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Le souci de la création dans les religions

Castelgfandolfo, 2 juin 2024. On ne peut séparer le respect de la terre de la qualité de la vie humaine. Un « zoom » sur l’aspect relationnel de la nature dans diverses traditions religieuses a été le thème d’une table ronde lors de la conférence interreligieuse organisée par le mouvement des Focolari.

Stefania Papa, de l’Université de Campanie et active dans « Eco-one » (initiative écologique des Focolari), souligne l’importance de cet aspect relationnel de la nature. Se mettre dans cette logique offre une ressource inestimable pour le changement.

Elle se demande comment se fait-il que deux arbres puissent vivre l’un à côté de l’autre ? Et, pourquoi des arbres plus petits, avec moins de lumière, continuent-ils à vivre ? La réponse est qu’il existe une étroite coopération entre eux. Mais, par ses activités, l’être humain a modifié plus de la moitié du fonctionnement de l’écosystème. Il a créé des impacts ayant des conséquences mondiales.

L’harmonie, essence de la nature

Pour elle, la véritable essence de la nature n’est pas l’exploitation mais l’harmonie. « Nous sommes la nature, mais nous nous sommes placés en dehors d’elle, sans sensibilité. Pourtant, la valeur de l’être humain ne vient pas de ce qu’il sait ou de ce qu’il a, mais de sa capacité à sortir de lui-même », affirme-t-elle.

L’Europe est un creuset d’une immense variété. Les diverses religions offrent des ressources de sagesse pour promouvoir la durabilité. De nombreuses initiatives ont vu le jour ces dernières années dans le mouvement des Focolari. S. Papa en donne quelques exemples : en Sicile, un pacte de responsabilité collective a été élaboré ; plus de 600 arbres ont été plantés. En Suisse, une importante réduction de consommation d’électricité a été faite dans un centre de rencontres grâce à des panneaux solaires. En Hongrie, une collecte de vélos a été réalisée pour des personnes dans le besoin. « Ce sont de petites actions, mais elles ont un impact significatif et colorent le ciel d’arc-en-ciel », conclut-elle.

La forêt sacrée

Charles Fobellah, directeur de trois écoles au Cameroun, est un chef traditionnel du peuple Bangwa, où la spiritualité des Focolari a fleuri. Il explique que, dans sa culture, la forêt sacrée est au centre de la vie spirituelle. Elle est réservée au culte et ne doit pas être habitée, ni cultivée. Lieu de palabres, de réunions et de sépultures de princes, elle est également un lieu de communion avec Dieu, où on lui demande protection et bénédiction. Pour son peuple, la paix est une affaire communautaire. Une personne est en paix lorsqu’elle en bonne relation avec Dieu, la nature et ses prochains.

Le « Dé de l’amour »

Stella John, membre du mouvement des Focolari au Pakistan, partage une expérience de mise en pratique de la Règle d’or avec des enfants de condition très modeste, en utilisant le « dé de l’amour ». Chaque semaine, un slogan différent est vécu à partir de ce dé. Les parents sont surpris de voir leurs enfants accomplir de bonnes actions chez eux et avec leurs amis. Prier pour la paix est aussi devenu un geste quotidien pour s’ouvrir aux souffrances de l’humanité. De même que le respect de la création est infusé de manière concrète, par exemple en évitant l’usage du plastique. Tout comme la pratique du pardon rétablit l’harmonie dans nos relations, nous avons à chercher l’harmonie avec la création.

Ensemble pour une Afrique plus verte 

Le projet « Ensemble pour une Afrique plus verte » réunit sur la scène Lilly Seidler et Samer Fasheko, d’Allemagne, avec Valentine Agbo-Panzo, du Bénin. Dans l’esprit de la fraternité universelle, cette association veut apporter des changements positifs pour la nature. C’est un projet interreligieux regroupant des personnes de divers pays. Quelques exemples sont donnés : installation de panneaux solaires dans des hôpitaux et des écoles, construction de puits, installation de systèmes de réfrigération, parmi d’autres.

Nature et vie monastique

Chintana Greger, une moniale bouddhiste de Thaïlande, a entrepris un chemin vers la paix intérieure alors qu’elle était étudiante. Elle s’est battue pour la paix et la fraternité avec colère et frustration. Découragée, elle a décidé de renoncer à ce combat. Mais, un moine l’a guidée et, après le décès de son père, elle s’est retirée dans la solitude et a pratiqué la méditation Vipasana. Elle a alors décidé de devenir moniale. La vie monastique lui a donné de mener une vie plus proche de la nature, dans un monastère de 500 personnes.

« Sans méditation, nos vies sont désordonnées. Manger peu, parler peu, dormir peu, utiliser uniquement ce qui est essentiel à la vie, pratiquer la méditation avec diligence et pleine conscience apportent saveur à la vie », dit-elle. Elle constate que la vie au rythme de la nature favorise la méditation. « La nature est notre vie. Lorsque la paix s’installe, la sagesse s’ensuit. Renoncer à l’égocentrisme est le plus grand des bonheurs ».

Un chemin d’harmonie

Un groupe interreligieux d’Argentine, mené par Silvina Chemen, rabbin à Buenos Aires, présente ses activités.  « Nous n’arrivons plus à vivre l’un sans l’autre, » dit-elle avec joie. Des « journées de paix » ont été organisées, ainsi que des pèlerinages en Israël, des shabbats vécus en commun, comme des lectures partagées de l’Évangile, du Pentateuque et du Coran. Ses membres s’invitent les uns les autres aux fêtes de Pâques chrétiennes et à la Pesah juive, comme au repas de rupture du jeûne durant le Ramadan.

Une femme vivant cette expérience pour la première fois a dit « ici il y a Dieu ». Le groupe s’engage aussi dans des actions caritatives de distribution de nourriture, de couvertures et de vêtements. Après le drame du 7 octobre dernier, juifs, chrétiens et musulmans ont vécu le shabbat ensemble pour ne pas permettre à cette situation de les diviser. « Le chemin de foi est un chemin d’harmonie jusqu’à ce que nous nous sentions vraiment frères et sœurs », conclut S. Chemen.

Autres articles sur ce congrès : https://www.hoegger.org/article/une-seule-famille-humaine/


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