Le jeûne dans l’Ancien Testament et le judaïsme

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Pendant cette semaine de jeûne intégral vécu au Mont sur Lausanne (du 14 au 21 mars 2024), nous approfondissons le sens du jeûne dans l’Ancien Testament et le Judaïsme, et son actualité pour nous chrétiens, qui jeûnons pour préparer Pâques, fête de la rencontre avec le Christ ressuscité.

L’icône ci-dessus représente le prophète Élie nourri par un ange, qui lui permettra de jeûner pendant 40 jours, durant sa marche vers le mont Horeb. Nous n’allons pas jeûner 40 jours comme Moïse, Elie, Jésus, mais 7 jours ! C’est déjà pas mal ! Le cadre de ce jeûne que nous vivons depuis 25 ans dans notre région est bien précis. Aucune place à l’improvisation !

En vivant ce jeûne, nous croyons que nous faisons partie de ce que Dieu fait dans le monde. Chaque soir, durant une heure, tout au long de cette semaine nous allons partager, méditer la Bible et prier ensemble pour la paix.

Plan de cette étude

A. Quelques figures de jeûneurs: Moïse, David, Élie, Daniel

B. Le jeûne, signe d’affliction et d’humilité : le jour des expiations.

C. Jeûnes en cas de crises nationales, guerres, catastrophes: Jeûnes après des défaites militaires, les jeûnes de Josaphat, Esdras, Esther, Jonas.

D. Les jeûnes de commémoration. Tisha B’Av.

E.  Le jeûne selon Esaïe. Pratique de la justice et de la réconciliation

Introduction : se désencombrer par le jeûne.

Dans un texte sur le lien entre le jeûne et le repas, le rabbin Gilles Bernheim remarque que « manger est un acte éminemment égoïste, non pas au sens moralisateur, mais dans le sens où l’égo est au centre, où tout est ramené à mon quant-à-moi.[1] »

Pour contrer cette tendance, réciter une bénédiction avant le repas veut dire : « la créature a été créée par Dieu – donc la nourriture ne m’appartient pas à moi seul, mais avant toute chose au Créateur ». La bénédiction vient interrompre le processus du « moi d’abord ».

Les jours de jeûne dans la Bible et la tradition juive viennent aussi nous libérer de l’habitude de s’approprier la nourriture, même lorsque nous récitons des bénédictions. Le jeûne est « un rétrécissement du désir »; il nous désencombre de tout un fatras. En le pratiquant nous remettons les priorités essentielles : Dieu en premier dans nos vies et attention à autrui.

Durant cette semaine, nous pouvons baisser le rythme de notre vie. En réduisant nos temps de repas à un bouillon ou une décoction, nous pourrons prendre des temps de réflexion, de partage, de prière personnelle ou commune.

Voici quelques suggestions :

  • Reprendre le passage que nous avons médité dans nos rencontres. Et avoir un échange à son sujet. Jésus lui-même a chéri ce moment privilégié qu’est le repas pris ensemble pour entrer dans des dialogues.
  • Nous pouvons aussi prendre du temps pour prier ensemble, en ayant partagé préalablement les situations ou les personnes qu’on aimerait confier. A propos de Matthieu 18,20s (le texte sur la prière à deux ou trois, qui exige préalablement de se mettre d’accord), Jean Chrysostome écrivait : « Il faut prier en se fondant sur la concorde. Ce que quelqu’un ne peut obtenir, l’unanimité l’obtient ».
  • Nous pouvons faire un jeûne de la langue qui est si souvent critique. Essayons de passer toute cette semaine sans dire une seule parole contre le prochain (voir Romains 14,4 : « qui es-tu pour juger » ?)
  • Si nous sommes seuls durant le repas, nous pouvons, par exemple, écouter sur CD (ou une application ou sur Internet) un passage de la Bible. Prendre par exemple tout un Évangile.
  • Lundi matin, je vous propose de faire une promenade sur le parcours du Chemin de S. Jacques de Compostelle depuis la Clochatte au Mont sur Lausanne, jusqu’à la Cathédrale de Lausanne. Départ à 10h. Le jeûne est aussi une sorte de pèlerinage, avec ses hauts et ses bas, ses vallées obscures et ses oasis. Puis visite de la cathédrale et de son sens spirituel. On remonte en bus jusqu’à la Clochatte. Et on prend le bouillon ensemble chez moi.

Nous participerons aussi à la célébration du « Jeûne d’Esther », le jeudi 21 mars à 18h30, à la synagogue de Lausanne, suivie d’un entretien avec le rabbin Eliezer Shaï Di Martino, sur le sens du jeûne dans le judaïsme.

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[1] En Jean-Claude Noyé, Le grand livre du Jeûne, Albin Michel, Paris, 2007, p. 20


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