icone des nouveaux martyrs

Les Béatitudes, biographie de Jésus et espérance des martyrs

Les béatitudes sont une biographie et un autoportrait de Jésus. La première chose à faire, lorsque l’on veut méditer l’une d’entre elles, est de voir comment Jésus l’a vécue. Chaque martyr, à la suite du Christ, a vécu aussi une béatitude particulière.

J’ai donné cette méditation dans le cadre d’une Veillée de prière de la Communauté de S. Egidio, à Lausanne.

Chaque mercredi saint, en effet, elle invite, à Lausanne et partout où cette communauté aux larges horizons se trouve, à une veillée « En souvenir de ceux qui ont offert leur vie pour l’Évangile au cours de ces dernières années ».

Une belle célébration dans la chapelle de la Maladière (qui accueillait les lépreux et les pestiférés au Moyen Age – des « martyrs de la santé !) autour de l’icône des « Nouveaux martyrs » (vous la voyez di-dessus)

 

Matthieu 5, 1-12

« Voyant les foules, il gravit la montagne, et quand il fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. Et prenant la parole, il les enseignait en disant:

Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux.

Heureux les doux, car ils posséderont la terre.

Heureux les affligés, car ils seront consolés.

Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.

Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi.

Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux: c’est bien ainsi qu’on a persécuté les prophètes, vos devanciers ».

 

Les évangiles sont d’un bout à l’autre la démonstration des béatitudes dans l’attitude du Christ. Jésus lui-même se propose comme modèle de pauvreté, de douceur, de paix, de pureté, de miséricorde, de serviteur persécuté, etc…  

Dans la liturgie orthodoxe les béatitudes sont chantées à chaque fois que l’Évangile est proclamé dans la divine liturgie.         

C’est l’indice liturgique qu’elles sont une synthèse de l’Évangile.

Mais c’est au moment de sa passion que le Christ vit pleinement les béatitudes, ce que nous rappelons quand nous chantons l’antienne qui les introduit et le conclut : « Souviens-toi de nous, Seigneur, au jour où tu reviendras ».

Ce chant est le cri du « bon larron » crucifié à côté de Jésus. Sur la croix, Jésus n’a aucun mouvement de colère, aucune menace, aucune violence, aucun désir de vengeance.

Seulement une immense miséricorde, un cœur pur et une profonde pauvreté: « Lui qui, insulté, ne rendait pas l’insulte, souffrant il ne menaçait pas » (1 P 2, 23).  

Sur la croix, Jésus est le martyr par excellence. Leur modèle.

Réciproquement, chaque martyr nous centre sur le Christ.

 

Les martyrs vivent une béatitude

Jésus a vécu toutes les béatitudes sur la croix, il est le « martyr des martyrs ». Mais les martyrs, quant à eux, ont vécu une béatitude particulière.

C’est ainsi qu’il y a :

– les martyrs de la justice et de la lutte contre la corruption comme Floribert Bwana Chui au Kivu : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice»… et tant d’autres encore !

– les martyrs de la paix et du dialogue comme Pierre Claverie et les moines de Thibirine : « Heureux les artisans de paix»… et tant d’autres encore

– les martyrs de la charité comme les Petites sœurs des pauvres au Congo, mortes pour avoir soigné des malades sachant qu’elles risquaient d’être contaminées : « Heureux les miséricordieux »…et tant d’autres encore !

– les martyrs de la douceur, comme Shabbaz Bathhi, au Pakistan, témoin courageux et doux de la fraternité avec les minorités religieuse de son pays : « Heureux les doux»…et tant d’autres encore !

– les martyrs de la pureté, comme Santa Scorese, en Italie, poignardée à l’âge de 23 ans : « Heureux les cœurs purs »… et tant d’autres encore !

– les martyrs de la foi comme Anant Ram Gand converti de l’hindouisme et assassiné récemment en Inde : « Heureux quand on vous persécutera à cause de moi »…et tant d’autres encore !

 

Faire mémoire d’un martyr, c’est rappeler le grand martyre du Christ et célébrer la victoire de sa résurrection.  

La commémoration des martyrs du Christ n’a de sens profond que si elle nous conduit au pied de la croix de Jésus, à l’aimer encore davantage et à le suivre de manière plus sincère et plus cohérente.

Sur la croix, en effet, Jésus vit tout l’Évangile. Il vit chaque parole qu’il a prononcée dans les évangiles, en particulier les béatitudes.

Par son attitude durant ce moment, il illustre également toutes les ver­tus : la force, la patience, la tempérance, la persévé­rance, la justice…

Le cœur de la biographie de Jésus, vers lequel chaque page de la Bible tend, est sa mort et sa résurrection.

Chaque Béatitude nous parle de Jésus crucifié et ressuscité. Sur la croix, Jésus a vécu la première béatitude, qui est le portique royal des sept autres que nous allons maintenant approfondir.

 

Jésus le pauvre

Jésus a été pauvre durant toute sa vie. Mais sur la croix il a vécu la pauvreté extrême de l’abandon, où il a perdu ce qui constituait son être même : la communion permanente avec son Père.

Il a vécu le plus profond abandon en prenant sur lui les conséquences de nos fautes, afin de nous réconcilier avec Dieu. Il s’est anéanti et vidé.  

Aucune pauvreté n’a été vécue de manière plus profonde que celle de Jésus dans sa « kénose » – à savoir son humilité extrême – si bien qu’il peut rejoindre et comprendre toutes nos pauvretés, qu’elles soient matérielles, physiques ou morales.

Par sa pauvreté, nous recevons la force, l’imagination et le courage de nous rendre proches des pauvres, des exclus, des abandonnés.

Jésus ne nous a jamais autant aimés et n’a jamais été aussi proche de nous que dans sa pauvreté de crucifié, car sur la montagne de Golgotha, contrairement à celle de la Transfiguration, il n’apparaît plus que comme un homme.

Et pourtant, nous dit Saint Jean, la gloire de Dieu se manifeste à ce moment, car, en même temps, il n’a jamais été aussi proche du Père. C’est par amour pour lui qu’il meurt et qu’il meurt de cette manière.

 

Les béatitudes, espérance de résurrection

Jésus a été pauvre, mais maintenant par sa résurrection, le Royaume lui appartient. La même logique de la croix et de la résurrection se retrouve dans les autres béatitudes.

Il a été le plus doux, mais maintenant il domine sur la terre entière.

Il a été affligé à l’extrême, mais maintenant il vit la consolation de la présence lumineuse du Père et il nous la transmet.

Il a accompli toute justice, mais maintenant il rassasie ceux qui la recherchent.

Il a été persécuté à l’extrême, mais maintenant il vit dans une allégresse sans fin, etc…

« Pour comprendre les Béatitudes…, il nous faut donc contempler le cœur transpercé du Christ crucifié. A la lumière de cette contemplation, nous pourrons relire tous les enseignements et les paraboles de Jésus relatés dans les évangiles ; toutes les paraboles sur le pardon, l’amour mutuel, sur l’humilité, sur la vigilance, sur la prière commune ».1

Sur la croix, Jésus a pleinement accompli chaque désir et chaque commandement de Dieu, car il est resté dans l’amour de Dieu et du prochain.

Et ce double amour est « la loi est les prophètes », l’accomplissement de la volonté de Dieu. Jésus crucifié devient donc le chemin qui mène à Dieu.

Si nous cherchons à simplifier notre vie et un chemin sûr pour conduire notre vie, il suffit de regarder vers lui et de vivre en Lui les Béatitudes.

1 Carlo Maria Martini, Les Béatitudes, Ed. Saint Augustin, Saint Maurice, 2000, p. 60.


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