Surmonter les divergences dans la foi et l’organisation des Églises

L’évêque Charles Henri Brent, premier président de Foi et Constitution

Cette page propose une histoire de quelques dialogues sur les questions de foi et d’organisation de l’Eglise. J’ai sélectionné le mouvement Foi et Constitution qui est le plus ancien sur cette question, mais limité au début aux Eglises protestantes et orthodoxes. Puis l’entrée de l’Eglise catholique dans ces dialogues, avec, au commencement les « Conversations de Maline ». Entrée qui sera officialisée par le Concile Vatican II. Je parlerai aussi du Groupe des Dombes, un des premiers groupes de dialogue théologique dont l’activité remonte à avant la deuxième guerre mondiale.

A. Foi et Constitution

Charles Brent et l’origine de Foi et Constitution

Profondément marqué par les divisions des Églises dans les Philippines, où il est évêque de l’Église épiscopale, Charles Henri Brent participe à la Conférence sur la mission d’Edinburgh. Là, il a la vision que l’on ne doit pas seulement discuter des questions missionnaires ou sociales, mais aussi de théologie.A son retour aux USA, il suggéra à son Église qu’une « Conférence sur la Foi et la Constitution des Églises » soit organisée. 

Voici l’appel du premier livret de Foi et Constitution en 1910 : « Que toutes les Églises chrétiennes qui confessent Jésus-Christ, notre Seigneur, comme Dieu et Sauveur, soient invitées à une conférence touchant aux questions de « foi et d’organisation des Églises. »

Définissons les termes « Foi » et « Constitution » et voyons le but de ce mouvement:

Foi : Il s’agit du contenu de la foi. La « Fides quae creditur », ou la foi apostolique.

Constitution : Order en anglais, Kirchenverfassung en allemand. Il s’agit de l’organisation des Églises, leur structure ministérielle.

Une affirmation : « L’Église ne peut être divisée…car elle s’identifie avec le Corps indivisible du Christ »

Un but : « Affirmer l’unité de l’Église de Jésus-Christ et appeler les Églises au but de l’unité visible ».

1920, Une année charnière avec

La Conférence préparatoire de Foi et Constitution, Genève.

70 Églises de 40 pays se rassemblent et C. Brent préside sur le thème : « La signification de l’Église et ce que nous entendons par Unité »

…et l’Encyclique du Patriarcat oecuménique

Elle est un « Appel aux Églises de partout » à « une étude historique impartiale et plus profonde de nos différences doctrinales » et à former une « Ligue (koinonia) entre les Églises ».

Selon Visser’t Hooft, elle est « Une initiative sans précédent dans l’histoire de l’Église » (The Ecumenical Movement, an Anthology of Key Texts, p. 11-14)

1927, première conférence mondiale, Lausanne

C.H. Brent en est le président et il voit l’accomplissement de sa vision. Il revient en 1929 à Lausanne et y meurt. Pour l’anecdote: sa tombe se trouve à Lausanne…à côté de celles du baron Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux Olympiques et de Coco Chanel!

Durant cette conférence se vit la première rencontre entre protestants et orthodoxes.

L’Église catholique décline l’invitation avec cet argument : « Nous n’avons pas besoin d’un mouvement oecuménique. L’Église une est manifestée dans l’Église catholique. Retournez à Rome ! »

Les thèmes discutés sont :

1) L’appel à l’unité

2) Le message de l’Eglise au monde : l’Evangile

3) La nature de l’Eglise

4) La commune confession de la foi de l’Eglise

5) Le ministère de l’Eglise

6) Les sacrements

7) L’unité de l’Eglise et les Eglises existantes.

Ces thèmes resteront « classiques » dans le dialogue œcuménique.

La Méthodologie mise en œuvre est une ecclésiologie comparative (On découvre ce qu’est l’autre Église, les ressemblances et les différences).

Le texte le plus important est « Le message de l’Église au monde : l’Évangile ». (L. Visher, Foi et Constitution, Neuchâtel, 1968, p. 29s)

Le 75e anniversaire de la première assemblée de Foi et Constitution, Lausanne, août 2002

Conférences de Foi et Constitution.

