Transformation du regard

Quelle image avons-nous de Jésus ?  « Qui dites-vous que je suis », a-t-il demandé un jour à ses disciples ? L’Évangile de ce dimanche nous appelle à transformer notre regard sur lui. (Matthieu 11,1-11)

Jean Baptiste avait annoncé la venue d’un Messie qui apporte le jugement avec l’image du moissonneur séparant le grain de la bale. Mais Jésus est venu « doux et humble de cœur », ému de compassion devant la souffrance de son peuple.

Jean est en prison. Bientôt il sera exécuté. Le mal continue…le Messie vainqueur du mal semble bien loin, Alors qui est-il, se demande Jean ? « Es-tu celui qui doit venir » ?

Jean a un doute. Jésus n’est-il qu’un prophète ? Doit-il en attendre un autre ? Une question qui reste décisive jusqu’à ce jour ! Si Jean, qui était si proche de Jésus, se pose cette question, on peut comprendre, a fortiori, que beaucoup aujourd’hui se posent des questions sur le Fils de l’Homme !

Jésus est-il le révélateur définitif de la Parole divine ? Comment croire que cet homme qui finit lamentablement sur une croix est le Sauveur ?

Si Jean a eu besoin d’une transformation de son regard, à combien plus forte raison en avons-nous aussi besoin !

 

Heureux les pauvres

La réponse de Jésus à Jean est dans le registre : « on reconnaît l’arbre à ses fruits ». Les fruits de l’action de Jésus sont lus à la lumière du prophète Esaïe qui annonçait les signes des temps messianiques : les morts qui ressuscitent (26,19), les aveugles, les sourds, les boiteux qui sont guéris (35,5-6).

Plus importante que les guérisons, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. C’est le contenu de la prédication de Jésus à Nazareth (Luc 4,18-19).

« Heureux les pauvres » : ce sont les premiers mots de sa prédication. Le Royaume vient quand Jésus accueille les pauvres et les sert. De même aujourd’hui, comment vient le Royaume de Dieu ? Quand nous servons les autres de manière désintéressée !

Les signes du Royaume sont là…mais ce n’est pas le feu qui descend du ciel sur les impies. Le Royaume ne vient pas à frapper le regard. Il est en nous, au milieu de nous. Il est Jésus, le verbe incarné, Dieu caché dans le charpentier de Nazareth. Dieu caché dans nos gestes d’amitié, de pardon et de réconciliation.

 

La béatitude fondamentale 

La conclusion de Jésus est provocatrice : « Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi » ! (v. 6) C’est aussi une béatitude. Peut-être la plus fondamentale ! Elle vient avant toutes les autres : « Heureux les pauvres, les doux, les justes, les miséricordieux, ceux qui pleurent, ceux qui font la paix »…

Elle invite à mettre Jésus en premier dans notre vie, à le choisir avant tout autre et à ne nous laisser dominer par rien. Donc à couper tout ce qui risque de nous séparer de lui ! Couper pour mieux l’aimer et en lui chaque prochain qu’il met sur nos chemins.

Jésus me pose la question fondamentale : comment est-ce que je me situe par rapport à lui : « Celui qui doit venir » ?

Alors pour être guéris de nos cécités, libérés de nos enfermements et relevés de nos chutes, venons à lui et disons-lui : « Oui, tu es celui qui doit venir ! Et il n’y en a pas d’autre. Je mets ma confiance en toi » !

 

Prières pour changer de regard

 

Un jour viendra, Seigneur, ton jour

où tu rassembleras l’humanité entière

autour de toi, dans une fête sans fin

où tous danseront et se réjouiront.

Que ce jour béni vienne bientôt

et mette fin au cortège de violences et de souffrances !

Ce jour commence discrètement

quand je regarde ceux que tu mets sur mon chemin,

avec des gestes qui disent ton accueil

et partage ta parole.

Seigneur, fais de moi un artisan de ce grand jour,

dans le cours des petits jours

que ta patience et ton amour me donnent !

***

 

Tu viens à nous

et ne nous laisse pas comme avant.

Tu changes l’eau en vin

et nos cœurs de pierre en cœurs de chair.

Tu nous appelles

à mettre notre vin dans des outres neuves,

et à coudre une étoffe neuve sur un vêtement neuf.

Chaque jour tu veux nous rencontrer

pour que nous participions à ta nouveauté.

Je viens à toi maintenant

pour ne pas rester comme avant.

Change mon cœur, toi, l’époux !
Change mon regard, toi l’ami !

Change mon style de vie, toi le serviteur !
Change mon humanité, toi mon Seigneur et mon Dieu !

***

 

Qu’en chaque homme je voie plus qu’un homme :

une personne aimée par toi,

façonnée à ton image,

habitée par l’Esprit,

entourée d’une multitude d’anges,

en qui Jésus m’attend

et en qui la Trinité agit !

Aiguise mon regard

pour voir mon prochain tel que tu le vois !

Alors je ne pourrais plus

ni le juger, ni le mépriser,

encore moins lui être indifférent.

Mais l’accueillir et l’écouter,

l’accompagner et l’encourager.

Viens et demeure en moi

pour que je voie

l’invisible dans le visible,

et le divin dans l’humain

***

 

Viens, Père des pauvres,

tourner nos regards vers eux,

dignes images de Toi !

Viens, Fils bien-aimé,

réunir nos regards en Toi,

vraie image du Père invisible !

Viens, Esprit de grâce,

transforme nos regards sur le Fils

pour que son image se forme en nous !

***

 

Donne-moi trois regards, Seigneur !

Le regard du citoyen qui prend soin du lopin de terre

où il vit et exerce ses responsabilités.

Le regard de l’époux et du père qui transmet et défend la vie

pour ses enfants et les enfants de leurs enfants.

Le regard intérieur de la confiance

sans laquelle rien ne tient

mais par laquelle tout prend sens.

Oui, Seigneur, aiguise en moi ces trois regards ;

habite-les aussi de foi, d’amour et d’espérance !

***

 

Esprit saint, donne-moi

le regard et le cœur de Marie sur Jésus,

le regard et le cœur de Jésus sur le Père,

le regard et le cœur du Père sur tout être !


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