ensemble vers l’unité. Nous retrouver ensemble en présence de Dieu dans l’écoute de sa Parole, le silence et la louange, c’est déjà anticiper une unité. A travers une prière toute simple, l’Esprit Saint déjà nous unit. Humblement, dans une telle prière, nous apprenons à appartenir les uns aux autres. Et cela permet sans doute aussi au dialogue théologique d’avancer ».

Ces célébrations sont préparées à tour de rôle par une Eglise. Parfois plusieurs Eglises se mettent ensemble ou encore des mouvements ou des communautés. Toutes les Eglises et communautés sont invitées à y assister.
Tous les trois ans nous avons une grande célébration qui remplit la cathédrale. En septembre 2010, nous nous sommes rassemblés sur le thème « Ensemble et divers ». Pour l’illustrer un vitrail mobile a été monté ; il s’agit de 25 pièces composées chacune des sept couleurs de l’arc en ciel mis en place par autant de responsables des Eglises, communautés et mouvements. Une manière très parlante de signifier un appel à la communion entre les Eglises et les mouvements.

Vers une diversité vraiment réconciliée.
Durant ces célébrations, nous avons découvert notre diversité et nous nous en réjouissons. C’est l’occasion très concrète de connaître les différentes manières de prier et de communiquer la Parole de Dieu. Donner cet espace aux communautés et mouvements est aussi une manière de les reconnaître et d’apprécier leur contribution.
Je crois que Dieu aime autant la diversité que l’unité. Il a donné une extraordinaire diversité spirituelle à son peuple. Ces célébrations sont un bel apprentissage oecuménique ; elles nous encouragent à ne pas avoir peur de ce qui est différent, à ne pas nous replier sur nous-mêmes, ni à juger. Mais elles nous stimulent à rendre grâce pour tous les dons accordés aux autres, dons qui ne cessent de nous enrichir.

Oui nous avons vraiment été enrichis par la découverte de la prière des autres Eglises, comment elles lisent et comprennent la Parole de Dieu. La réconciliation entre Eglises commence par cette démarche.
Toutefois nous avons senti qu’il y a eu et il y a encore entre nous des frontières, des murs, des incompréhensions, des blessures. C’est pourquoi notre expérience de communion a été marquée dès ses débuts par un sens profond de repentance et de désir de pleine réconciliation avec le Seigneur et entre nous. Durant trois célébrations nous avons pris un engagement « à nous laisser conduire par le Saint-Esprit… dans une attitude de repentance et d¹humilité ».
Ce sens de la repentance continue à nous accompagner pour que nous cheminions vers une diversité vraiment réconciliée. Mais déjà, à partir de notre modeste expérience, nous découvrons ce que pourrait être le peuple de Dieu :
• Un peuple dans la diversité et l’unité.
• Un peuple où les responsables des Eglises collaborent entre eux et avec les œuvres, les communautés, les groupes et les mouvements.
• Un peuple de ministres et de laïcs, d’hommes et de femmes, de jeunes et de personnes âgées.

Transformations
La prière et témoignage communs transforment la perception que nous avons des autres Eglises. C’est l’expérience que nous faisons lors de ces célébrations de la Parole. A l’écoute de la même Parole, visités par le même Seigneur vers lequel nous nous tournons ensemble, nous apprenons à nous appartenir les uns aux autres. Et nous découvrons que ce qui nous unit est tellement plus fort que ce qui nous sépare.
Nous savons aussi que la Parole de Dieu crée un lien entre communautés. Plus nous la vivons, plus nous serons unis. Après l’avoir prié ensemble, nous nous retrouvons pour « la liturgie après la liturgie ». La prière nous pousse vers des relations plus fraternelles.
Et dans la prière naissent aussi d’autres initiatives. Le Seigneur est présent dans ces moments et ouvre nos cœurs et nous tire en avant. C’est ainsi que son nés des pèlerinages œcuméniques, des rencontres de dialogue théologique, des initiatives d’évangélisation, une « Nuit des Eglises », un concours artistique, des publications , etc.

La fraternité retrouvée
Dans son dernier livre sur le Notre Père (Vous donc priez ainsi, Bayard, Paris, 2011), le Groupe des Dombes, un groupe francophone de dialogue théologique entre protestants et catholiques, propose un itinéraire de conversion à partir de cette prière. Prier ensemble le même Père nous conduit à nous reconnaître frères et soeurs : « la proclamation d’une même paternité oblige les chrétiens à prendre conscience des exigences fraternelles qu’elle implique », écrit -il
Une fraternité retrouvée, voici le grand acquis du pèlerinage œcuménique du siècle dernier. C’est ce que notait déjà le pape Jean-Paul II, il y a bientôt 20 ans dans son encyclique sur l’unité (Ut unum sint).
Nous sommes heureux d’apporter, à Lausanne, notre modeste pierre à la construction de cette fraternité retrouvée.

La place des arts dans l’Eglise comme moyen de vivre l’unité, la réconciliation, pour proclamer et louer Dieu.
Guy Barblan
A plusieurs reprises, lors de célébrations œcuméniques à la cathédrale de Lausanne, nous avons pu vivre l’expérience de l’unité au travers du chant principalement, mais aussi par le biais d’autres expressions artistiques telles que la danse, la sculpture, ou la peinture.
Lorsque le peuple de Dieu se rassemble pour le louer et l’adorer, les formes artistiques peuvent être des sujets de division, au même titre que la diversité de nos liturgies, mais nous avons pu vivre une dynamique tout autre, dans la préparation des chants avec la chorale par exemple, car alors, la diversité amenée par l’autre fut un enrichissement autant spirituel qu’artistique.
Nous pouvons avoir une attitude protectionniste, qui dénote un manque d’assurance en soi et une crainte de l’autre. Si, au contraire, nous venons avec une ouverture, un désir de découvrir, alors l’autre devient richesse pour nous.

Notre rôle n’est plus de protéger un territoire, d’être les garants d’une forme artistique unique, juste, qui convienne (selon quels critères ?), mais bien plus d’encourager les échanges, afin de créer une œuvre commune composée de belles couleurs qui, comme dans un vitrail, vont permettre à la lumière de l’Esprit de passer au travers, et de produire ainsi un bel éclat. Je pense que, lorsque nous nous limitons à une expression artistique fermée, nous agissons comme un barrage, qui empêche l’eau d’arroser toute la plaine.

Nous avons organisé, en 2014 un concours artistique avec, pour thèmes : « Unité de l’Eglise – Unité de l’humanité » et « Beauté de Dieu – Beauté du monde ». Deux disciplines à choix: composer un chant, ou proposer une œuvre picturale. Plus de 50 personnes ont participé à ce concours. Nous avons ensuite pu exposer les œuvres dans la cathédrale durant 1 mois, et plusieurs des chants furent interprétés durant une grande célébration, sous la direction des compositeurs. Pour les choristes, ce fut très enrichissant d’être conduit par ces compositeurs. La célébration fut une expérience inoubliable, pleine de richesses et de diversités. Le peuple de Dieu était rassemblé, jeunes et vieux (les lauréats avaient entre 5 et 80 ans), pour le louer et le proclamer. Je me souviens toujours de ce touriste qui, alors que nous accrochions les tableaux, voulait absolument m’en acheter un.
Sachons ouvrir nos yeux à la beauté de la création, et laissons-nous enrichir par la diversité de ces expressions artistiques, même si parfois elles nous surprennent. Dieu inspire, avec Sa diversité.


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