Le sens des mots « Unité » et « Œcuménisme »

Le mot « Œcuménisme » dérive d’Oikouménè, mot grec venant du verbe oikéo (habiter) et de oikia (maison)

Selon Peter Neusner, il existe 7 définitions possibles de ce terme[1] : 

1. Ce qui concerne toute la terre habitée par opposition aux régions inhabitées (Hérodote, Xénophon) « Dieu jugera l’oikoumènè », dit Actes 17,31.

2. L’ensemble marqué par la culture grecque en opposition aux barbares (le grand empire d’Alexandre)

3. L’Empire romain : Les empereurs sont vus comme « bienfaiteurs et sauveurs de l’oikoumènè ». Auguste ordonne un « recensement de toute l’oikoumènè » (Luc 2,1).

4. Ce qui est universellement légitime dans l’ensemble de l’Église (Eusèbe de Césarée)

5. Ce qui représente la capitale de l’Empire (Byzance). Le patriarche de Constantinople est encore aujourd’hui appelé le « patriarche œcuménique ».

6. Ce qui exprime une communion spirituelle et une activité missionnaire aux dimensions du monde (dimension chère aux chrétiens évangéliques)

7. Ce qui exprime et vise l’unité pratique (Henri Dunand et Nathan Söderblom avec le mouvement du « Christianisme pratique) et l’unité dans la foi des chrétiens et des Églises (Foi et Constitution, Groupe des Dombes)

A ces sept définitions, on a récemment ajouté une huitième : ce qui concerne et réunit la communauté des religions de l’humanité (B. Panikkar, Hans Küng)[2]. Mais il s’agit là plutôt du dialogue interreligieux


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Unité

Le Nouveau Testament utilise plusieurs images pour parler de l’unité. Elle est d’abord un attribut de Dieu que les chrétiens sont appelés à vivre. Au chapitre 17 de l’Évangile de Jean, Jésus prie pour que ses disciples soient unis comme le Père et le Fils sont unis entre eux. (v. 21). Et comment vivent le Père et le Fils ? Toujours tournés l’un vers l’autre dans l’amour. C’est ce que Jésus a révélé en aimant Dieu jusqu’au bout. Pour nous il n’y a pas d’unité possible sans amour, avec un regard sur Jésus crucifié et ressuscité (Jean 12,32) !

L’unité est ensuite une des caractéristiques de l’Église. Pour Paul, elle s’enracine dans l’unité du Dieu trinitaire : « Il y a un seul Esprit… un seul Seigneur (Jésus-Christ) … un seul Dieu, Père de tous » (Éphésiens 4,4-5). Par conséquent il ne peut y avoir qu’un seul peuple de Dieu, un seul Corps du Christ, un seul Temple de l’Esprit.

Cette unité donnée par Dieu, les chrétiens ont la vocation de la rendre visible entre eux et entre leurs diverses communautés en étant fidèles à la croix et à la résurrection du Christ, qui est le cœur de l’enseignement des apôtres, en priant ensemble, en partageant le pain eucharistique, en vivant la communion fraternelle, en annonçant l’Évangile et en s’entraidant comme nous pouvons le lire dans le chapitre 2 du livre des Actes (v. 42-45).  

Unité et œcuménisme : est-ce la même chose ?

En conclusion, les termes unité et œcuménisme ne recoupent pas la même réalité. Le premier désigne la nature profonde de Dieu et de l’Église, le deuxième un mouvement (qui vient certainement de l’Esprit) visant à rétablir l’unité visible de l’Église.   

Martin Hoegger


[1] Théologie œcuménique. Paris, Cerf, 2005, pp. 14-29

Consulter aussi : « Histoire et dimensions de l’oecuménisme »


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