Lausanne, 1927, Edinburgh, 1937, 1948 : intégration dans le Conseil oecuménique des Eglises (COE), Lund 1952, Montréal 1963, Saint Jacques de Compostelle 1993.

La prochaine conférence en octobre 2025, pour les 1700 ans du Concile de Nicée, en Egypte

Les deux documents principaux sont:

« Baptême, eucharistie, ministère » (BEM, 1982), le document le plus largement diffusé du COE

et « L’Église, vers une vision commune » (2013).

Acte symbolique durant la célébration du 75e anniversaire de Foi et Constitution : les autorités des Églises soulèvent ensemble une pierre de la cathédrale de Lausanne.

B. Conversations de Malines : premiers pas d’un dialogue entre l’Eglise anglicane avec l’Église catholique.

Dans l’Église anglicane, les thèmes quadriennaux de Lambeth (1888) ont affirmé que pour l’unité chrétienne il est nécessaire de se mettre d’accord sur :

        – La signification des Écritures

        – Les sacrements institués par le Christ

        – Les deux confessions de foi, qui résument la foi chrétienne

        – L’épiscopat dans la succession historique.

Ceci est suffisant pour l’unité chrétienne, du point de vue anglican.

Voici les étapes de ce dialogue :

– 1889 : De l’amitié, à Madère, entre Lord Halifax (anglican) et l’abbé Fernand Portal naît un grand dessein : la vision de la réconciliation des deux Églises. De l’amitié spirituelle naissent de grandes choses.

– 1894 : « Avec quelle joie je chanterais mon Nunc dimittis si je pouvais faire la plus petite des choses pour commencer une telle réunion », affirme Léon XIII au père Portal. Mais en 1896, il déclare les ordinations anglicanes « absolument vaines et entièrement nulles ».

– 1920 : L’Appel de Lambeth (anglican) : « Nous croyons que le temps est venu où tous les groupes séparés doivent s’accorder pour oublier tout ce qui s’est passé et tendre vers le but d’une Église catholique réconciliée ».

– 1921-1926 : Le cardinal Mercier, archevêque de Malines (BE) accueille Halifax et Portal et offre son archevêché comme lieu de rencontre pour des entretiens privés entre catholiques et anglicans.

– 1925 : Dom Lambert Beauduin, ami du C. Mercier, fonde le prieuré des moines de l’Union, dont la vocation est de « préparer l’unité hiérarchique et visible, humainement encore lointaine, par l’unité spirituelle des esprits et des cœurs. » Il écrit un mémoire sur « l’Église anglicane unie, mais non absorbée ».

  1. Le groupe des Dombes

Sur l’initiative en 1937 de l’abbé Couturier et du pasteur bernois Richard Bäumlin, un groupe de théologiens (aujourd’hui une quarantaine) catholiques et protestants cooptés se réunissaient au début de son activité dans l’Abbaye Notre Dame des Dombes.

Aujourd’hui le groupe se réunit dans un autre monastère, celui de Pradines, mais a gardé son nom d’origine.

Le groupe de Dombes en 2024

Publications : Vers une même Foi eucharistique (1971) ; Pour une réconciliation des ministères (1972) ; Le ministère épiscopal (1976) ; Le ministère de communion dans l’Église universelle (1985) ; Pour la Conversion des Églises (1991) ; Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints (1997-1998) ; L’autorité dans l’Église (2005). Le Notre Père (2011), La Catholicité (2023).

Pour son histoire, voir : http://www.groupedesdombes.org

D. Les dialogues théologiques entre Églises

Toutes les confessions et communions mondiales d’Églises sont en dialogue les unes avec les autres. Au lendemain de Vatican II, l’Église catholique a initié de nombreux dialogues théologiques.

Récemment les Églises évangéliques et pentecôtistes ont également initié des dialogues. Voir la page ici pour ces divers dialogues

Pour une introduction à l’œcuménisme, consulter aussi : « Histoire et dimensions de l’oecuménisme »


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