Le COE a été constitué le 23 août 1948, lors de sa Première Assemblée à Amsterdam. Il est devenu l’expression la plus visible des divers courants de la vie oecuménique au 20e siècle.
Deux courants – Le « Christianisme pratique » et « Foi et constitution » – se sont unis lors de la Première Assemblée.
Un troisième courant – le mouvement missionnaire organisé au sein du Conseil international des missions (CIM) – les a rejoints lors de la Troisième Assemblée de 1961, à La Nouvelle-Delhi. Un quatrième courant, celui de l’éducation chrétienne, incarné par le Conseil mondial de l’éducation chrétienne s’est associé aux trois autres en 1971.
En 2021, 350 Églises membres représentant plus de 500 millions de chrétiens. La moitié des Églises réformées y participent. Le 95% des Églises orthodoxes. Aux USA, moins de 20% des Églises sont membres du COE. L’Église catholique n’est pas membres, mais participe à la Commission Foi et Constitution.
Le COE s’est établi à Genève avant même sa fondation. Sur son histoire à Genève, lire Odair Matteus « le COE: un pèlerinage sur les lieux de mémoire œcuménique »
100 personnes y travaillent actuellement et 50 personnes de manière décentralisée.

La première assemblée d’Amsterdam en 1948.
« Le Christ nous a faits siens et il n’est pas divisé. En le cherchant, nous nous trouvons les uns les autres. Ici, à Amsterdam, nous avons contracté envers le Christ un nouvel engagement et avons fait alliance les uns avec les autres en constituant le Conseil oecuménique des Églises. Nous sommes décidés à demeurer ensemble » (Extrait du message de l’Assemblée d’Amsterdam)
Les Assemblées du COE et leur thème.
I Amsterdam 1948 : « Désordre de l’homme et dessein de Dieu »
II Evanston 1954 : « Christ, espérance du monde »
III New Delhi 1961 : « Jésus-Christ, la lumière du monde »
IV Uppsala 1968 : « Voici, je fais toutes choses nouvelles »
V Nairobi 1975 : « Jésus-Christ libère et unit »
VI Vancouver 1983 « Jésus-Christ, vie du monde »
VII Canberra 1991 : « Viens, Esprit saint, renouvelle toute la création »
VIII Harare 1998 : « Tournons-nous vers Dieu, dans la joie de l’espérance »
IX Porto Alegre 2006 : « Dieu, dans ta grâce, transforme le monde »
X Busan – Corée 2013 : « Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix. »
XI Karlsruhe 2022 : « L’amour du Christ mène le monde à la réconciliation et à l’unité »
Orientations des thèmes
I : Au lendemain de la 2e guerre mondiale, on affirme que le désordre du monde ne détruit pas le dessein de Dieu
II-III : Concentration sur la divinité du Christ, avec en 1961, la redéfinition de la base du COE. L’influence orthodoxe conduit à inclure la Trinité, tandis que les protestants insistent sur l’autorité des Écritures. Ensemble ils reconnaissent qu’ils ont une « vocation commune »
IV-VI : Concentration sur des thèmes de société par l’influence de la Conférence de Genève, 1966, sur Église et Société. C’est la période des grandes remises en question et des contestations, comme « mai 68 ».
VII : Concentration sur le Saint Esprit avec le dialogue avec le mouvement charismatique. Walter Hollenweger travaille alors au COE ; influence également orthodoxe)
VIII-X : Concentration sur Dieu, le Père, par l’nfluence du dialogue avec les personnes d’autres religions
XI : On revient à nouveau à un thème christologique. C’est le Christ qui motive l’engagement pour la justice et la paix, la fraternité humaine et le dialogue interreligieux. On doit « rendre compte de l’espérance qui nous habite ». Le thème se base sur 2 Cor 5,14 : « L’amour du Christ nous presse ».
