La vie, c’est la rencontre.

Prédication donnée en Duo par Martin Hoegger, suivi par Alain Wirth. Paroisse du Mont sur Lausanne. 5 novembre 2023.

« La vie, c’est la rencontre ». Tel est le premier message d’une série de méditations durant ce mois de novembre sur le thème « La vie, c’est » !

Rencontrer une personne signifie regarder et être regardé. Écouter et être écouté. Visiter et être visité. Ce jeu de « va et vient » est de chaque jour. Quoi de plus banal !

Mais des personnes meurent de solitude car personne ne les regarde, ne les écoute, ne les visite. Des personnes étouffent car elles n’arrivent ni à regarder, ni à écouter, ni à visiter…

Or il est frappant de découvrir que l’Évangile de Jean commence par des rencontres : par un jeu de regards, d’écoutes et de visites !

Ceci montre, un fois de plus, que la foi chrétienne met essentiellement en valeur les relations.

Relisons ce récit de la rencontre de Jésus avec les premiers disciples (Jean 1,35-51) pour nous en convaincre :

Le regard

Jean-Baptiste pose son regard sur Jésus et le désigne comme l’Agneau de Dieu. Deux de ses disciples se mettent alors à suivre Jésus.

Jésus se retourne et voit que ces deux hommes le suivent.

Il leur dit : « Venez et vous verrez ».

Jésus pose ensuite son regard sur Pierre que son frère André lui avait amené.

L’écoute

Ce qui a mis les deux disciples en route est d’avoir écouté Jean-Baptiste leur dire « Voici l’agneau de Dieu ».

Et Simon Pierre est aussi mis en route après avoir entendu son frère André lui dire : « Nous avons trouvé le Messie ».

La visite

André et son compagnon désirent visiter Jésus : « où demeures-tu » ? Et Jésus les invite à demeurer chez lui : « Venez et vous verrez»!

Puis André va visiter son frère Simon Pierre et l’amène à Jésus.

Ah ! La vertu de la visite qui permet le regard et l’écoute !

A travers la visite, Jésus peut s’infiltrer au milieu de nous.

Il nous arrive alors ce qui est arrivé aux premiers disciples : à savoir que Jésus, puisqu’il est ressuscité, nous attire à lui et nous dit : « Venez et vous verrez » !

Mais qu’y avait-il à voir dans la maison où Jésus logeait ?

Nous ne le savons guère !

Toujours est-il qu’il a suffi de quelques heures dans cette maison pour qu’André soit convaincu et se convertisse : « Nous avons trouvé le Messie », dit-il à son frère.

Peut-être a-t-il été touché au plus profond de son être par l’atmosphère de cette maison ?

En passant quelques heures dans cette maison André a-t-il deviné les relations que Jésus vivait avec son Père ? A-t-il été visité par l’Esprit saint qui est la personne de relation entre le Père et le Fils ?

Regardons, écoutons et visitons !

A notre tour, regardons, écoutons et visitons ! C’est le secret de la vie.

Que le Seigneur nous donne de poser un regard profond sur lui !

Qu’il nous donne aussi un cœur qui l’écoute avec attention !

Et en Lui, également de nous regarder et de nous écouter les uns les autres !

Que nous nous regardions avec bienveillance, nous écoutions avec compréhension, nous visitions avec fidélité !

Oui, cherchons sa face là où il se donne à voir et entendre : dans sa Parole, dans le Pain et le Vin de la Cène, dans la prière du cœur et dans sa présence parmi nous !

A la fin de notre récit, Jésus dit, en faisant allusion au rêve de Jacob, quand il a rêvé d’une échelle dressée vers le Ciel : « Oui, je vous le déclare, c’est la vérité : vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme ! »

La Parole de Dieu, la sainte Cène, la prière sont comme des échelles qui nous permettent de monter vers le Christ pour redescendre ensuite au milieu de nos prochains, habités de sa lumière.

Mais il y a également les frères et les sœurs à nos côtés. Eux aussi nous donnent de rencontrer le Christ.

Alors, avant de passer la parole, j’aimerais dire ce que le frère qui est mes côtés m’apporte, à savoir Alain Wirth, notre pasteur ! A la fin de son message, Alain fera de même en ce qui me concerne.

.

Alain, tu es un frère qui m’aide à monter et descendre sur l’échelle. En un mot tu me donnes le Christ, à travers ton attitude toujours fraternelle, ton sourire, ton baiser de paix (que tu pratiques avec conviction !) et par la clarté et la profondeur de ta prédication.

Oui, ta prédication est lisible et percutante, toujours illustrée par des exemples tirés de la vraie vie. Elles sont un encouragement pour la semaine.

J’apprécie ton entrain et l’élan avec lequel tu nous invites à suivre le Christ, à le mettre toujours au centre. En le faisant, tu fais œuvre d’unité dans la paroisse, car tu n’entres pas dans de vaines polémiques. Et cela est très précieux !

