Noël : une naissance pour entrer dans une famille spirituelle. 

Nativité selon le peintre Arcabas

A Noël, un enfant est né et une nouvelle famille se constitue. L’image de la crèche où dort Jésus entouré de Joseph et Marie, dans la simplicité, l’amour nous touche. Même ceux qui ont une autre foi religieuse ou aucune religion ne sont pas indifférents à cette scène. 

Mais sans doute voulez-vous donner un sens plus profond à Noël ? Pour cela il suffit de lire le premier chapitre du 4e Evangile. Nous y apprenons que Jésus est la Parole de Dieu devenue un homme. Et qu’en lui nous pouvons renaître à une vie nouvelle, en devenant enfant de Dieu, comme le dit cette phrase : 

A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu

Noël nous dit donc que Dieu veut des enfants autour de lui ; il veut que nous devenions fils et filles dans son Fils unique. Dieu veut que nous soyons tous frères et sœurs de notre frère Jésus. 

La volonté de Dieu c’est de susciter une grande famille spirituelle. 

Et dans cette famille, pas de limitations de naissances, personne n’en est exclu !

Enfanter

Pour être un peu provocateur, une Église ou une communauté en bonne santé sont capables d’être « enceintes ». Je veux dire capables d’enfanter des personnes pour que celles-ci deviennent enfants de Dieu. 

C’est la fonction « maternelle » de l’Église. 

Quand je dis cela, je suis en bonne compagnie car déjà les Pères de l’Église (en particulier Saint Cyprien) suivis de Jean Calvin, disaient que l’Église est « la mère des fidèles, dont Dieu est le Père ». 

Voici ce qu’écrit Jean Calvin : « Il est impossible d’entrer dans la vie éternelle, sans avoir été conçus dans le sein de cette mère, mis au monde, allaité et, enfin, sans avoir été guidé et gouverné par elle jusqu’à ce qu’ayant dépouillé notre chair mortelle, nous soyons semblables aux anges. A cause de notre faiblesse, nous devons rester à son école et être des disciples tout au long de notre vie ». (Institution IV,1,4

Et que fait une mère : en plus d’enfanter, elle élève ses enfants. Puis elle ne les retient pas quand l’heure est venue pour eux de quitter le foyer, au contraire elle les envoie. 

Enfanter, élever et envoyer ! Voici les trois fonctions d’une mère. Ce sont aussi les trois missions de l’Église. 

Élever 

En effet, les enfants des hommes ne sont pas comme des têtards, qui se débrouillent tous seuls dès leur mise au monde (ou à l’eau !). Ils doivent être élevés pendant de longues années après avoir été enfantés.   

Mettre au monde un enfant est relativement facile. (Mais je ne suis qu’un mâle et ne peut en parler en connaissance de cause !)

Le plus important vient ensuite : il faut l’élever, l’entourer de notre attention. 

C’est ce qu’a fait Jésus avec ses disciples. Après les avoir appelés, il a été comme une mère avec eux. Il les a accompagnés, enseignés, il les a fait grandir en connaissance et en sagesse. Il les a rendus adultes spirituellement, surtout à travers l’épreuve de la passion. 

C’est en effet souvent à travers la souffrance que l’on progresse le plus. On devient « mère » ou « père » spirituels après avoir surmonté des épreuves dans la foi et l’amour. 

Une communauté ou une paroisse sont les lieux où nous exerçons cette maternité spirituelle. Avec Jésus ressuscité au milieu de nous, il faut accompagner, offrir des lieux de prière, de rencontre, de partage, de convivialité, de formation pour que nous grandissions dans la foi. 

Nous avons besoin de l’Église mère où nous prenons soin les uns des autres. Aimons-la en y étant des membres actifs ! 

Envoyer. 

Je cite ici le pasteur Guy Chautems, qui a développé une fois ce thème dans ma paroisse du Mont sur Lausanne : 

« Quel est l’objectif de Dieu à Noël ? A Noël Dieu devient en chair et en os, missionnaire ! Pour des parents, il est toujours difficile de voir leurs enfants quitter le nid familial. Mais il n’y a rien de plus beau que de les voir poursuivre, dans le monde, les objectifs qui ont été au centre de notre existence. De même dans une paroisse, nous devons considérer comme une réussite, le jour où tel ou tel de nos membres nous quittera pour aller porter plus loin le message de salut qui nous a tenus debout…

L’important ce n’est pas de conserver au chaud les meilleurs de nos membres, l’important c’est qu’ils répondent à l’appel de Dieu ! C’est lui notre Père et leur Père. C’est lui qui nous envoie. Nous plaidons, non pas pour des paroisses obèses… mais pour des paroisses qui gardent la ligne, qui se tiennent debout et qui comptent des familles et des groupes de maison capables de mettre au monde, d’élever, de préparer pour la mission ceux et celles qui naîtront de la volonté de Dieu ».

Comment devenir « enfants de Dieu » ? 

A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu

En croyant dans le nom de Jésus Christ, nous dit ce texte. Que veut dire « croire en son nom » ?

Dans l’Ancien Testament, Dieu a révélé son nom à Moïse dans le buisson ardent. Un nom qui compatit avec nos souffrances. Par lui, il visite, délivre, guérit, unit et envoie.

Depuis fort longtemps, Israël ne prononce plus ce nom et l’a perdu. Mais, quand les temps furent accomplis, le Seigneur lui-même est venu à nous. 

Il a couvert Marie de son ombre et l’ardeur de l’Esprit l’a enflammée sans la consumer. Il lui a révélé ce nom au-dessus de tout nom : Jésus, qui ne signifie rien moins que « le Seigneur sauve son peuple ».  

