La Bible a été – est toujours – un facteur important pour l’unité chrétienne. Si elle a été une pomme de discordes sur des points importants de la doctrine chrétienne, elle est devenue, avec le progrès de l’exégèse et des méthodes de lecture, un lieu de rencontres entre chrétiens de différentes Eglises. L’oecuménisme biblique est le « premier oecuménisme« .
J’ai pu en faire concrètement l’expérience à travers mon activité dans le cadre de la Société biblique suisse que j’ai servie comme secrétaire général. Et je continue à le vivre de plusieurs manières, en particulier lors de rencontres de « Lectio divina » que j’anime en divers lieu, en particulier dans « l’Ecole de la Parole » en Suisse romande.
A l’aube des Sociétés bibliques
Dès 1804, avec la fondation de la Société biblique britannique et étrangère et de la Société biblique de Bâle, un œcuménisme intra protestant se développe dans les premières Sociétés bibliques.
Jusqu’en 1820, il y a même une ouverture à l’orthodoxie et au catholicisme :[1]
« C’était extraordinaire de voir quelle unanimité animait cette assemblée composée de chrétiens de l’Eglise orthodoxe russe, d’arméniens, de catholiques, de luthériens et de calvinistes. Tous étaient rassemblés dans le but de faire résonner l’Evangile de la Grâce de Dieu des rivages de la Baltique à ceux de l’Océan, et des glaces de l’Océan arctique à la mer Noire et aux confins de la Chine…Une fois de plus nous étions témoins de ce que peut faire la Bible et de l’attachement de tous les chrétiens pour ce livre béni ». (Lettre de Paterson à l’occasion de l’ouverture de la Société biblique de St-Pétersbourg, 1813)
Mais l’Eglise catholique se retire avec la condamnation des Sociétés bibliques, par Pie IX, dans l’encyclique Qui pluribus (1846) consacrée au rationalisme. Elle condamne les « très rusées sociétés bibliques qui […] traduisent les livres des écrits divins dans toutes les langues vulgaires, les interprètent à l’aide d’explications souvent perverses, et ne cessent de les distribuer gratuitement, de les imposer à toutes sortes de personnes, même les moins cultivées, de sorte que rejetant la tradition divine, la doctrine des Pères et l’autorité de l’Église catholique, tous les interprètent selon leur jugement privé, en détournent leur sens, et tombent ainsi dans les plus grandes erreurs. »
Evolution de l’Eglise catholique
Suite au mouvement biblique et œcuménique, il faudra attendre le Concile de Vatican II avec le document Dei Verbum (1965) pour que l’Église catholique entre sans réserve dans le mouvement biblique.
En 1968, les Principes directeurs pour la coopération interconfessionnelle dans la traduction de la Bible signés entre le Vatican et l’Alliance biblique universelle (ABU) donnent le feu vert aux traductions œcuméniques. Aujourd’hui l’aventure de la Traduction œcuménique de la Bible en français est multipliée de manière étonnante. Il y a actuellement plus de 700 projets de traductions, dont 400 sont œcuméniques.
400 projets de traductions œcuméniques, aujourd’hui
En 2008, lors du synode des évêques catholiques sur la Parole de Dieu, un accord de coopération a été signé à Rome entre l’ABU et la Fédération biblique catholique. Un nouveau document important sur la Parole de Dieu dans l’Eglise catholique –Verbum Domini – a été publié après le synode.
Dès 1991, des Sociétés bibliques dans les pays de l’est sont créées. L’Église orthodoxe en est membre. La Fédération biblique catholique, les démarches bibliques œcuméniques, l’École de la Parole en Suisse romande et tant d’autres propositions font de la Bible un lieu privilégié de rencontre entre chrétiens.
[1] L’œuvre biblique en Russie et en Union Soviétique de 1806 à 1991, Bible Actualité, 1991/4, p. 7
Pour aller plus loin, aller à la page « Parole de Dieu et Unité »
Quelques articles que j’ai écrits sur ce thème sur le thème de la Parole de Dieu dans un contexte oecuménique. Herméneutique – Lectio divina – unité
Consulter aussi : « Histoire et dimensions de l’oecuménisme »
Laisser un commentaire