S. Petrone.Liturgie

Le shabbat et le dimanche

Avec la Résurrection du Christ, le premier jour de la semaine s’est ajouté au shabbat. Rappelons que la Résurrection du Christ et le don de l’Esprit à Pentecôte – ces deux événements que le peuple juif attendait à la fin des temps – sont situés le premier jour de la semaine.

Rappelons aussi que pour les juifs, c’est au soir qu’un nouveau jour commence

On voit qu’au début les disciples du Messie Jésus continuent à observer le shabbat, mais au soir de celui-ci, ils font aussi mémoire de la Résurrection de Jésus. Pour cela ils se réunissent pour un repas, « la fraction du pain ». C’est ce qu’on voit dans le livre des Actes, où la communauté est réunie pour écouter Paul. Il prêche si longtemps qu’un jeune homme s’endort et tombe de la fenêtre. On le trouve mort, mais Paul le relève vivant, puis il rompt le pain, à savoir célèbre le repas du Seigneur (Cf Actes 20,7ss).

Mais ce beau lien entre le shabbat et le dimanche a été malheureusement perdu, notamment à cause de l’antijudaïsme de l’Église qui s’est manifesté très tôt, dès le début du 2e siècle. C’est une grande richesse de redécouvrir ce lien aujourd’hui. Le dialogue judéo-chrétien nous y aide !

 

Retrouver le sens du dimanche aujourd’hui

J’aimerais, en conclusion, rapidement lancer trois invitations : ne pas déserter les assemblées ; mettre le repas du Seigneur au cœur du dimanche et retrouver le lien du dimanche avec le shabbat.

 

a. La crise du dimanche ne date pas d’aujourd’hui

Déjà les premiers chrétiens étaient exhortés à « ne pas déserter les assemblées » (Hébreux 10,25), alors qu’ils savaient qu’on ne peut vivre la communion avec le Seigneur sans vivre la communion avec les frères et sœurs. 

L’Enseignement (Didascalie) des apôtres, un texte du début du 3e siècle exhortait : « ne vous laissez pas aller et ne privez pas le Sauveur de ses membres, ne déchirez pas son corps et ne le dispersez pas en ne participant pas à l’assemblée ». (II,59,3)

La crise du dimanche ne date donc pas d’aujourd’hui ; le premier signe de la crise de la foi est l’abandon du culte. Y participer n’est pas une question de discipline, mais d’identité chrétienne.

 

b. Le repas du Seigneur au cœur du dimanche

Très tôt, le cœur du dimanche a été le repas du Seigneur. Par la communion au pain et au vin, se vit la communion au Corps du Christ.

Pour les premiers chrétiens, il était un acte essentiel. Ils lui accordaient la priorité sur tout, au point de le célébrer avant l’aube et de le prendre en temps de persécution, quand il était interdit, comme l’ont fait les martyrs d’Abitène, en 301. Ceux-ci ont répondu au consul romain qui les a mis à mort : « sans le repas du Seigneur, nous ne pouvons pas vivre ».

Quelle est la place du repas du Seigneur ?  Pouvons-nous dire avec le martyr Félix : « On ne peut être chrétien sans le repas du Seigneur, ou célébrer le repas du Seigneur sans être chrétien ».

 

c. Retrouver le lien du dimanche avec le shabbat.

J’ai déjà dit que le dimanche chrétien n’abolit pas le shabbat juif, ni ne le remplace, mais l’enveloppe de la lumière de la résurrection de Jésus. Redécouvrir le sens du shabbat juif nous conduit à :

  • reconnaître le Dieu créateur en respectant son rythme écologique,
  • faire mémoire de la libération passée, présente et future,
  • prendre de la distance par rapport à notre travail,
  • vivre le temps de l’écoute de Dieu dans la paix et le repos,
  • faire la fête en prenant soin de notre famille, de nos amis et en pratiquant une convivialité qui s’étende aux pauvres.

 

En résumé

Le shabbat est le mémorial de la création, de la rédemption et de l’alliance. Le dimanche, quant à lui, intègre des valeurs du shabbat. Il fait mémoire de la résurrection du Messie, événement par excellence de la nouvelle création, de la victoire de la lumière sur les ténèbres et de la vie sur la mort.

Durant la célébration du repas du Seigneur, on annonce « la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne ». Le dimanche est anticipation du retour du Seigneur à la fin des temps.

Que le Christ, maître du shabbat, nous attire à lui pour donner le repos à nos âmes ! (Mat 11,28)

Qu’il fasse de nous les témoins de sa glorieuse résurrection que chaque dimanche proclame !

 

Prière eucharistique

Intrication entre la prière de bénédiction du pain et du vin lors du shabbat (en rouge) et la liturgie (abrégée) eucharistique attribuée à Hippolyte de Rome, une des plus anciennes:

Alors qu’il se livrait lui-même à la souffrance

pour détruire la mort,

briser les chaînes de l’Ennemi

et fouler aux pieds la puissance du mal,

pour donner à ton peuple la lumière,

inaugurer le monde à venir

et manifester la résurrection,

 

Jésus prit du pain et rendit grâces :

« Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, roi de l’univers

qui fais sortir le pain de la terre » !

 

Puis il le rompit, le donna à ses disciples et dit :

« Recevez, mangez, ceci est mon corps, livré pour vous ».

 

De même, il prit la coupe et rendit grâce :

« Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, roi de l’univers

qui crée le fruit de la vigne ».

 

Puis il la leur donna et dit :

« Ceci est mon sang, versé pour vous.

Quand vous faites cela, vous faites mémoire de moi ».

 

Nous souvenant donc

de la mort du Christ et de sa résurrection,

nous plaçons devant toi ce pain et ce vin ;

Nous te remercions de ce que tu nous permets

de nous tenir en ta présence et de te servir.

 

Envoie ton Saint-Esprit sur notre célébration !

Rassemble-nous dans l’unité et remplis-nous tous de l’Esprit saint !

Que notre foi soit affermie dans la vérité

et que notre vie te loue par ton Serviteur Jésus-Christ.

Par lui te soient rendus gloire et honneur dans ton Église,

maintenant et dans les siècles des siècles.

Maranatha, Amen, Viens Seigneur Jésus, viens bientôt !

 

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Image : Stig Petrone. Liturgie


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