Pratiques de l’économie de paix

Castelgandolfo 1e juin 2024. Une des forces du mouvement des Focolari est d’allier l’aspect théorique des thèmes abordés à des témoignages pratiques. Dans le cadre de la récente conférence interreligieuse organisée par ce mouvement aux vastes horizons, six acteurs de différentes religions ont témoigné de leurs engagements, après que cinq économistes aient présenté leurs réflexions. (voir l’article ici)

L’Indonésien Lawrence Chong, de Singapour, membre du Dicastère pour le dialogue interreligieux du Vatican, témoigne de son parcours dans ce dialogue et avec le mouvement des Focolari. Il a aussi eu l’occasion de participer à des rencontres de « Religions pour la paix », dont il a été le modérateur pour l’Asie, comme jeune leader.

La rencontre avec le Shanti Ashram a changé sa vie, ainsi qu’avec le mouvement bouddhiste japonais Risshō Kōsei Kai. Selon lui, les jeunes n’avanceront pas si on ne leur donne pas la possibilité de devenir des leaders. Chiara Lubich l’a inspiré en créant de nouvelles structures pour le dialogue. Les paroles sont vaines si elles ne mènent pas à l’action et à considérer les autres sur un plan égal. La fraternité ne se produira pas si on ne change pas l’économie, lui a dit le pape François. Pour cela, il faut combattre l’égoïsme qui est structurel dans le système économique actuel.

Il a fondé une entreprise avec un protestant et un musulman. Ce qu’il a vécu à Singapour, il l’a fait aussi dans d’autres pays. Il est possible de réaliser des projets dans d’autres contextes, comme la construction d’un nouveau village en Malaisie, appelé « paradis » (Sarawak), où l’on pratique l’économie de communion.

Vivre l’amitié avec tous

Hayat Zitouni rappelle l’histoire du mouvement des Focolari en Algérie, dès 1964. Un petit groupe de quatre personnes a commencé une communauté avec un seul but : vivre l’amitié avec tous, dans un pays musulman à plus de 99%. L’expérience devient populaire parmi les musulmans. Les rencontres d’été (appelées « Mariapoli ») doivent même refuser du monde. L’imam de Tlemcen est ensuite devenu un grand ami de C. Lubich et des Focolari.

Pour elle, le dialogue de la vie est une expérience quotidienne qui nous pousse vers les autres. Lors de la cérémonie de béatification des moines de Thibirine, les Focolari ont contribué au bon déroulement de cette importante manifestation pour l’Église d’Algérie. Mais, c’est surtout à travers des actions caritatives que le mouvement agit. À travers les Focolari, elle a eu aussi une perception plus positive du peuple juif.

« Le dé de l’amour »

Santi Wongyai, de Thaïlande, est un musicien et enseigne l’art à des enfants birmans émigrés, très pauvres. Il leur donne aussi des cours de Thai afin qu’ils puissent s’intégrer. Mais, leurs parents ont préféré de les faire travailler dans les champs de canne à sucre.

Dans la province de Chiangmai, il enseigne aux enfants venus au temple bouddhiste le « dé de l’amour ». Avec beaucoup de charisme, il prend alors sa guitare et chante un chant qu’il a composé sur ce thème.

Responsabiliser les enfants

Vijay Gopal, de l’Inde, appartient au Shanti Ashram, et s’engage en faveur de l’enfance défavorisée. Éliminer la pauvreté des enfants construit un monde en paix. Pour cela, il faut leur donner la priorité pour leur bien-être. Plus de 140 milles jeunes volontaires sont engagés et viennent de diverses couches sociales et traditions religieuses.

L’approche est centrée sur le leadership des enfants. Les enfants jouent un rôle clé dès le début. On les respecte, les inclut et les responsabilise. Les Focolari ont collaboré à ce programme et l’ont rendu davantage opérationnel. En 2024, ce programme réalisé dans seize États de l’Inde sera reproduit dans dix autres.

Un jeune membre de ce grand mouvement témoigne ensuite qu’il a commencé à travailler à ce projet à l’âge de 15 ans, en prenant soin d’une famille très pauvre. « Cela a eu un impact énorme sur mon parcours et m’a aidé à mieux me comprendre, dit-il. Le volontariat joue un rôle clé pour favoriser l’inclusion et la résilience sociale. Nous pouvons vaincre la pauvreté… mais ensemble ».

Aux côtés des SDF

Harvey Livschitz vient de la Nouvelle-Zélande et est engagé dans le conseil interreligieux de Wellington. Il a découvert le Focolare durant le confinement au temps du covid-19. En collaboration avec un pasteur, il s’est occupé des Sans domiciles fixes (SDF), par des ventes de nourriture, de ceintures et de bijoux, ainsi que des objets faits à partir d’objets recyclés. « Le but de cette action n’est pas seulement de générer du profit, mais surtout de susciter le sourire sur le visage des personnes qui retrouvent une dignité », dit-il.

« Dare to care »

L’indonésien Sri Safitri Oktaviyanti est engagé dans « Dare to Care », un programme diaconal des Focolari. L’Indonésie, c’est 17000 îles avec plus de 200 millions de personnes, à majorité musulmane. La devise du pays est « unité dans la diversité ».

Ce programme veut prendre soin des pauvres, par la distribution de repas et d’autres actions caritatives, en particulier pour les sans-abris et les enfants de familles défavorisées. Dans un contexte où l’écologie n’est qu’à ses balbutiements, Dare to Care prend soin aussi de l’environnement, afin de mettre en pratique les indications de l’encyclique « Laudato Si » sur l’écologie intégrale, avec des actions comme le nettoyage des plages ou la plantation d’arbres.

Le troisième point d’attention est la prise en charge de marginalisés, comme les personnes âgées, les orphelins et les handicapés. Un autre point est la rencontre avec les minorités religieuses, en les invitant à des repas communs.

Autres articles sur ce congrès : https://www.hoegger.org/article/une-seule-famille-humaine/


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