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Cultiver et garder son jardin

Le thème du calendrier de Carême de cette année est « Je récolte ce que je sème ». Il invite à réfléchir sur l’importance des semences dans l’agriculture et attire en particulier l’attention sur le danger de l’uniformisation. Durant cette semaine, je partage quelques méditations sur ce thème de la « semence » avec un groupe d’une dizaine de jeûneurs qui se retrouve chaque soir sur skype.

Ainsi « durant des millénaires, paysans et paysannes ont préservé et amélioré plus de 10’000 plantes, qui se déclinent toutes en plusieurs espèces différentes, adaptées au climat local. Cette diversité est aujourd’hui menacée, puisque 90% de ces espèces ont déjà disparu de nos champs. A l’échelle mondiale, notre alimentation ne se base plus que sur 15 espèces végétales et 8 animales ».

Or, selon le premier chapitre de la Genèse, la diversité des espèces est un signe de la bonté de Dieu. Les plantes et les arbres produisant leurs semences, noyaux ou pépins sont une une bonne chose (Gen 1,12).

Toute la création, avec l’homme et la femme, ont comme vocation de grandir et de se multiplier : « Dieu les bénit ; Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous » (Gen 1,28). La croissance est la loi de la vie…mais elle doit advenir dans le respect de la création.

Un peu plus loin on voit que les plantes et arbres sont donnés à l’être humain pour nourriture. Celui-ci a comme mission de « cultiver et garder » le jardin dans lequel Dieu l’a placé. (Gen 2,15)

Cultiver, c’est l’œuvre d’agriculture et de culture. L’homme a cette vocation de travailler la terre pour se nourrir, comme il a une vocation culturelle, à travers le langage et l’écriture.

Garder : il doit protéger son jardin. Sa terre, comme son jardin intérieur. Pratiquer à la fois la garde de la terre contre les ravageurs de toutes sortes et la garde du cœur. Car il y a aussi un serpent, mystérieuse présence du mal, dans ce jardin (Gen 3,1ss). C’est pourquoi l’apôtre Paul écrit que nous ne battons pas seulement « contre la chair et le sang », mais contre des « puissances spirituelles mauvaises » (Eph 6,6).

 

Et le coronavirus ?

Le récit des origines constate la présence du mal, mais ne l’explique pas. Il y a quelque chose qui cloche dans la création, avec la présence du serpent, le « plus rusé de tous les animaux que le Seigneur a faits ». (Gen3,1)

Alors que les semences et les graines sont bonnes et utiles, il y a plein de parasites. Au niveau humain il y a aussi des virus et des maladies contre lesquelles il faut se battre.

La pandémie actuelle du Coronavirus nous rappelle que nous avons à « garder le jardin » de l’humanité contre ce virus !

Mais d’où vient-il ?

D’une origine animale ou d’un laboratoire ? Du diable ?

Pour la sagesse biblique, tout vient de Dieu. Une épidémie est un signe qu’il nous appelle à nous détourner de nos mauvaises voies et à nous tourner vers lui :

« Quand j’enverrai une épidémie contre mon peuple, si mon peuple, sur qui est invoqué mon nom, s’humilie, prie et me recherche, s’il revient de ses voies mauvaises, moi, je l’entendrai depuis le ciel, je pardonnerai son péché et je guérirai son pays » (2 Chroniques 7,14).

Ce constat nous paraît étrange, pourtant c’est la prière de l’Église à travers les siècles. Le Livre des prières publiques (Book of common Prayer, 1662) de l’Église d’Angleterre propose, par exemple, cette « prière en temps de Peste ou d’Épidémie » que nul n’oserait dire aujourd’hui :

« O DIEU tout-puissant, qui dans ta colère envoyas une plaie sur ton propre peuple dans le désert, à cause de son opiniâtre rébellion contre Moïse et contre Aaron ; qui aussi, au temps du roi David, fis mourir soixante-dix mille hommes par le fléau de la Peste, et qui cependant te souvins de tes compassions pour épargner ceux qui restaient ;

Aie pitié de nous, misérables pécheurs, qui sommes à présent grandement visités de maladie et de mortalité ; afin que, comme alors tu acceptas la propitiation qui fut faite, et que tu commandas à l’Ange destructeur de cesser d’exercer ses ravages, de même il te plaise maintenant de détourner de nous cette plaie qui nous fait tant souffrir ; par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen »

Comme en toutes choses, il ne faut pas tant nous attacher à la forme, mais plutôt à la substance.

