En ouverture du congrès du mouvement des Focolari (Castelgandolfo, Rome, 26 mars 2025), une question a été partagée : pourquoi encore se préoccuper de l’unité des chrétiens aujourd’hui ? N’y a-t-il pas d’autres priorités ? Un bouquet de réponses a été donné : l’unité est plus essentielle que jamais ![1]
« Si nous sommes ici, c’est que nous voulons témoigner de notre unité et de la certitude de notre espérance en Christ », dit Margaret Karram, la présidente des Focolari. « L’unité est ancrée dans la résurrection du Christ. Que nous puissions en témoigner à tous ceux que nous rencontrons », tel est le moteur de sa vie.
Sandra Ferreira, la coresponsable du « Centro Uno », compare l’œcuménisme à un « chemin d’Abraham ». Comme lui, nous avons à laisser nos préoccupations pour prendre un autre chemin et construire l’unité entre nous.
« Nous voulons apprendre des richesses spirituelles des autres. « Ephata » – « ouvre-toi », a dit Jésus à un sourd muet ! C’est ce qu’il veut de nous : que nous nous ouvrions à Lui et les uns aux autres. Comment ? En élevant le thermomètre de l’amour réciproque » !
Enno Dijkema signale que l’année 2025 a trois jubilés : le jubilé catholique de l’Espérance et ceux des 1700 du concile de Nicée et des 60 ans de la levée des excommunications entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe.
Le credo de Nicée est reconnu par la presque totalité des Églises et il est le point central d’une prière oecuménique à la basilique S. Paul-hors-les-murs. Le thème de l’espérance a inspiré ce congrès. L’œcuménisme est un pèlerinage d’espérance et le Christ veut l’unité, car il a prié pour elle.
D’une cave vers le monde entier !
Pour les Focolari, le dialogue œcuménique est une pratique de tout le peuple de Dieu. Chiara Lubich, sa fondatrice, l’a appelé « dialogue de la vie ». Un dialogue où est impliquée la base de l’Église et qui est celui d’un peuple déjà uni (mais pas encore pleinement). Un dialogue qui n’exclut pas les autres dialogues (tel le dialogue théologique), mais les soutient et les dynamise.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, dans la ville de Trente, dans une cave où celle-ci s’était réfugiée avec ses compagnes durant les bombardements, elle a lu le « Testament de Jésus » sur l’unité au chapitre 17 de l’évangile de Jean. Elle a senti que ce texte deviendrait « la charte » de ce mouvement. Elle et ses premières compagnes ont alors répondu à cet appel. Désormais, un feu s’est répandu de cette cave vers le monde entier. Toutes les Églises ont été touchées par ce nouveau « charisme de l’unité ».
« L’Évangile est notre seule norme. Nous voulions obéir d’abord au Christ, sans programme préétabli », dit-elle dans une vidéo. « Chaque Église a quelque chose à donner : elle est un don pour les autres. Et nous voulons aimer l’Église de l’autre comme la nôtre ».
L’Église unie : une rosace illuminée par la lumière du Christ
Selon Callan Slipper, un théologien anglican, pour Jésus, les relations passent avant tout le reste : « C’est la miséricorde que je veux, pas le sacrifice » (Math 9,13 ; Osée 6,6). Notre culte est secondaire par rapport à la manière dont nous nous comportons les uns envers les autres. Il faut avant tout se réconcilier, avant toutes choses, même avant la prière (Mat, 5,23-24). Cela veut dire que nos relations sont le lieu de notre rencontre avec Dieu. C’est le sens de la prière de Jésus en Jean 17.
Les modes de sa présence sont divers, mais celle de sa présence au milieu de nous à travers nos relations est la plus importante. « L’œcuménisme, en réparant les relations, permet à l’Église d’être elle-même. Elle est une grande rosace, mais nos divisons la brisent en mille morceaux. Chaque morceau est beau en soi, mais tous manquent la splendeur de l’ensemble. Nous avons besoin de la beauté de cette rosace, à travers laquelle rayonne la lumière du Christ, la lumière du monde », affirme-t-il.
Passer de l’union à l’unité
Pour le théologien et philosophe Jesus Moran, nous avons à passer de l’union à l’unité. L’union n’est pas suffisante, car les parties restent juxtaposées. Elles ne changent pas et ne s’ouvrent pas sur le monde extérieur. Dans l’unité, en revanche, il y a interconnexion. L’intérêt général est premier. La croissance de l’autre coïncide avec sa propre croissance. L’unité est une relation trinitaire où les personnes s’interpénètrent. L’unité est la grâce que nous devons demander.
Pour lui, il est aussi important de comprendre le christianisme comme une manière d’être, pas comme une religion. Elle est une conformité radicale avec le Christ qui est venu pour apporter une nouvelle manière d’habiter le monde, pas d’abord une doctrine : « si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création » (2 Corinthiens 5,17). Comme C. Slipper, il insiste sur l’importance des relations : « Depuis le Christ, l’accès à Dieu est à la fois humain et divin. Qui suis-je ? Mon identité est d’abord d’être chrétien, en suivant le Christ. Son message fondamental est son commandement nouveau de nous « aimer les uns les autres comme il nous a aimés ». Les relations sont donc fondamentales ».
[1] Ce congrès a réuni 250 participants venus de 40 pays et de 20 Églises différentes. Parmi eux, douze évêques de diverses Églises. De plus, le streaming est diffusé dans 20 pays : https://www.youtube.com/watch?v=-It1CgHMQvM
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