La paix dans la Bible : un don du ciel.

Durant la récente rencontre oecuménique de « Synaxe » dans le monastère de Brâncoveanu, près de Sibiu en Roumanie, sur le thème « Heureux les artisans de paix », un parcours biblique sur la paix dans la Bible a été proposé. Celle-ci offre des récits essentiels sur la paix. La lire ensemble dans l’esprit de la « Lectio divina » nous donne aussi de goûter.

Jean-Philippe Calame, aumônier de la communauté de Grandchamp en Suisse, a donné une étude sur la paix dans la Bible, en commençant par la parole de l’apôtre Paul : « la paix de Dieu dépasse tout ce qu’on peut concevoir ». Dieu est bonté et ne veut transmettre que la paix qu’il vit en lui-même, comme communion du Père et du Fils.

Dieu a préparé la paix pour ceux qu’il aime. (1 Cor 2 :9) Cette paix ne monte pas en nous sans Lui. Ce n’est que dans le cadre du rétablissement de nos relations avec Lui que nous pouvons la vivre.

La paix est essentiellement un don qui descend de Dieu. Elle est dans l’histoire, mais pas de l’histoire. Jésus seul est la paix accomplie de Dieu. La politique ne suffit pas à la créer. Lui seul peut la donner.

Des récits de paix dans la Bible

La quête de la paix exige l’ascèse. La Bible nous en donne des narratifs essentiels, irremplaçables et alternatifs, pour nous guider.  

Ainsi dans le récit de Caïn et Abel, Dieu dit au frère ainé : « Le mal est à ta porte. À toi de le dominer ! ». Lorsque l’homme se laisse gagner par la violence, il déclenche un processus qui le dépasse. Ce récit nous enseigne qu’il faut commencer par écouter Dieu qui frappe à la porte de notre cœur et éloigner la voix de la séduction.

En 1 Samuel 24, chose remarquable, David choisit d’épargner Saül, son persécuteur, parce qu’il se souvient que Dieu l’a oint. Depuis que Jésus a donné sa vie pour tous, nous ne pouvons plus mettre la main sur quiconque. En Luc 12,13-14, Jésus refuse de se mêler à une question d’héritage. Il appelle à la responsabilité de chacun. La part de l’être humain n’est pas facultative.

Jésus provoque aussi ses auditeurs en affirmant : « je ne suis pas venu apporter la paix ». Pourquoi la relation avec lui est-elle prioritaire sur toutes les autres relations ? Parce que c’est « en Christ » que se déchiffre la qualité véritable qui peut habiter les relations humaines. L’artisan de paix se dispose à reconnaître Jésus qui a apporté la paix en donnant jusqu’à sa vie sur la croix. Au nom du Christ, l’artisan de paix se rend disponible à vivre la paix avec tous.

Il est réaliste non seulement dans le sens où il connaît les conditions réelles des situations dont il est témoin, mais il est réaliste aussi dans le sens où il a connaissance de la réalité du règne et de l’œuvre incessante de Dieu. C’est pourquoi il s’engage dans une intercession fervente et porte un regard d’espérance sur tous. Avec ce regard, cette mission, en compagnie de tout être humain, il offre sa présence aux lieux de fractures pour devenir « réparateur des brèches » (voir Esaïe 58, 6-14).

Paix et justice

Le professeur Pierre-Yves Brandt, de la faculté de théologie de Lausanne, a apporté une méditation en soulignant que la paix est impossible là où règne l’injustice. Il médite sur le prophète Amos qui dénonce l’injustice au nom de la Parole de Dieu (8,4-12). Les Béatitudes dans l’évangile de Luc insistent sur le « maintenant » : « Heureux, vous qui pleurez maintenant ». Il y a un temps pour chaque chose.

Le « Shalom » – la paix donnée par Dieu – crée l’ordre dans le monde. Abraham est l’exemple du doux qui vit la béatitude de la douceur. Il apaise un conflit entre ses bergers et ceux de Lot. Le doux est aussi un artisan de paix. Entre les confessions chrétiennes, nous avons aussi besoin de ces artisans, à savoir des hommes et des femmes qui n’occupent pas tout l’espace, mais laissent aux autres la possibilité de répondre à l’appel qu’ils ont reçu. 

Paix et « lectio divina« 

À chaque rencontre de Synaxe, la « lectio divina », une approche spirituelle des Écritures, est proposée. La référence à la Parole de Dieu est centrale, car à travers elle le Christ nous parle. Le but de la lectio est de le rencontrer et de lui dire « tu » dans la prière. Et c’est lui qui nous unit. Cette année, un livret sur la première lettre de Jean a guidé la méditation.  

Dans cette lettre, l’auteur veut fortifier notre communion avec Jésus-Christ, ainsi que notre communion les uns avec les autres. « Dieu est lumière » (1,5), ce qui a pour conséquence immédiate que nous avons à marcher dans sa lumière en nous aimant les uns les autres… et à confesser nos fautes quand nous n’y arrivons pas.

Le mot « paix » n’apparaît pas dans cette lettre. Toutefois, la vie, la communion et la joie promises à ceux qui reçoivent le Christ sont les signes du « Shalom » biblique, le don eschatologique de la paix déjà vécu par les croyants (cf 1 Jean 1,1-5)

La paix dans la vie liturgique

Un des lieux pour recevoir le message biblique est la liturgie. L’archimandrite Philadelphos Kafalis (Bruxelles, patriarcat œcuménique) traite de la paix dans la vie liturgique, d’un point de vue orthodoxe. La liturgie demande la paix d’en haut pour l’Église et le salut du monde : « En paix, prions le Seigneur » !  La vraie paix est vécue en Dieu et elle vient de lui.

Les sacrements sont une fenêtre sur le Royaume de Dieu qui apporte la paix avec son pouvoir unificateur. Dans tous les sacrements, on demande la paix de l’âme. En fait, c’est le Christ lui-même qu’on trouve dans les sacrements et qui donne la paix.  Transformés, les croyants apportent cette paix au monde après la liturgie.

Pour d’autres articles sur ce thème voir : https://www.hoegger.org/article/heureux-les-artisans-de-la-paix/


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