Quel bonheur de dialoguer et de cheminer avec toi. En vrai ou en virtuel, où tu es d’ailleurs très réactif. Avec toi, pas besoin d’attendre des jours pour la réponse d’un courriel ! Cela dit aussi quelque chose de ton attention envers les autres.

J’ai appris à te connaître il y a une quinzaine d’années dans un groupe de travail cantonal de l’Église où j’ai pu apprécier tes qualités d’accueil des autres et de non-jugement, tout en étant fermement enraciné dans la foi dans notre Seigneur, qui est le seul à juger les cœurs.

Moi qui suis un pigeon voyageur, j’apprécie ton enracinement dans ce lieu, cette terre, cette paroisse. Tu es disponible et avec Geneviève, tu ouvres ta porte à tous ceux qui frappent. Je suis sûr qu’a plusieurs reprises, vous avez accueillis des anges par votre hospitalité

Je te bénis et remercie le Seigneur pour qui tu es en lui demandant aussi de te bénir, ainsi que ta famille et tous ceux qui portent avec toi cette belle paroisse.

.

II. Méditation d’Alain Wirth

Jésus nous ayant ouvert le ciel, le ciel nous est tombé sur la tête. Ça ne plaira pas aux Gaulois d’Astérix qui ne craignaient que cela. Mais à nous, cela nous convient bien. Ce ciel ouvert sur nous, ce ciel qui nous est donné, c’est L’Esprit qui nous envahit pour nous projeter dans une vie nouvelle. Dans cette vie nouvelle, il m’est donné de nouvelles relations et une nouvelle manière d’être en relation. C’est justement le sujet du chapitre 12 de la lettre aux chrétiens de Rome.

Ma nouveauté fondamentale, c’est que l’Esprit m’attache à un corps, le corps de Jésus. Une fois arrimé(e) à ce corps, j’y expérimente des relations que Paul définit comme étant ressourçantes. Le corps de Christ n’est pas d’abord une usine de production ; Dieu l’a établi pour que j’y sois ressourcé. Dit autrement, le corps de Christ est le centre Wellness par excellence pour nos personnes. Considérez les centres Wellness que vous avez eu le plaisir de fréquenter jusqu’ici ; et bien tous peuvent se rhabiller. Le corps de Christ les surpasse tous en termes de ressourcement. Entendez la définition suivante : « La notion de Wellness englobe la santé physique et psychologique. Son objectif est de permettre aux gens de s’épanouir pleinement, d’apprendre à mieux gérer le stress, d’améliorer l’hygiène de vie grâce à une bonne santé mentale et physique ».

La mission des ministères

Englober, s’épanouir, apprendre, hygiène de vie, santé mentale et physique … Mais nous y sommes ! C’est ça, l’Église. La communauté chrétienne à laquelle L’Esprit m’attache prend soin de moi en ces termes. Ce soin englobant, c’est précisément la mission des ministères que nous exerçons les uns à l’égard des autres. Paul évoque la prophétie (v. 6) ; c’est bon pour mon esprit. Il mentionne l’enseignement (v. 7) ; c’est bon pour mon intelligence. Le même verset avance aussi le ministère de l’entraide fraternelle (v. 7), tandis que le verset suivant honore le ministère de la libéralité, de la générosité (v. 8) ; voilà des dons précieux pour mon corps et mes besoins essentiels. Et que ferions-nous sans le ministère de l’encouragement ou sans celui de la miséricorde (v. 8) ? Des ressources inestimables pour mon âme. Comme le distingue Leenhardt, l’exhortation nourrit le cœur, elle relève le courage ; tandis que la prophétie et l’enseignement éclairent le jugement.

La vie, c’est la rencontre. La vie se donne également dans de nouvelles rencontres. Nous ne sommes pas un club, ni un clan. Nous sommes un corps ouvert à l’accueil de nouvelles personnes. Un corps dont les membres ne sont pas disposés à entrer en lien avec des personnes inconnues est un corps qui s’assèche, qui s’évapore et qui disparaît. Avec Gene, il nous tient à cœur de faire la connaissance de personnes inconnues pour nous ; c’est absolument stimulant. La vie, c’est la rencontre de nouvelles personnes ; parce qu’elles nous font le cadeau de leur témoignage de vie ; lequel, bien souvent, s’avère un puissant encouragement que Dieu sème sur notre propre parcours. Bien entendu, nous avons notre cercle, nos proches, nos confidents, nos amis, nos potes ; certains sont plus jeunes que nous, alors que d’autres sont jeunes depuis plus longtemps. Cependant, nous laissons de l’espace pour vous connaître, vous qui êtes encore inconnus pour nous.

