Milliere dans les cartons

La spiritualité de la maison selon l’Evangile

         Dans les cartons après le déménagement. Un mot m’a frappé dans ce passage : la maison (Marc 3,20-35). Elle est mentionnée ou évoquée sept fois !

Si je vous dis que j’ai déménagé la semaine dernière, vous ne vous étonnerez pas que mon esprit ait été attiré par ce thème de la maison.

En fait je passe beaucoup de temps à découvrir ma nouvelle maison, avec aussi son lot de surprise, car elle a une quarantaine d’années…avec quelques imperfections qu’il s’agit de réparer.

Prenons donc ces versets les uns après les autres ! On peut y découvrir un véritable petit traité d’une « spiritualité de la maison ».

Mais en mentionnant la maison, l’Evangile parle davantage de ceux qui l’habitent que des quatre murs.

« J’aime ma maison, mais encore plus ceux qui l’habitent », dit une maxime.

L’Evangile parle donc de la « maisonnée » : de l’attitude de ceux qui vivent ensemble dans un même lieu, ou de ceux qui en sont les hôtes de passage

 

1. La maison, lieu du repos et du repas.

Jésus et ses premiers disciples ont choisi la maison de Pierre à Capharnaüm pour s’y reposer. Mais la foule vient à eux et ils n’ont même pas le temps de prendre leur repas. (v. 20)

Repos et repas : voilà la fonction première d’une maison ou d’un appartement. Table et lit, voilà les deux meubles les plus importants…quoique dans certaines cultures on les remplace par des tapis. Mais on a tous besoin de se reposer et de se nourrir…

Si Jésus, la Parole incarnée, a vécu trente ans de vie cachée dans la maison de Nazareth et s’il a été accueilli dans des maisons durant son ministère, il veut habiter nos maisons aujourd’hui.

Accueillons Jésus ressuscité comme notre vrai repos et notre vraie nourriture !

 

2. La maison, lieu des habitudes et de la confrontation

Ce récit dit que les membres de sa famille sortent de chez eux pour venir prendre Jésus, car ils disaient : « il a perdu la raison » (v. 21)

La maison est le lieu où nous avons des habitudes, par la répétition des mêmes gestes quotidiens. Nous avons tous besoin de points de repère.

Les membres d’une famille se connaissent les uns les autres. Tous sont différents les uns des autres. Parfois ces différences sont vécues comme des enrichissements, parfois elles dérangent.

Mais lorsque un membre de la famille sort des sentiers battus, on voudra le faire revenir dans la norme.

C’est ce qui arrive à Jésus : sa famille veut le normaliser.

La maison peut devenir le lieu d’affrontements, d’incompréhensions et de beaucoup de souffrances.

 

3. La maison, lieu de forces spirituelles.

Une maison est habitée non seulement par des personnes humaines, mais aussi par des forces spirituelles.

Aujourd’hui certaines personnes sont sensibles aux bonnes ou aux mauvaises ondes qui sont dans un lieu.

Des maîtres de la loi descendent de Jérusalem et accusent Jésus en disant : « Il a Belzébul », un des noms du diable. Ils accusent donc Jésus d’être possédé par le diable.

Or il est intéressant de savoir que ce nom signifie littéralement « Seigneur de la maison ».

Jésus réagit vigoureusement : le vrai « Seigneur de la maison » n’est pas Satan, mais lui-même. C’est lui qui veut habiter nos maisons.

Pour nous le faire comprendre il raconte la parabole de l’homme fort d’une maison qui est ligoté par plus fort que lui. Jésus est cet homme qui est plus fort que le plus fort des hommes. Il est celui qui a ligoté Satan par sa mort et sa résurrection. (v. 27)

C’est lui désormais qui veut être le maître de nos maisons.

C’est pourquoi il est si important que nos maisons soient des lieux où l’on s’attache à Jésus par la prière et où nous nous attachons les uns aux autres par l’amour réciproque.

C’est en nous liant les autres au Christ dans l’unité, que nous lions les forces spirituelles négatives et ne laissons aucune place au démon.

