Emmaüs : L’espérance à l’imparfait

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Chant : Emmaüs (Noël Colombier)

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Sur la route d’Emmaüs
Cheminaient deux compagnons.
Ils rencontrent un inconnu
Qui leur posa des questions.
On disait que ce Jésus
C’est fini : ils l’ont bien eu.

On croyait que c’était lui,
Que c’était lui le Messie.
Alors l’inconnu leur dit :
« Vous n’avez donc rien compris
Il fallait bien qu’il souffrît
Souv’nez-vous, c’était écrit. »

Puis avec eux il mangea,
Prit du pain, le partagea.
Brusquement il disparut
Tout comme il était venu.
Mais depuis, du fond du cœur,
Ils savent que c’est le Seigneur,
Car leur coeur se réchauffait
Lorsque l’inconnu parlait.

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Luc 24,31-34

« Nous avions l’espoir qu’il était celui qui devait délivrer Israël. Mais en plus de tout cela, c’est aujourd’hui le troisième jour depuis que ces faits sont arrivés.

Quelques femmes de notre groupe nous ont frappés de stupeur, il est vrai : elles se sont rendues tôt ce matin au tombeau

mais n’ont pas trouvé son corps. Elles sont revenues nous raconter qu’elles avaient eu une vision : des anges qui leur ont déclaré qu’il est vivant.

Quelques-uns d’entre nous sont allés au tombeau et ils ont trouvé tout comme les femmes l’avaient dit, mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

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Découragés, deux disciples de Jésus retournent à leur village d’Emmaüs.

« Nous espérions… », disent-ils à l’étranger qui les rejoint sur leur chemin.C’est tragique quand on parle d’espérance au passé.

L’imparfait traduit bien le désespoir, le chemin de deuil sur lequel avancent ces deux disciples : « Nous espérions, mais voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.»

Ce manque d’espérance, nous le retrouvons partout aujourd’hui. 

En Suisse, les pasteurs de ma génération espéraient que le christianisme pouvait encore se développer. Mais mon Église réformée se rétrécit, peu de jeunes étudient la théologie pour devenir pasteur …

Nous espérions que nos enfants, avec l’éducation qu’ils ont reçue de nous, puissent transmettre le flambeau de la foi à leurs enfants, mais combien d’entre eux persévèrent ?

Dans nos propres vies, nous devons parfois faire face à des situations humainement sans issue : un deuil cruel, une maladie incurable, la fin d’une grande amitié, une perte d’emploi, une traîtrise provenant d’un ami, une dépendance, une infidélité désastreuse…

Nous sommes tous, à un moment ou l’autre, sur la piste rocailleuse d’Emmaüs, abattus et sans réponse à nos problèmes.

Nous continuons à avancer parce qu’il faut bien aller de l’avant, mais le cœur n’y est plus. Notre chemin s’enfonce dans la nuit.

Et, comme les disciples d’Emmaüs, nous rentrons à la maison, oubliant que lorsque nous chutons, nous ne pouvons tomber que dans les bras du crucifié-ressuscité.

Mais, c’est lorsque nous avons l’impression d’être dans une impasse – osons l’espérer – que Dieu veut venir nous rejoindre.

Et, peut-être, justement parce que c’est une impasse, le Seigneur se joint à nous.

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Quatre chemins pour ranimer l’espérance 

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Charles Péguy écrivait au sujet de l’espérance : « Le facile et la pente est de désespérer et c’est la grande tentation ».
C’est pourquoi il invite à ranimer la « petite fille espérance » :
Comment Jésus s’y prend-il pour rallumer l’espérance ?
En relisant le récit des disciples d’Emmaüs. Jésus a quatre tactiques :
• D’abord il marche sur nos chemins
• Puis il nous rencontre comme une personne.
• Ensuite, il nous fait relire notre passé à la lumière des Écritures.
• Enfin il nous rencontre à travers un repas.
Deux ou trois personnes en chemin à cause de Jésus, et qui sont rencontrées par le Ressuscité.
Ouvrir les Écritures et rompre le pain ensemble sont les marques indispensables, pour que l’Église soit Église.
Et cela a aussi une grande signification pour le pèlerinage vers l’unité chrétienne.
Quatre « sacrements » en quelque sorte : ceux du Chemin et de la Rencontre, ceux de la Parole et de la Cène. Je vous invite à y réfléchir en marchant en 4 étapes
Comme je l’ai déjà dit, je vous proposerai une méditation sur le chemin d’Emmaüs en quatre moments :

  • Emmaüs, un chemin
  • Emmaüs, une rencontre
  • Emmaüs, une parole
  • Emmaüs, un repas
    Puis une dernière méditation sur le thème de « la blessure de la relation ».

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Une prière

Nous avons marché ensemble vers Emmaüs
et nous croyons que tu es le pèlerin invisible parmi nous.
Toi, le Ressuscité, tu nous ouvres les uns aux autres
et tu fais monter en nous une joie et une force nouvelles.

Désormais dans nos Emmaüs de chaque jour,
nous ne voulons plus marcher sans toi,
mais en tout, suivre le chemin que tu nous as tracé.
Chemin de justice et de paix, de vérité et de fidélité,
chemin qui nous conduit vers le Père et vers le cœur de chacun.

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Pour d’autres méditations sur Emmaüs, voir ici


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