Notre vie trouve son sens devant Dieu, à côté de Jésus qui, ressuscité, nous accompagne tous les jours de notre vie. Nous pouvons vivre tout avec lui qui connait nos cœurs et a traversé nos épreuves en restant dans la confiance envers son Père, jusqu’au bout.

Comme chrétien je veux vivre cette épreuve du Coronavirus devant le Christ et avec lui. A quel changement m’appelle-t-il? A quelle conversion? A quel autre style de vie? Cette belle prière de repentance d’un pasteur africain ouvre un chemin.

Cultiver le jardin avec la merveilleuse diversité des semences, graines, noyaux et pépins que Dieu a faites veut dire aussi le garder contre tout ce qui peut détruire notre création.

Et ce jardin est aussi celui de l’humanité, de la famille, de l’Église et de notre vie intérieure !

« Garder notre jardin » signifie, dans les circonstances présentes, vivre avec prudence nos interactions, rester à la maison, entrer dans sa chambre, en (re)découvrant ou en approfondissant la relation première qui donne sens à toutes les autres : celle avec Dieu qui veut pour nous une vie en abondance.

Que ce temps de jeûne nous y aide !

 

Quelques prières

I.

A l’origine tu as fait les espèces végétales et animales

dans une extraordinaire diversité.

Et à l’homme et la femme, créés à ton image.

tu as donné la croissance comme loi de la vie :

« Croissez et multipliez, peuplez toute la terre » !

Mais tu les as aussi appelés à cultiver et garder le jardin.

 

Alors, Seigneur, en ce temps de pandémie,

montre-nous comment garder ton jardin

contre cet ennemi pernicieux :

ce virus en forme de couronne.

 

Accorde à chacun prudence et espérance !

Donne sagesse aux autorités,

force et protection aux soignants !

Et augmente la confiance de ton peuple,

toi qui est sa couronne de beauté ! (Es 28,5)

 

II.

Sois loué, Père, pour la splendeur de ta création 

Sois loué pour le bleu du ciel et le rouge de la terre

Sois loué pour le souffle du vent et le murmure de l’eau

Sois loué pour les chants des anges et des oiseaux

Sois loué pour les danses des jeunes et des vieux

 

Sois loué, Jésus, Fils du Père, le plus beau des fils de l’Homme

Sois loué, tu as chanté la splendeur de la création

Sois loué, tu as regardé chacun avec amour

Sois loué, tu as fait du bien partout où tu as passé,

Sois loué, tu as lutté contre tout ce qui défigure la beauté

 

Sois loué, Esprit saint, amour du Père et du Fils

Sois loué, tu fais chanter nos cœurs devant la splendeur de la création

Sois loué, tu renouvelles et rafraîchis notre vie

Sois loué pour la Parole inspirée et la communion fraternelle

Sois loué pour ton Royaume venu déjà au milieu de nous

 

III.

Tu nous as créés pour que nous portions du fruit

Tu nous as parlé pour que nous chantions ta beauté

Tu nous visités pour que nous nous accueillions

Tu nous as sauvés pour que nous fassions le premier pas

Tu nous as guéris pour que nous prenions soin les uns des autres

Tu nous réconciliés pour que nous appartenions à une seule famille

Tu nous as pardonnés pour que nous sachions dire « pardon »

Tu nous as unis pour que nous résistions à tout ce qui divise

Tu nous as remplis de ton Esprit pour que nous construisions ensemble

Tu nous as lavés dans le baptême pour que nous vivions pour toi

Tu nous as partagé ton pain et ton vin pour que nous soyons un seul corps

 

Seigneur, dans ce moment de silence,

Donne-nous de reconnaître tout ce que tu as fait pour nous.

Devant toi, nous déposons ce que nous avons vécu sans toi.

Avec toi nous voulons désormais vivre.

 

Lire ici les autres méditations de cette retraite


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