Permettez que je vous raconte une petite expérience qui m’a beaucoup fait réfléchir.

Il y a une quinzaine d’années j’ai emménagé  dans un appartement où chaque nuit je dormais mal, me réveillant souvent au milieu de la nuit avec des angoisses.

Que faire ?

J’ai invité trois amis à prier avec nous : un pasteur réformé, un diacre catholique et un prêtre orthodoxe.

Nous avons commencé par un partage d’Evangile sur la rencontre de Jésus avec Zachée, qui est le texte classique dans l’Eglise orthodoxe pour les bénédictions des maisons : « Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison », dit Jésus à Zachée.

Puis chacun a prié selon sa tradition dans une des trois pièces et nous avons prié ensemble le Notre Père dans la cuisine.

Après ces prières, dans les jours suivants, les malaises et les angoisses ont disparu.

Jésus était devenu « Seigneur de la maison ».

 

 4. La maison, lieu de la fraternité

Si la maison peut être un lieu de souffrances et de divisions – « Si une maison est divisée contre elle-même, elle ne peut subsister » (v. 25) – elle est surtout appelée à devenir un lieu de fraternité en Christ.

C’est la vocation de toute communauté religieuse, mais aussi de toute famille humaine.

Mais la réalité est souvent en deçà de cet idéal !

Jésus l’a expérimenté avec sa propre famille.

Celle-ci ne l’a pas compris et voulait le ramener dans son giron.

Il semble que même Marie n’a pas su résister à l’incrédulité des frères et sœurs de Jésus. Ou bien gardait-elle le silence, méditant ces événements douloureux dans son cœur ?

Peut-être son attitude est-elle semblable à la souffrance d’un conjoint croyant vivant avec un conjoint qui ne partage pas sa foi dans le Christ ?

Mais quoi qu’il en soit, Jésus appelle à faire de nos maisons des lieux de fraternité.

Comment ? Ses paroles sont claires comme l’eau de roche. En faisant la volonté de Dieu !

Ses paroles sont inoubliables : « Il regarda les gens assis en cercle autour de lui et dit : Voyez ! Ma mère et mes frères et mes sœurs sont ici. Car celui qui fait la volonté de Dieu est mon frère, ma sœur ou ma mère » (v. 34-35).

Reprenons l’image de la roue que j’ai développé récemment : plus les rayons convergent vers le centre, plus ils sont proches les uns des autres. Ainsi plus nous faisons la volonté de Dieu, plus nous sommes proches de Jésus qui est au centre

Pour le dire autrement plus nous sommes proches de Jésus en faisant sa volonté qui se résume en son « commandement nouveau » de l’amour réciproque, plus nous sommes proches les uns des autres.

Voilà le secret de la fraternité à laquelle nos maisons, nos familles et nos communautés sont appelées !

 

Que le Christ soit donc le Maître de nos maisons !

Qu’elles soient des lieux de repos et de rencontre où sa Parole est au centre !

Qu’elles soient des lieux où l’on passe de la confrontation à la communion !

Qu’elles soient des lieux où l’on vit le pardon pour surmonter toute division !

Qu’elles soient des lieux de fraternité en vivant le commandement nouveau !

 

Nous sommes venus de nos maisons

pour nous rassembler dans ta maison,

celle de la fraternité.

 

Nous sommes venus avec ce qui ce que nous sommes.

Donne-nous en cette heure passée devant toi

de nous vider de nos soucis et de nos projets,

de laisser de côté nos travaux et loisirs,

de mettre en mode silencieux nos portables,

de nous libérer de nos réseaux sociaux

 

Donne-nous de simplement vivre ce temps, le cœur ouvert

et de le brancher sur ton Esprit saint !

 

Tu connais ce qui fait nos vies :

nos espérances et nos résignations,

nos élans et nos repliements,

nos réussites et nos échecs,

nos bonheurs et nos crève-cœurs.

 

Dans ce moment de silence,

nous nous plaçons avec sincérité devant toi.

Viens parler à notre cœur

et donne-nous d’entendre à travers ta Parole

ton appel à la fraternité !

 


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