« Donne-moi un cœur qui écoute » ! Prier avec les perles vertes de l’écoute 

Si la question posée par la perle du cœur est « comment est-ce que je prends soin de mon cœur » ? la question avec la perle verte de l’écoute est « Comment est-ce que j’écoute » ? 

Les perles longilignes vertes marquent une pause, un silence d’écoute dans la prière. C’est un temps d’écoute profonde, où je me laisse rejoindre par Jésus, me laisse traverser sa vie. Écouter en profondeur la Parole, mon cœur, l’autre, l’Esprit. 

« Donne-moi un cœur qui écoute » !

Une des plus belles prières de la Bible est celle de Salomon qui a demandé à Dieu : « Donne-moi un cœur qui écoute ! » (« Lev shoméá » en hébreu, 1 Rois 3,9). Cette écoute est le secret de « la joie parfaite et imprenable ». (Jean 16,24). Une joie qui se trouve justement dans ce « cœur qui écoute » la Parole de Dieu. Et qui non seulement l’écoute, mais la vit et la met en pratique. Marie est un modèle de cœur qui écoute, elle qui méditait dans son cœur toutes les paroles qu’elle entendait (Luc 2,51). 

Cette prière de Salomon a plu à Dieu : demander un cœur qui écoute, c’est désirer accueillir la voix de Dieu et se mettre pleinement à sa disposition. Savoir écouter est le don des dons, la chose la plus précieuse. Notre vie change quand nous avons vraiment été écoutés.

Sur le bracelet de méditation des « Perles du cœur », les deux perles de l’écoute qui entourent la perle du cœur rappellent sans cesse cet appel à se faire un « cœur qui écoute ». Je les touche souvent en redisant la prière de Salomon : « Donne-moi un cœur qui écoute ! »

Mais, la vraie écoute ne va pas de soi et demande une attention permanente. « Un cœur capable de véritable écoute est le signe d’un long travail de libération intérieure de toute forme d’égoïsme plus ou moins subtile ».[1]

Dietrich Bonhoeffer a écrit ce beau texte sur l’importance de l’écoute : « Le premier service dont nous sommes redevables aux autres, c’est de les écouter. De même que le commencement de notre amour pour Dieu consiste à écouter sa Parole, de même le commencement de l’amour du prochain consiste à apprendre à l’écouter. Celui qui estime son temps trop précieux pour pouvoir le perdre à écouter les autres n’aura en fait jamais de temps pour écouter Dieu et le prochain ; il n’aura plus de temps que pour lui-même ».[2]

Le vert, couleur de la croissance

La couleur verte a plusieurs significations. Elle est avant tout la couleur de la nature. « Avoir la main verte » signifie faire bien pousser les plantes. Des partis politiques l’ont adoptée comme symbole de protection de l’environnement. 

Dans la Bible, le vert signifie que tout est appelé à croître : 

« Dieu dit : Que la terre verdisse de verdure, d’herbes portant semences et d’arbres donnant des fruits. Il en fut ainsi. La terre verdit de verdure, les herbes portèrent semence et les arbres donnèrent des fruits, chacun selon son espèce. Et Dieu vit que cela était bon. » (Gen 1, 11-13).

Le vert est la couleur des feuilles naissantes, des bourgeons, de la verdure du printemps. Alors, il est aussi symbole des commencements, de l’enfance et de la jeunesse, donc de l’espérance. Il faut encourager « le jour des petits commencements » (Zach 4,10).

Le sens de la vie est de grandir, de porter du fruit. Dieu désire multiplier, faire grandir. Pour cela, il faut beaucoup d’espérance.  

Dans l’Évangile, il y a lien étroit entre l’écoute et la croissance spirituelle. Plusieurs paraboles en parlent. La parabole du semeur se termine ainsi : « Celui qui a été ensemencé dans la bonne terre, c’est celui qui écoute  la Parole et la comprend ; il porte du fruit et produit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente » (Mat 13,23).

Jésus donne cet avertissement pour nous rendre attentifs à l’importance de bien écouter pour grandir dans la foi : « Faites donc bien attention à la manière dont vous écoutez, car on donnera à celui qui a, mais à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il croit avoir » (Luc 8,18). Puis, il déclare : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique ». (Luc 8,21)

Tout commence par l’écoute. 

Toute vraie relation, toute vraie communication commence par l’écoute. Elle n’est pas un silence qui attend d’être rempli par les paroles des autres. Il s’agit d’une attitude active qui implique l’attention, le discernement et la volonté de se laisser interroger. Sans écoute, la rencontre et la communication se réduisent à la polarisation et à l’opposition stérile.

Le commandement le plus important de la loi commence par : « Écoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un » (Deut 6,1). Le fidèle juif le dit chaque jour plusieurs fois. Aux disciples sur la montagne où Jésus est transfiguré, Dieu leur dit une seule chose : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » ! (Mat 17,5) 

Sur le chemin d’Emmaüs, Jésus fait le premier pas, il accueille et s’intéresse aux deux disciples, en leur posant cette question : « De quoi parliez-vous, chemin faisant ? » (Luc 24,17).