Croire au nom de Jésus signifie donc nous confier en son divin pouvoir, faire sa volonté, l’invoquer dans toutes nos rencontres et nos décisions à prendre, vivre tout dans l’Esprit qui a animé Jésus ! 

C’est ainsi que chaque jour nous devenons un peu plus « enfants de Dieu ». (voir aussi cet article : https://www.hoegger.org/article/la-force-de-communion-du-nom/ )

Que veut dire « être enfant de Dieu » ?

A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu

J’aime ce que dit une « Parole de vie » : 

« Essayons de comprendre profondément ce que signifie être enfant de Dieu. Il suffit de regarder Jésus, le Fils de Dieu et de voir quelle relation il a avec le Père.  Jésus priait son Père comme dans le  » Notre Père ». Pour lui le Père était “ Abba ”, c’est-à-dire le papa auquel il s’adressait sur un ton d’intimité, de confiance infinie et d’immense amour.

Mais puisque c’est pour nous qu’il était venu sur terre, il n’a pas voulu bénéficier à lui seul de ce privilège. En mourant pour nous, en nous sauvant, il nous a fait enfants de Dieu. Nous sommes devenus ses frères et ses sœurs et il nous a permis, à nous aussi, par l’Esprit Saint, d’être introduits au sein de la Trinité. 

Nous pouvons ainsi faire nôtre sa divine invocation : “ Abba, Père ! ” (Mc 14,36 – Rm 8,15), “ Papa, mon papa ”, notre papa, avec tout ce que cela comporte : certitude d’être protégé, sécurité, abandon à son amour, consolations divines, force et ardeur, une ardeur qui naît dans le cœur de celui qui est certain d’être aimé ». 

Devenir enfants de Dieu en nous accueillant les uns les autres.

A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu

Nous grandissons et devenons enfants de Dieu en nous conformant à sa volonté. Nous savons comment Jésus l’a résumée dans l’Évangile : dans le double commandement d’amour pour Dieu et pour son prochain. Saint Jean ira jusqu’à dire qu’on ne peut aimer Dieu qu’on ne voit pas si on n’accueille pas son frère qu’on voit. J’aimerais vous partager une expérience : 

Lors d’une fête de Noël dans une communauté que j’avais visitée, une mendiante est venue vers moi. Je la connaissais et elle aussi m’a reconnu. Elle m’a dit, en touchant sa poitrine, qu’elle devait se faire opérer le lendemain d’un cancer. Était-ce vrai ou un truc pour m’attendrir ? Je lui ai proposé de prier pour elle, ce qu’elle a accepté. Puis elle m’a demandé de l’argent. Je lui ai donné quelques piécettes. Comme elle en voulait plus, je l’ai embrassée.

Dix minutes plus tard, elle est revenue vers moi pour me demander si elle pouvait manger avec la communauté. Je lui ai dit de demander à un des responsables, car je n’étais qu’un invité. Cela m’a fait mal au cœur qu’il refuse et lui demande de partir. J’aurais voulu dire à cet homme qu’à Noël tout est possible. J’aurais voulu courir vers cette pauvre femme pour lui donner encore quelque argent pour son repas. Mais elle avait disparu. J’avais l’impression que c’était Jésus qu’on chassait… Jésus venu nous visiter jusque dans le chœur de l’Église. 

Le soir venu, je suis tombé sur ce que Thomas de Celano, le premier biographe de François d’Assise, a écrit sur l’attitude de François à Noël :

« François désirait que les pauvres et les mendiants soient régalés ce jour-là par les riches, et que les bœufs et les ânes reçoivent une ration supplémentaire d’avoine et de foin. Si je voyais l’Empereur, disait-il, je le supplierais de publier un édit ordonnant à tous ceux qui le peuvent de semer du grain sur les routes en ce jour de fête, pour le régal des petits oiseaux et surtout de nos sœurs les alouettes ».

La naissance de Jésus nous appelle à la générosité. A la sortie je vais lancer des graines pour les oiseaux. Oui, semons du grain pour nos sœurs les chouettes et nos frères les martin-pêcheurs !

Noël nous appelle à nous accueillir les uns les autres en reconnaissant Jésus dans chacun. 

Il nous attend en chaque personne. Quel sera le fruit si nous le servons en elle ? 

Sa promesse est de nous introduire dans la relation qui le relie au Père. 

Alors dans notre cœur jaillit une joie et une paix. Celles qui viennent de la certitude d’être aimés, d’être fils et filles enfantés par un Père qui nous aime infiniment. 

Qu’en nous naisse et renaissance sans cesse cette espérance !

Prière

Jésus, tu es né dans l’humilité d’une crèche

Pour que nous renaissions à une vie nouvelle, 

Et faire grandir en nous ta bienveillance. 

Jésus, en toi Dieu est devenu un enfant 

Pour que nous devenions enfants du même Père

Et le prier comme toi avec une confiance infinie. 

Jésus, tu es venu au monde dans une famille humaine

Pour que nous entrions dans la communion divine 

Qui t’unit à ton Père, dans la tendresse de l’Esprit. 

Jésus, tu as rassemblés autour de toi dans l’étable

Des hommes et des femmes de toutes conditions

Pour construire en tous lieux la fraternité universelle. 

*

Christ, source de toute vie, 

Fais-nous renaître de nouveau.

Christ, enfant de la miséricorde, 

Enfante-nous par ta naissance. 

Christ, Fils unique du Père dans l’Esprit, 

Unis-nous dans sa communion. 

Christ, premier-né d’une multitude, 

Rends nous frères et sœurs en toi. 


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