Les jeûnes de commémoration. Tisha B’Av

Les soldats romains transportent les objets du Temple de Jérusalem après sa destruction

Le prophète Zacharie est le premier à mentionner les jours de jeûne fixés dans le calendrier pour commémorer les événements dramatiques qui ont conduit à la destruction du Temple : « Je vous le déclare, moi le Seigneur de l’univers, les jeûnes que vous observez pendant les quatrième, cinquième, septième et dixième mois de l’année deviendront désormais, pour le peuple de Juda, de grandes fêtes pleines de gaieté et de joie ». (8,19)

Le temps du jeûne est aussi un temps de commémoration des tragédies vécues par Israël. Le jeûne commémoratif, en faisant mémoire d’un événement collectif, permet d’éprouver dans son corps la réalité d’une histoire sainte. La réalité d’hier demeure toujours présente. L’anamnèse rend actuel le passé. Par le jeûne on se relie à une mémoire partagée, et on affirme que l’on partage une même conscience de l’histoire.

Ces quatre jeûnes mentionnés par Zacharie sont indiqués ci-dessous. Je développerai uniquement le plus important, celui de Tishah B’Av

Le jeûne du 17 Tammouz

Il commémore la prise de Jérusalem et son siège (Jr 39, 1-2 ; Jr 52,4-7),

  • Le jeûne du 9 Av (Tishah B’Av)

Il est observé en souvenir de la destruction du Premier Temple (586 av. J.-C.), de celle du Second Temple (70 ap. J.-C.) et des exils qui s’en suivirent (TJ Taʿanit, IV, 1). Voir ci-dessous

  • Le jeûne du 3 Tichri

Il rappelle aux croyants l’assassinat de Guédalia fils d’Ahiqam (Jr 41, 1-2 ; TJ Taʿanit IV, 5).

  • Le jeûne du 10 Tévet

Il est observé en mémoire du jour où Ézéchiel et les juifs captifs apprirent la ruine du Temple. Il rappelle aussi le siège de Jérusalem par Nabuchodonosor (Jr 52, 4 ; 2 R 25, 1-2 ; Ez 24, 1-2 ; TJ Taʿanit IV, 5).

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Tishah B’Av : Se souvenir de la perte de Sion, dans le jeûne et le repentir

Tisha B’Av (le jeûne du 9 Av) est le jour le plus sombre du calendrier juif, un jour de deuil communautaire pour commémorer les nombreuses tragédies qui ont frappé le peuple juif, dont beaucoup se sont produites le neuvième jour du mois juif d’Av. En particulier, Tisha B’Av commémore la destruction des deux temples de Jérusalem, qui se sont produits le 9 Av à des centaines d’années d’intervalle – le premier en 586 avant JC (II Rois 25,8, Jérémie 52,12), et le second en 70 de notre ère. Le 9 Av est aussi le jour où le Seigneur a condamné le peuple d’Israël à errer dans le désert pendant quarante ans. (Mishnah, Taanit 4,6).

Tisha B’Av, l’un des jeûnes d’un jour entier de l’année juive (comme Yom Kippour), est le point culminant d’une période de deuil de trois semaines.

Dieu était présent dans le temple, mais le peuple était rempli d’idolâtrie et d’immoralité. C’est ainsi que le premier temple fut détruit et le peuple envoyé en exil. Après son retour, le peuple d’Israël a reconstruit le temple et s’est détourné de l’idolâtrie. Cependant, à l’époque du premier siècle, un nouveau problème est apparu : le peuple est devenu avide, cupide, divisé. C’est ainsi que le temple fut à nouveau détruit.

C’est pourquoi il doit se repentir en tant que communauté, peuple, nation. Au jour de Tisha B’Av, les juifs doivent examiner attentivement leur cœur et leur comportement à l’égard du Seigneur.

« Repentez-vous, car le Royaume des cieux est proche ». Telles sont les premières paroles de Jésus le Messie dans l’Évangile de Matthieu, alors qu’il revient de son jeûne de 40 jours dans le désert. Le repentir n’était pas un sujet nouveau pour le peuple juif. De même, en tant que chrétiens, nous sommes familiers avec la notion de repentance individuelle. Cependant, nous oublions souvent l’importance de la repentance communautaire et nationale.

Tisha B’Av nous rappelle que Dieu nous éduque non seulement en tant qu’individus, mais aussi en tant qu’Église et nation. L’histoire peut et doit être instructive. Au jour de Tisha B’Av, le peuple juif se souvient que c’est son péché qui a éloigné la présence de Dieu de son Temple et de son peuple. Le but de Tisha B’Av n’est pas de pleurer le passé, mais de se repentir des péchés du présent qui, d’une manière ou d’une autre, façonneront l’avenir. Et de se repentir, non seulement au sens individuel, mais aussi au sens collectif.

La Bible décrit le besoin de repentir, non seulement pour l’individu, comme nous le voyons dans les Psaumes de David, mais aussi dans la confession et le repentir en tant que peuple, comme le décrivent Néhémie et Daniel.

 Au jour de Tisha B’Av, le peuple juif s’engage dans un jeûne et des prières de repentance, non pas en tant qu’individus, mais en tant que nation tout entière.

La repentance est également porteuse d’espérance. Dieu a prophétisé par l’intermédiaire de Moïse que le peuple tomberait dans l’idolâtrie et serait exilé du pays. Dieu a été cohérent avec sa parole selon laquelle le péché entraînerait l’exil. Par conséquent, ses promesses de repentance doivent également être vraies, comme le dit Dt 4,29 : « Si tu cherches le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, tu le trouveras ».

Le péché peut éloigner la présence de Dieu, mais la repentance l’attire. Et la repentance nationale amènera le Rédempteur. Comme le dit le prophète Isaïe : « Le Rédempteur viendra à Sion, à ceux de Jacob qui se repentent » (Esaïe 59,20). C’est ainsi que nous trouvons Jean-Baptiste appelant le peuple à la repentance nationale, préparant ainsi le chemin pour l’apparition du Messie.

À Tisha B’Av, nous notons le lien entre le comportement, le péché et le repentir en tant que communauté et nation. Dans le Notre Père, nous voyons la même identité communautaire avec la demande : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». C’est pourquoi nous devrions prendre au sérieux les appels à des journées nationales de jeûne, de prière, de confession et de repentir, comme le « Jeûne fédéral » en Suisse.

Nous ne devrions pas montrer les autres du doigt, mais plutôt nous humilier en reconnaissant que nous avons nous aussi péché et que notre nation a péché. Avec la promesse que si nous nous repentons, Dieu nous libérera et nous bénira !

Adapté à partir de l’étude d’Aaron Eime, « Tisha B’Av | Repentance, God’s Presence & National Prayer » (Christ Church, Jerusalem), https://www.cmj-israel.org/learn/tisha-bav


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