Comme c’est intéressant ! Jésus commence par les écouter. Ses premières paroles après sa résurrection sont sous la forme d’une question. Jésus est un maître dans l’art de poser les questions.

Le propre de l’homme est de poser des questions et d’écouter. C’est ainsi qu’est construit le rituel du repas de la Pâque dans le judaïsme, où des enfants posent des questions et écoutent les réponses : « Pourquoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres nuits ? » . S’il n’y a pas de questions, on tourne en rond. Pour avancer, je dois poser des questions et prendre le temps de bien écouter. 

Ainsi en va-t-il aussi de la prière. Tant de psaumes posent des questions, souvent angoissées, comme les psaumes 12 et 76 qui les accumulent : « Combien de temps, Seigneur, vas-tu m’oublier, combien de temps, me cacher ton visage ? Combien de temps aurai-je l’âme en peine et le cœur attristé chaque jour ? Combien de temps mon ennemi sera-t-il le plus fort ?» (Ps 12, 2-4). « Son amour a-t-il donc disparu ? S’est-elle éteinte, d’âge en âge, la parole ? Dieu oublierait-il d’avoir pitié, dans sa colère a-t-il fermé ses entrailles ?» (Ps 76, 8-10).

Un grand nombre de psaumes demandent avec insistance : pourquoi ? « Pourquoi dors-tu Seigneur (…) Pourquoi détourner ta face, oublier notre malheur, notre misère ?» (Ps 43, 24-25). Jusqu’à ce Psaume 22, repris par Jésus au moment de sa mort et qui pose la question essentielle face au mystère de la mort : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?». (Mat 27,46)

Quelle a été la réponse de Dieu à cette question de Jésus ? Nous le savons : trois jours après, il est ressuscité. Telle est sa promesse si nous osons poser des questions à Dieu et attendre dans le silence actif de l’écoute une réponse. Elle viendra toujours, souvent de manière inattendue et surprenante. 

Et, si notre pourquoi face au mystère du mal et de la mort demeure sans réponse ici-bas, nous savons que ce mystère sera levé quand nous rencontrerons le Christ dans sa gloire : « À présent, je ne connais pas tout, mais plus tard, je connaîtrai comme Dieu me connaît ». (1 Corinthiens 13,12). Savoir cela nous donne une paix qui dépasse toute compréhension. Car cette paix, c’est la présence de Jésus en nous et parmi nous, avant-goût de ce qui nous attend dans le paradis. 

Cette paix nous permet d’écouter les cris et les pourquoi des prochains qui passent à côté de nous. Car dans ces cris et ces pourquoi nous reconnaissons ceux de Jésus abandonné et crucifié.   

Écouter Dieu nous dire que nous sommes bien-aimés

Henri Nouwen, un théologien américain, a écrit : « De nombreuses voix réclament notre attention. Une voix dit : « Prouve que tu es quelqu’un de bien ». Une autre voix dit : « Tu ferais mieux d’avoir honte de toi ». Il y a aussi une voix qui dit : « Personne ne se soucie vraiment de toi », et une autre qui dit : « Assure-toi de réussir, d’être populaire et puissant ».

Mais sous toutes ces voix souvent très bruyantes se trouve une petite voix douce qui dit : « Tu es mon Bien-Aimé, ma faveur repose sur toi ». C’est la voix que nous devons surtout entendre. Entendre cette voix, cependant, demande un effort particulier ; cela demande de la solitude, du silence et une forte détermination à écouter. C’est cela la prière. C’est écouter la voix qui nous appelle « mon Bien-Aimé ».  

Alors je vous propose, pour conclure, cette prière : 

Père, aujourd’hui, avec les prophètes et les apôtres, sur la montagne de la Transfiguration, tu me redis : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le » ! (Matthieu 17,5)

Je veux t’écouter me dire de l’écouter.

C’est le plus grand et le premier commandement.

Que je l’aie constamment à l’esprit !

L’écouter avant toute prière, toute parole, toute résolution.

Prendre le temps de cette écoute.

Écouter deux fois plus que parler !

Jésus tu as aussi dit : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Luc 8,21)

Seigneur, tu me dis d’écouter.

Écouter ta Parole,

Écouter mon frère et ma sœur,

Écouter mon cœur.

Toi qui donnes ce que tu ordonnes,

Fais-moi la grâce de cette écoute !

Apprends-moi à toujours mieux écouter !

Fais de moi ton disciple,

Toi qui écoutais sans cesse le Père

Et qui accueillait chacun avec bienveillance !

Oui, Seigneur, fais-moi le don de l’écoute

Afin que moi aussi je sois écouté de Toi, des autres,

Et que mon cœur soit dans la joie ! 


[1] Frère Michael Davide, Humains, jamais trop humains, Salvador, Paris, 2017, p. 31

[2] De la vie communautaire, Cerf, Labor et Fides, Paris, Genève, 2007, p. 85

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