J’ai retrouvé ce texte écrit suite à une « école de prière », à la communauté de Saint Loup. J’y ai vécu une expérience marquante. C’était intéressant de voir comment une personne venue d’Afrique, l’évangéliste ougandais Michael Kimuli, m’a alors enrichi et renouvelé dans ma vie chrétienne.
Une visite du Verbe
Durant cette rencontre, j’ai reçu une grande grâce ! La surprise d’une « visite du Verbe », qui m’a conduit à une prise de conscience plus profonde de la proximité de Jésus. J’ai perçu son amitié d’une manière toute particulière. Dans l’Évangile de Jean (chap. 15), Jésus nous déclare non plus serviteurs mais ses amis. Ce passage a pris un relief tout particulier pour moi. Comment cela s’est-il passé ? A la fin d’une session, une personne qui était derrière moi s’approche de moi pour me dire qu’elle a quelque chose d’important à me dire. Pendant un chant, elle a eu une vision. Elle a vu Jésus à côté de moi, qui mettait ma main sur l’épaule et me disait qu’il est toujours à mes côtés, qu’il est mon ami, sur lequel je peux m’appuyer.
J’ai alors compris plus profondément la promesse de Jésus : « Je suis tous les jours avec vous jusqu’à la fin du monde ».
Quand j’ai dit cela à Chantal, mon épouse, elle m’a demandé, intriguée, si Jésus était aussi à côté d’elle. La prenait-elle aussi dans ses bras ? Cela m’a fait réfléchir. J’étais à côté de mon épouse. Cela veut dire que si Jésus est avec moi, il sera aussi présent avec tous ceux que je rencontre. Il sera au milieu de nous, dans la mesure où nous ne le faisons pas fuir par nos incohérences.
En relisant ensuite le texte de Jean, j’ai découvert que Jésus nous déclare ses amis, juste après son commandement nouveau de l’amour réciproque. Il nous assure qu’il nous appellera ses amis si nous vivons ce commandement : « Je vous appelle mes amis si vous faites ce que je vous commande ».
« Si »…Notre orateur a insisté sur le sens de ces « si » qui jalonnent l’Évangile. Pour que Jésus nous fasse sentir son amitié et nous donne le don immense de sa présence, il y a une condition. Laquelle ? Tout simplement celle de vivre dans son amour.
« Si mon peuple s’humilie…Je l’exaucerai des cieux… » Le premier commandement de Jésus n’est pas de prier, mais de nous aimer avec humilité en cherchant sa volonté. Jésus devient tout proche de nous si nous vivons son commandement nouveau. La qualité de notre prière et de notre union avec Dieu fera un saut de qualité si nous aimons vraiment nos frères et sœurs par amour du Christ.
Prier le Père
Quels sont les autres cadeaux que j’ai reçus ? J’ai été impressionné par l’insistance de M. Kimuli sur l’importance de l’éducation. Il a cinq enfants et en a adopté trois. Plus de 80% de la population de l’Ouganda est jeune. Beaucoup sont orphelins à cause des conséquences du SIDA et de la guerre. La présence du père manque. Un enfant qui connaît un père terrestre connaîtra plus facilement son Père céleste. Nous avons à nous détacher d’une conception négative de notre père, à nous garder de ne pas réduire le Père céleste à la vision qu’on a de lui à travers les lunettes de nos parents.
J’ai aimé son invitation à donner du temps à nos enfants. On ne peut les convaincre que Dieu les écoute si on ne prend pas le temps de les écouter.
J’ai beaucoup apprécié son commentaire du Notre Père : la prière est une prière filiale. C’est prier le Père avec et en Jésus. C’est s’abandonner au cœur du Père comme le faisait Jésus.
Notre Père qui est aux cieux. Cela signifie que Dieu est toujours plus grand que nous croyons. « Vos pensées ne sont pas mes pensées » (Es. 55). Il y a toujours une possibilité de grandir en lui. Nous pouvons avoir confiance en sa Parole, qui ne retourne pas en vain à Lui. Elle nous fait grandir pour avoir de plus en plus le caractère de Jésus.
Tous prêtres
J’ai trouvé pertinente l’invitation à prendre au sérieux notre « sacerdoce universel ». Nous sommes tous prêtres (1 Pi. 2), appelés à prier pour notre conjoint, nos enfants, nos voisins, l’Église. Prier comme Jésus, c’est inviter le Père céleste dans les affaires d’ici-bas. Le ciel attend que nous lui donnions la possibilité d’intervenir dans tous les domaines de notre vie. Nous avons à construire un « autel spirituel » avec deux ou trois personnes rassemblées au nom de Jésus (Cf Mt. 18,21). Comme l’autel attirait la présence de Dieu, l’autel spirituel construit par deux ou trois personnes unies dans le nom de Jésus, rend sa venue possible.
J’ai été stimulé à persévérer dans la vie de prière, à la manière des premiers disciples, dont il est dit que : « Tous d’un même cœur, ils étaient assidus à la prière » (Ac. 1,14). M. Kimuli a parlé de la supplication. Etre des prêtres suppliants et persévérants. Ne pas baisser les bras, ni se résigner. En Afrique on sait ce que cela signifie, mais peu comprennent cela en Europe. Beaucoup prient, mais peu sont convaincus que leur prière est exaucée. Cette école m’a fait prendre conscience plus profondément de la nécessité de réagir, de ne pas laisser les choses se faire ou se défaire sans que nous les portions dans la prière.
Un Dieu qui frappe à notre porte
Un autre point que j’ai beaucoup apprécié est l’image d’un Dieu infiniment proche. Il recherche notre intimité. Il est proche de tous, mais particulièrement de ceux qui désirent avec ardeur d’être son intime. Jésus est le Bien-Aimé du Cantique des Cantiques qui frappe à la porte et nous dit : « Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite »(5,2). Il désire se mettre à table avec nous. Il a besoin de communion, il mendie notre regard, désire nous embrasser de sa présence…Mais souvent notre cœur est endormi.
Dieu attend qu’on se lève, lorsqu’il nous appelle. L’amour ne fixe pas d’horaire. L’amour attend une réponse. Il faut donner à l’amour du temps de nous parler. Il faut donner du temps à la prière.
Mettre la prière en premier signifie une conséquence dans l’agenda. Ce n’est plus le monde qui dicte notre vie. Nous vivons dans une culture du divertissement, qui nous anesthésie spirituellement. Quel est mon style de vie ? Agité comme Marthe, ou mettant Jésus en premier comme Marie ?
Cette parole m’est restée : « Le Bien est l’ennemi du Meilleur ». Le meilleur est la communion avec le Christ. Il y a tant de choses bonnes en soi, que la communion avec Lui risque d’être reléguée au même niveau que les autres. Pour gagner le Meilleur, il faut renoncer à des bonnes choses. Il y a tellement de bonnes choses à faire qu’on risque de manquer le rendez-vous avec celui qui frappe avec insistance à la porte de notre cœur.
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