En famille à Jérusalem

Jésus et ses parents dans le temple de Jérusalem

Dans l’année liturgique le premier dimanche après Noël – et le dernier de l’année civile – est celui de la « Sainte famille ». Le texte de cette année parle de Jésus et de ses parents marchant sur les chemins de pèlerinage vers Jérusalem et ce qui arrive dans le temple de la ville sainte.(Luc 2,41-52)

Le thème de ce dimanche nous donne l’occasion de réfléchir sur le sens de la famille qui est le premier lieu où l’enfant peut découvrir qui est Dieu et devenir un disciple. Ceux qui ont baptisé leur enfant ou l’ont présenté à Dieu s’engagent en effet à lui donner toutes les chances pour le connaître.

1. «Ses parents allaient chaque année à Jérusalem, pour la fête de la Pâque.» (Luc ‪2:41)

Trois pèlerinages sont vécus chaque année en Israël: marcher ensemble a de grandes vertus. Beaucoup de choses peuvent se transmettre durant la marche. Je me souviens des promenades en famille que nous faisions chaque dimanche. Si nous prenons du temps de marcher avec nos enfants et de discuter en cours de route, il se peut que Dieu vienne marcher avec nous, comme sur le chemin d’Emmaüs.

Depuis quelques années, j’organise chaque année une marche sur ce chemin d’Emmaüs dans le cadre de l’initiative JC2033 à laquelle je collabore. Il s’agit d’un mouvement invitant les Eglises à préparer ensemble les deux mille ans de la résurrection de Jésus, à le célébrer et à en témoigner ensemble. Pour être en relation avec Jérusalem, nous avons choisi de marcher chaque année sur ce chemin. Je l’ai fait à ce jour à quatre reprises. Nous avions prévu de le faire cette année, mais nous avons dû l’annuler à cause de la guerre en cours…et le projet de le faire à Pâques, l’année prochaine est aussi tombé à l’eau.

En marchant sur ce chemin – qui est le chemin de pèlerinage par excellence des chrétiens puisqu’il est celui où le Christ ressuscité a marché lui-même avec deux disciples, nous découvrons de manière très concrète le sens de la marche. Voici quatre points qui me semblent importants:

a) Marcher demande un effort. Il faut sortir de soi et de sa tranquillité. Mais il en vaut la peine, car la marche nous fait du bien, tant physiquement que spirituellement.

b) Marcher pour arriver au but demande à choisir entre plusieurs chemins possibles. Avancer dans la vie signifie souvent renoncer à d’autres chemins.

c) On peut marcher seul, mais aussi ensemble. C’est le sens du pèlerinage que de marcher avec d’autres, où l’on s’attend les uns les autres en ayant des égards.

d) Tous les hommes et les femmes de la Bible ont vécu en marchant. Pensons aux longues marches d’Abraham et de Sara depuis le Golfe persique jusqu’à Canaan, avant de descendre en Egypte et d’en remonter. Ils ont marché des milliers de kilomètres. Pensons aux marches de Paul à travers l’empire romain! Mais c’est surtout Jésus qui a été « l’homme qui marche », comme le dit le livre de Christian Bobin. Il est sorti du sein de son Père pour marcher avec nous, comme pèlerin. Ressuscité d’entre les morts il est tous les jours avec nous sur nos chemins et il nous donne son Esprit pour que « nous marchions selon l’Esprit » (Gal 5,16,25).

2. Il les écoutait et les interrogeait »

Jesus a l’attitude du disciple : il écoute et pose des questions. Tout commence par l’écoute de la Parole de Dieu. 

Certainement il avait mémorisé une grande partie de la Bible. La connaissance peut rendre orgueilleux mais il gardait une attitude humble. Il est le modèle du disciple annoncé par le prophète : 

«Le Seigneur Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est épuisé; chaque matin, il éveille, il éveilmon oreille, pour que j’écoute à la manière des disciples.» (Esaïe 50:4)

     3. « Nous te cherchions avec angoisse ».