La base spirituelle du COE
La Première Assemblée de 1948 déclara : « Le Conseil oecuménique des Eglises est une communauté d’Eglises qui confessent le Seigneur Jésus Christ comme Dieu et Sauveur. » Cette formule ne tarda pas à susciter des questions et de nombreuses voix s’élevèrent pour demander que l’on définisse plus clairement l’aspect christocentrique de la vocation commune des Églises, que l’on mentionne la dimension trinitaire de la foi et que l’on se réfère à l’Écriture. On formula donc une nouvelle fois la Base, qui fut adoptée par la Troisième Assemblée de La Nouvelle-Delhi sous la forme suivante, qui est demeurée jusqu’à aujourd’hui :
« Le Conseil oecuménique des Églises est une communauté fraternelle d’Églises qui confessent le Seigneur Jésus Christ comme Dieu et Sauveur selon les Écritures et s’efforcent de répondre ensemble à leur commune vocation pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. »
Cette base commune remonte aux Unions chrétiennes des jeunes gens, reprise par l’invitation à participer à la première conférence mondiale de Foi et Constitution (Lausanne, 1927), adressée aux Églises qui « reconnaissent Jésus-Christ comme leur Sauveur et leur Dieu… (et) admettent le fait et la doctrine de l’Incarnation ».[1]
Moins qu’une confession de foi chrétienne et plus qu’une formule, la Base sert de référence aux membres du COE et assure leur cohésion. Comme le COE n’est lui-même pas une Église, il ne porte aucun jugement sur la sincérité ou la conviction avec lesquelles les Églises membres acceptent la Base ni sur le sérieux avec lequel elles considèrent leur appartenance au Conseil. Ainsi, la Base répond à la formule utilisée par William Temple : « L’autorité que le Conseil pourra avoir ne dépendra que du poids qu’il aura auprès des Églises par le seul fait de sa sagesse. »
Le Credo de Nicée-Constantinople, le Conseil œcuménique des Églises et le libéralisme protestant
Dès le début du mouvement œcuménique, lors de la Conférence de Foi et Constitution à Lausanne, en 1927, des voix réformées libérales se sont élevées pour protester contre l’inclusion des deux Confessions de foi de l’Église ancienne (le symbole des apôtres et celui de Nicée-Constantinople) comme base théologique du mouvement œcuménique.
« Jésus-Christ, Dieu et Sauveur ». Cette formule a produit une crise dans le courant libéral présent dans le protestantisme. Certains l’ont rejetée parce qu’ils y ont entendu le langage de l’Église ancienne. D’autres pensent qu’ils pourraient l’accepter si elle était interprétée de manière symbolique de telle sorte qu’elle n’ait plus tout le poids qu’elle a dans les crédos. Toutefois en 1961, l’inclusion, sous l’influence orthodoxe, de la confession de la Trinité, dans cette base théologique a rendu plus difficile cette interprétation.
Que diraient aujourd’hui les délégués libéraux de 1927 à Lausanne, alors que le COE a introduit le symbole de Nicée-Constantinople dans sa Constitution lors de l’assemblée mondiale de Porto Alegre en 2006, comme un des critères déterminant d’adhésion ? L’acceptation de ce symbole de foi, dans sa forme originale, est maintenant devenue obligatoire pour toute Église membre.
Celle-ci doit en effet « confesser sa foi dans le Dieu trinitaire, conformément aux Écritures, et telle que cette foi est reflétée dans le crédo de Nicée-Constantinople ».[2] Ce symbole est aussi devenu la base commune de tout dialogue multilatéral sous l’égide de COE.[3]
Il est à noter que certaines Églises protestantes – comme celles qui sont membres de l’Église évangélique réformée de Suisse – acceptent en leur sein des pasteurs qui ne confessent pas la base du COE. Ces Eglises ont renoncé à une confession de foi normative, depuis le milieu du 19e siècle. Pour elles, la récitation du Credo est facultative.
Pour aller plus loin sur Nicée :
Voir Martin Hoegger, Le Credo de Nicée dans le protestantisme : rejeté, facultatif ou normatif? https://www.hoegger.org/article/nicee-protestantisme/
Pour un point de vue réformé confessant, lire Le Manifeste Bleu du Rassemblement pour un Renouveau réformé (R3) : https://www.ler3.ch/wp-content/uploads/2018/11/Manifeste-Bleu.pdf
[1] Foi et Constitution, Actes Officiels, Paris, 1927, 20 § relatifs à la Conférence mondiale sur la Foi et la Constitution.
[2] Luis N. Rivera-Pagán, ed., God in Your Grace…Official Report of the Ninth Assembly of the World Council of Churches (Geneva: WCC Publications, 2007), 40
[3] Comme en témoigne le travail de la commission Foi et Constitution : Confesser la foi commune. Explication œcuménique de la foi apostolique telle qu’elle est confessée dans le Symbole de Nicée-Constantinople. Paris, Cerf, 1993.
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Introduction au COE aujourd’hui
Pour une introduction à l’œcuménisme, consulter aussi : « Histoire et dimensions de l’oecuménisme »