Une racine de l’oecuménisme : l’engagement pour la paix, la justice, et l’intégrité de la création

    Une autre racine du mouvement œcuménique moderne part de la constatation que « ce qui divise le monde divise aussi les Églises« .  La recherche de l’unité et les problèmes de société ne peuvent être traités séparément. Cette affirmation s’enracine dans la confession de l’incarnation : parce que le Fils de Dieu s’est incarné, il a assumé toutes les réalités de notre monde.  

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    5 raisons de la naissance du mouvement du « Christianisme pratique » 

    – La 1ère guerre mondiale a été une catastrophe humaine et sociale. Les Églises nationales ont peu fait pour la prévenir. Elles y ont même participé par le scandale de la bénédiction des canons

    – La « Charité » est une réponse insuffisante à la pauvreté et au prolétariat. Elle ne conduit pas à un réel changement social.

    – L’incapacité de répondre ou de se relier à la science et à la technique modernes, due en partie à des structures d’Églises qui dénient la participation des laïcs.

    – Le rôle ambivalent des Églises dans le colonialisme.

    – La redécouverte du témoignage biblique sur la justice et la paix.

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    Une date clé: la conférence de Stockholm 1925 

    La conférence universelle sur le « Christianisme pratique » (« Life and work » en anglais) s’est tenue en Suède. Son président, Nathan Söderblom, l’archevêque d’Upsalla, en a été la figure de proue. Un homme passionné et visionnaire pour l’unité chrétienne, avec un souci social marqué et un talent de diplomate et de dirigeant d’Église.

    Quels ont été les accents de cette conférence:

    Sa conviction: « le style de vie chrétien est le plus grand besoin du monde ».

    Son but : « Que la paternité de Dieu et la fraternité de tous les peuples se réalisent complètement à travers l’Église de Jésus-Christ ».

    Son appel à l’unité : « Le monde est trop fort pour une Église divisée ».

    Son refus de traiter des questions théologiques : « La doctrine divise tandis que le service unit… En servant ensemble, nous nous changerons nous-mêmes et nous surmonterons nos divisions ».

    Sa condamnation de la guerre : « Nous appelons les Églises à partager avec nous notre sentiment d’horreur devant la guerre et sa futilité comme un moyen de régler les conflits internationaux ».

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    Le Christianisme pratique et le Conseil oecuménique des Eglises

    Lors de l’Assemblée fondatrice du COE à Amsterdam, en 1948, mouvement du Christianisme pratique a été eu rôle moteur dans la création du COE au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Les programmes et les engagements du COE ont une forte orientation en faveur en faveur de la non-violence, de la paix et de la justice. Et plus récemment, par l’influence du mouvement écologique, pour l’intégrité de la création.

    Le COE se soucie aussi des questions de santé communautaire , comme par exemple, « l‘Alliance oecuménique contre le SIDA ».

    Le COE a en particulier soutenu la critique de l’apartheid en Afrique du Sud, en mettant en place un programme de lutte contre le racisme qui continue jusqu’à aujourd’hui.

    En Terre sainte, il s’est engagé pour le paix entre Israël et la Palestine, en particulier par la mise en place de programme des « Accompagnateurs oecuméniques ».

    En 2001, il a lancé une décennie pour surmonter la violence, conclue en 2011, par le « Rassemblement œcuménique international pour la paix » (Kingston, Jamaïque). Un des sommets de son engagement dans ce domaine d’action.

    L’assemblée générale de Karlsruhe du COE en 2022 a mis l’accent sur les questions d’écologie, de climat et sur « le pèlerinage de Justice et de paix ».

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    « La mission intégrale »

    Les Eglises membres du COE relaient sur le terrain ses impulsions (ou, réciproquement, l’inspirent par leurs initiatives).

    De même l’Eglise catholique a pris des engagements semblables. Du côté évangélique, depuis le premier Congrès du Mouvement de Lausanne en 1974, on n’oppose plus l’action sociale à l’évangélisation. Evangéliques et pentecôtistes sont par exemple engagés en Suisse dans le « Défi Michée » et « Stop pauvreté ».

    D’autre part, de plus en plus, des projets oecuméniques sont entrepris, rassemblant protestants, catholiques et évangéliques, comme par exemple

    Tous ces engagements pour la justice sociale, la paix, la santé, l’intégrité de la création participe à la « mission intégrale ».

    « La mission intégrale est la proclamation et la mise en pratique de l’Evangile. Il ne s’agit pas simplement de faire, en même temps, de l’évangélisation et de l’action sociale. Au contraire, dans la mission intégrale, notre proclamation a des conséquences sociales, puisque nous appelons à l’amour et à la repentance dans tous les domaines de la vie. En outre, notre implication sociale a des conséquences pour l’évangélisation, puisque nous témoignons de la grâce transformatrice de Jésus-Christ. Si nous ignorons le monde, nous trahissons la Parole de Dieu, qui nous envoie dans le monde. Si nous ignorons la Parole de Dieu, nous n’avons rien à apporter au monde. La justice et la justification par la foi, l’adoration et l’action politique, le spirituel et le matériel, le changement personnel et le changement structurel, tout cela va de pair. Etre, faire et dire, comme vivait Jésus, voilà le cœur de notre tâche intégrale » (Thierry Seewald, Les fondements de l’action du Défi de Michée ». Revue Réformée, 2008, no. 247)


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