Angoisse de Marie d’avoir perdu Jésus : elle vit une sorte de « nuit de la foi ».  « Où es-tu, que fais-tu »? Tant de psaumes posent cette question. C’est aussi la démarche de la Bien aimée du Cantique des cantiques à la recherche de son Bien aimé.

Nous aussi, il peut nous arriver de traverser des « nuits de la foi », des moments, plus ou moins longs, où Dieu nous semble lointain, où nous avons perdu l’enthousiasme, où des tentations réapparaissent.

Ces nuits nous poussent à rechercher Jésus. Donc à creuser notre foi. Les épreuves ont un sens : ce sont des moments où notre communion avec Dieu peut s’approfondir. C’est en les vivant dans la confiance que nous devenons des disciples et que nous pourrons aider les autres.

Ces moments où nous passons de la désolation à la consolation de l’Esprit saint restent à jamais marqués dans notre esprit. Il nous faut les méditer. J’en ai vécu quelques uns et ils sont des phares dans ma vie spirituelle.

      4. « Marie retenait toutes ces choses »

Un bon exercice est de méditer régulièrement sur des tranches de notre vie. 

Nous arrivons à la fin de l’année : prenons du temps aujourd’hui et demain de repasser dans notre coeur quelques événements de l’année écoulée! 

Comme Marie nous avons à « retenir toutes ces choses » et à les méditer dans notre coeur (Luc 2,19,51). 

C’est l’attitude de celui ou celle qui pratique la « lectio divina ». Ses trois étapes – lire, méditer et prier, nous pouvons les vivre en relation avec la Parole de Dieu, mais aussi en relation avec les événements de notre vie. 

      5. «Il leur répondit: Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que j’ai à faire chez mon Père? Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Puis il descendit avec eux à Nazareth; il leur était soumis.» (2:49-51)

Par sa réponse surprenante, Jésus, le modèle du disciple, invite ses parents à devenir ses disciples, à savoir à mettre, comme lui, la confiance envers le Père en premier.

Il veut nous faire comprendre deux choses qui ne forment qu’une : Dieu est le Père de tous en Lui.

Et que nous avons à nous considérer tous comme ses enfants, actuels ou potentiels, et donc que nous sommes tous frères et sœurs.

Considérons donc chaque personne que nous rencontrons de cette manière : cela nous donnera une grande liberté.

La liberté des enfants de Dieu est au cœur de l’Evangile. Jésus veut faire entrer Joseph et Marie dans cette nouvelle liberté des enfants de Dieu. Et nous avec eux !

Voici le but de toute famille, qu’elle soit naturelle ou spirituelle, comme l’Eglise : non pas nous rendre dépendants les uns des autres, mais entrer dans cette liberté en Christ. Et à travers le Christ, découvrir que nous nous appartenons les uns les autres, car nous sommes membres de son Corps !

Demandons dans la prière cette confiance qui unissait Jésus à son Père et dans laquelle il nourrissait son extraordinaire liberté :

La confiance qui t’habitait et te soutenait sans cesse,

la confiance qui imprégnait tes pensées et tes actions,

donne-la nous, Seigneur !

Confiance en un Père qui nous aime sans condition,

en un Père qui appelle tous ses enfants

à une communion permanente avec lui,

et à le mettre en premier.

Dans les temps d’épreuve et d’angoisse

où tu sembles absent,

donne-nous de te rechercher d’autant plus,

comme Marie et Joseph !

Ne permets pas que nous désespérions

en nous repliant sur nous-mêmes !

Mais qu’avec une nouvelle énergie

nous nous tournions résolument vers toi !

Sur nos chemins de pèlerinage,

ne nous laisses pas seuls

mais envoie-nous des compagnons

pour marcher ensemble

et nous encourager les uns les autres.

Viens toi-même marcher avec nous

afin que nous grandissions vers toi,

en confiance et en liberté !

Nous deviendrons ainsi tes disciples

en te ressemblant de plus en plus,

en nous aimant de mieux en mieux.


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