ombres et lumiere

Ombres et lumière

Découvrir qu’il n’y a pas d’ombres sans lumière, ni de lumière qui ne provoque d’ombres, est une expérience physique de tous les jours. C’est aussi une expérience humaine et spirituelle.

 

Dans nos moments sombres nous découvrons qu’une lumière n’est pas absente ! Mais aussi dans nos moments lumineux nous nous souvenons que les ténèbres peuvent ressurgir d’un moment à l’autre. La force de notre foi chrétienne est de croire qu’un jour la lumière vaincra définitivement les ténèbres, parce que le Christ ressuscité est victorieux.

Ombres et lumière. Souvenons-nous de Vendredi saint et du matin de Pâques !

Impressionnante est la descente de Jésus vers les ténèbres : il subit la moquerie, le mépris, les accusations, un jugement inique, l’ironie, la souffrance physique de clous qui le transpercent. Ses disciples l’abandonnent, après que deux l’aient trahi et renié. Pour signifier cette descente, l’obscurité se fait sur tout le pays durant trois heures.

C’est à ce moment que Jésus vivra une obscurité intérieure sans doute encore plus terrible. Alors qu’il a tout perdu, qu’il est cloué nu sur une croix, Jésus perdra ce qui lui est le plus précieux. A un moment donné il a le sentiment que sa relation avec Dieu s’obscurcit. Il s’écrie avec les paroles du Psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » ?

Jésus entre ici dans l’obscurité la plus totale. Il la vit pour que nous n’ayons plus à la vivre. Il l’assume pour que nos nuits ne soient plus jamais totalement obscures. Il entre dans l’enfer pour nous délivrer de tout enfermement.

Quand je vis des temps d’obscurité, quel est mon regard sur Jésus crucifié ? Telle est la question que je me poserai. Regarder à Jésus abandonné, tel est le réflexe que désormais j’aurai dans ces moments.

Mais, alors que Jésus meurt dans son cri de déréliction et d’abandon, déjà il y a quelques lueurs – je ne dirai pas lumières – de résurrection. Regardons de plus près : le rideau du temple se déchire, symbole d’un accès direct à Dieu grâce à la mort de Jésus ; des morts ressuscitent et sortent des tombeaux, signe que les temps derniers sont arrivés ; un capitaine romain et des soldats sont frappés par l’attitude de Jésus et confessent qu’il est le Fils de Dieu.

Et puis, en criant ce verset du psaume 22, Jésus confesse aussi sa confiance. Alors qu’il se sent abandonné par Dieu, il ne l’abandonne pas. Il prie un psaume qui – il le sait – se termine par des promesses de lumière et de vie. Jésus est resté jusqu’à l’extrême tourné vers Dieu, dans la confiance, et tourné vers les hommes dans le pardon, le non jugement et la miséricorde.

Comme il y a des lueurs de résurrection lors de la crucifixion de Jésus, il y a, inversement, des zones d’ombres dans la lumière de Pâques. D’abord la terreur des gardes qui se tiennent à l’entrée du tombeau : « Ils se mirent à trembler et devinrent comme morts ».

On est frappé par la difficulté qu’ont les apôtres à croire à la grande nouvelle de la résurrection de leur Maître (« certains eurent des doutes », l’exemple de Thomas et des disciples d’Emmaüs).

Puis on découvre le montage des autorités religieuses pour dissimuler la vérité. Pots de vin aux soldats témoins des événements de Pâques, mensonge, chantage. On fait tout pour étouffer l’affaire Jésus afin que Pilate le gouverneur ne l’apprenne pas. Opportunisme politique !

Le risque de toute autorité, qu’elle soit religieuse ou politique, est d’utiliser son pouvoir afin d’arranger une vérité qui soit à son avantage ou qui plaise au monde.

Le message de la résurrection met radicalement en question les abus de pouvoir, les mensonges et la corruption. Ne soyons alors pas étonnés que la lumière dont nous voulons être les témoins provoque des ombres !

Martin Hoegger


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