Hospitalité

Cet état d’esprit porte un nom : L’hospitalité. Paul lui accorde une grande importance : « Tâchez d’exercer l’hospitalité » (v. 13b). Le verbe est volontaire à dessein : Recherchez, efforcez-vous. Pourquoi cette incitation à la volonté ? Parce que Paul connaît ma nature humaine : Je suis enclin à demeurer entre soi, je me sens bien avec mes potes ; ce plaisir est tel qu’il m’emporte avec lui et me détourne de vous, vous qui n’êtes pas mes potes. M’ouvrir à votre inconnu implique donc de ma part une démarche volontaire. Comme le dit Leenhardt, « l’hospitalité dérange ; on ne choisit ni son heure ni ses gens : Elle réclame un effort spécial ». L’hospitalité ne m’est pas naturelle, elle est intentionnelle. Elle s’exerce dans la mesure où je m’arrache.

La vie de l’Église « englobe la santé physique et psychologique. Son objectif est de permettre aux gens de s’épanouir pleinement, d’apprendre à mieux gérer le stress, d’améliorer l’hygiène de vie grâce à une bonne santé mentale et physique ». Dans la communauté, il est des lieux phares pour concrétiser ces objectifs : Les groupes de maison, les groupes de prières, les groupes constitués autour d’une mission. Ils sont les lieux privilégiés pour accomplir Romains 12. Mais je m’arrête ici ; tout à l’heure le dicastère Maturité reviendra sur cet enjeu-là.

La vie, c’est la rencontre. En arrivant au Mont il y a de cela treize années, j’ai retrouvé Martin; du coup, il m’a retrouvé. Comme Martin l’a fait pour moi tout à l’heure, je vais à mon tour pratiquer Romains 12.10 : « Par amour fraternel, soyez tendres les uns envers les autres, rivalisant dans l’estime réciproque ».

.

Martin, je t’apprécie pour ton visage. Je trouve qu’il respire et communique la paix. Dans tes yeux, je lis ton intérêt pour l’autre. Je me sens calme à tes côtés.

Je t’apprécie pour ton gentil cœur. Tu éprouves de la bonté pour les personnes. A plusieurs reprises, j’ai constaté combien tu viens en aide aux personnes démunies. La précarité te chagrine et tu t’investis ; ta générosité me touche.

Je t’aime pour tes grands bras. Des bras si grands qu’ils embrassent les communautés chrétiennes du monde entier. La diversité universelle des églises te comble, alors que leurs divisions te fendent le cœur. Grâce à toi et à ton ouverture, je me sens appartenir à une immense communauté.

Je bénéficie de ton intelligence. Tu aimes la Bible, tu la sondes, tu y cherches le Christ. Ta profondeur spirituelle et ta soif de comprendre le mystère de Dieu me confortent dans mon propre attachement à La Bible.

Tu es un homme de conviction. Enflammé par les rencontres, passionné par le Christ, illuminé par la sainte cène. Tu sais en qui et en quoi tu crois. Et tu souffres quand l’Eglise déroge à sa foi et à son témoignage. Alors tu te bats, au risque d’y laisser des plumes ; tu te bats pour l’Eglise. Ce faisant tu m’inspires.

Enfin, toi Martin et toi Chantal, vous êtes saints. Ce compliment ne vient pas de moi ; mais d’Alexandre Juvet, au temps où il était le Responsable jeunesse de la paroisse. En cette époque-là, vous habitiez la villa de la Valleyre ; au rez-de-chaussée se tenaient les rencontres du groupe de jeunes. Des dizaines de jeunes envahissaient donc la propriété. Mais vous étiez heureux de cette vie foisonnante ; votre bienveillance constituait un soutien inconditionnel pour le groupe.

Voilà donc pourquoi, cher Martin, je suis reconnaissant de t’avoir retrouvé à l’aube de mes 46 années.

.

Questions pour un partage

–          Regarder, écouter, visiter. Qu’évoquent pour toi ces trois mots ? Comment les vis-tu dans la vie de tous les jours. Quelles difficultés rencontres-tu pour les vivre ?

–          L’Esprit t’a rattaché(e) au corps de Christ, lieu du ressourcement pour toute ta personne. Raconte en quoi la vie de la communauté te ressource et te soutient ? Dans l’autre sens, quelles sont les personnes qui sont ressourcées par ta présence, qui bénéficient de ton soutien ?

–          La vie, c’est la rencontre de nouvelles personnes. Sur une échelle de 1 à 10, note la hauteur des « efforts » auxquels tu consens pour établir de nouveaux liens. En considérant ces six derniers mois, de quelle nouvelle personne as-tu fait la connaissance (dans ou en dehors de la communauté) ?

–          Dans le cadre de votre groupe de maison, pratiquez le même exercice que celui auquel Martin et Alain se sont livrés ; comme le préconise Paul, honorez-vous, estimez-vous les uns les autres explicitement : « Par amour fraternel, soyez tendres les uns envers les autres, rivalisant dans l’estime réciproque » (Romains 12.10).


Publié

dans

par

Étiquettes :

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *