Les saisons de la vie

Avez-vous vu « l’étrange histoire de Benjamin Button », ce film tiré du roman de Francis Scott Fitzgerald, qui raconte l’histoire d’un homme qui vit à l’envers. Né sous les traits d’un vieillard, il ne cessera de rajeunir tout au long de sa vie. 

C’est un film qui ne manque pas de susciter des réflexions sur la vie et la mort. Une histoire qui parle d’une vie vécue inexplicablement à l’envers.  

Benjamin Button expérimente le fait de ne pas pouvoir garder les personnes près de lui, parce que tôt ou tard, il faut les laisser s’en aller. Dans une société où l’on est à la recherche de l’éternelle jeunesse, de l’élixir de vie, cette histoire paradoxale et mélancolique insinue que rajeunir pourrait être tout autre qu’une expérience plaisante, surtout si elle éloigne inexorablement des personnes que l’on aime. 

Cette histoire souligne aussi que la vie doit être acceptée comme elle est, avec ses rythmes, ses saisons, ses joies et ses limites et qu’il est illusoire de vouloir renverser le cours des choses.

Comme les enfants, les personnes âgées font la richesse d’un peuple : 

« Interroge ton père, qu’il te l’apprenne ; tes anciens, qu’ils te le disent » (Deut. 32,7). 

L’époque actuelle érige l’éternelle jeunesse en idéal. Mais cela crée un déséquilibre. Notre société doit donc retrouver la voie de la sagesse et redonner un sens à la vieillesse. 

Attendu que tout homme vieillit chaque jour, il est important que chacun d’entre nous, et non seulement les personnes âgées, réfléchisse à la vieillesse. Réfléchir au vieillissement, c’est réfléchir au mystère même de la nature humaine.

Le moine bénédiction Anselme Grün a écrit un beau livre sur « L’art de bien vieillir ».

Voici ce qu’il écrit dans son introduction : 

« Savoir vieillir relève du grand art. Kunst, l’art, vient du verbe können, pouvoir, que l’on peut rapprocher des verbes savoir, comprendre et connaître. 

Il faut donc s’exercer à bien vieillir…et c’est grâce aux erreurs qu’on apprend. Chacun doit trouver son propre chemin menant à l’art de bien vieillir et au chef d’œuvre qu’est la vieillesse ».

On peut comparer la vie humaine aux saisons : 

  • Le printemps : l’enfance et la jeunesse
  • L’été : l’âge adulte
  • L’automne : la vieillesse.

L’automne a sa beauté marquée par d’extraordinaires couleurs, par la douceur des rayons de soleil et la fête des récoltes. A l’automne de la vie, le temps est venu de contempler et d’apprécier. 

  • L’hiver a aussi sa beauté : il est empli de paix et de silence. Un champ couvert de neige nous remplit de paix. Et dans l’hiver, la chaleur d’un feu de bois nous rappelle celle de l’amour.

Mais l’automne comme l’hiver peuvent être marqués par des expériences négatives. Des tempêtes peuvent déraciner les arbres, les neiges peuvent nous isoler du monde. Savoir bien vieillir, c’est accepter la beauté, mais aussi l’âpreté de l’automne et de l’hiver. 

La vieillesse n’est pas une existence passive. Elle est comparable aux fruits de la vigne : en automne, ceux-ci ne font plus rien ; ils se contentent de s’exposer au soleil. 

De la même manière, la personne âgée n’est plus contrainte d’agir, elle ne doit plus être performante pour être reconnue. Elle est là tout simplement. Mais elle n’est pas passive. Elle peut exprimer par des mots et par l’art la richesse de son âme. De grands artistes, comme Chagall et Picasso ont été de grands créateurs dans leur vieillesse. 

Il faut que les personnes âgées aient des lieux pour s’exprimer et extérioriser les richesses qui les habitent. A l’âge de 80 ans, mon beau-père s’était mis à Internet et il a créé un site de discussion sur les questions de science et de foi. Chaque jour, il est en contact avec des dizaines de correspondants. 

Mais il y a aussi le grand âge, où la personne ne peut être que là, comme l’enfant qui est dans son berceau. Simplement là, assise, elle prodigue alentour paix et confiance, comme la prophétesse Anne, dans le temple de Jérusalem. 

Là où nous en sommes, vivons la saison actuelle de notre vie ! C’est maintenant que nous préparons notre vieillesse en cherchant vivre l’instant qui passe dans l’amour. Cette charité qui est de toutes les saisons et qui nous garde jeûne spirituellement, parce que l’Esprit saint créateur la répand dans nos cœurs. En la vivant, nous sommes déjà transférés dans ce qui est au-delà de toutes les saisons, car la charité ne se fanera jamais. Elle est la présence du Christ ressuscité dans nos vies.


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