Confiance, un des plus beaux mots de la langue française – Luc 1,26-38

Autres textes : Esaïe 42,1-9 ; Philipiens 4,4-9

Dans les tensions et les oppositions, comment garder un cœur confiant ?

Comment nourrir des pensées sans envie et sans haine ?

Je l’ai découvert dans l’Evangile et en toi, Jésus.

Tu vivais dans un rapport continuel avec le Père,

Où tu accomplissais sans cesse sa volonté,

Au point de n’être qu’un, l’un dans l’autre.

Tu entrais dans une solitude que lui seul pouvait habiter,

Tu recevais une paix que lui seul pouvait comprendre.

Dans ce moment de silence, Jésus, je te demande une seule chose :

Apprends-moi à prier notre Père, comme toi tu le priais !

 

Confiance. Un des plus beaux mots de la langue français, de l’Evangile, de la vie chrétienne, de la vie tout court.

La confiance est nécessaire pour demeurer ensemble, construire ensemble, faire des projets ensemble.

Quand elle est là, c’est le bonheur. Mais quand elle vient à manquer, c’est une grande épreuve.

Quand une personne sans confiance est dans une position d’autorité, cela peut devenir terrible. Staline n’avait confiance en personne et faisait régner la terreur autour de lui en contrôlant toutes les personnes.

A partir des trois textes que nous venons d’entendre, j’aimerais parler de la confiance du prophète, de Marie et du chrétien.

 

 La confiance du prophète

De la part de Dieu, le prophète Esaïe « annonce du nouveau » « Avant que cela ne germe, je vous le fais entendre ».

Sa confiance fondamentale est que ce que Dieu annonce, il le réalisera.

Qu’annonce-t-il ? Il promet que le peuple en exil vivra un nouvel exode. Il prédit qu’une jeune fille deviendra enceinte d’un fils. Celui-ci s’appellera Emanuel et sera rempli de tous les dons de l’Esprit. Il annonce que Dieu choisira et soutiendra ce serviteur fidèle, qui sera la lumière des nations, après avoir vécu un terrible rejet.

En hébreu, comme en français, le mot confiance est synonyme de foi.

Ce mot a la même racine que le mot Amen, qui signifie : c’est vrai, solide, fiable. Ce sont les fondements d’une maison.

Le prophète a confiance que Dieu réalisera sa promesse. Même s’il ne la verra pas de ses yeux, puisque la prophétie se réalisera plusieurs siècles après.

Mais il a confiance et c’est ce qui le fait vivre.

 

 La confiance de Marie et celle du chrétien.

En elle la prophétie se réalise plusieurs siècles après avoir été donnée par Dieu au prophète Esaïe. La jeune fille devient enceinte et son enfant sera saint, car c’est l’Esprit saint qui est venu sur elle, non un homme.

Mais pour que cet événement inouï arrive, il a fallu que Marie ait confiance.

Même si ce que Marie a vécu est unique et non répétable dans toute l’histoire – elle a donné sa chair au Fils éternel de Dieu – son expérience peut nous aider à approfondir notre propre confiance. Je ferai donc un parallèle entre la confiance vécue par Marie, celle que Paul exprime dans sa lettre aux Philippiens et la confiance que chaque chrétien est appelé à vivre.

Je vois cinq aspects dans la confiance de Marie :

 

  •     La confiance est un appel

Devant son trouble quand l’ange entre dans sa maison et la salue, Marie reçoit la parole : « N’aie pas peur! Le Seigneur est avec toi…tu as trouvé grâce auprès de Dieu ».

Paul dit la même chose aux chrétiens de Philippe : « Le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien » !

N’aie pas peur, je suis avec toi ! C’est la parole que tous les prophètes ont entendue au moment de leur vocation.

C’est la parole qui nous est dite à chacun lors de notre baptême.

Il y a aussi des moments dans notre, où Dieu nous redit personnellement cette parole invitant à la confiance.

Cette parole peut nous être transmise par l’intermédiaire d’une personne, ou dans la prière. Parfois nous pouvons même l’entendre de manière distincte.

Cet appel est aussi à la racine d’une vocation au ministère ou à la vie dans une communauté de foi et de service.

 

  •         La confiance est nourrie par la prière

Après avoir entendu l’annonce de l’ange, Marie demande un éclaircissement : « Comment cela se produira-t-il puisque je n’ai pas relations avec un homme » ?

Marie entre en dialogue avec l’envoyé de Dieu. Or c’est justement le sens de la prière que d’être un dialogue avec Dieu. La prière exprime que notre vie est une relation entre un je et un tu.

« En tout, par la prière et la supplication avec des actions de grâces, faites connaître à Dieu vos demandes » !

Paul dit bien « En tout, priez » ! Ailleurs il appelle à prier sans cesse, car il sait bien combien notre confiance peut être fragile, combien nous pouvons être submergés par nos émotions, par la crainte, l’envie, la colère, la honte.

Nous avons donc à nourrir notre confiance par une prière constante, sinon elle risque bien d’être emportée par les turbulences de nos émotions.

 

  •         La confiance est fortifiée par un signe

« Elisabeth, ta parente, a elle aussi conçu un fils, dans sa vieillesse…Car rien n’est impossible de la part de Dieu ».

Marie reçoit le signe que sa cousine, elle qu’on appelait « la stérile » attend un enfant. Ce signe l’encourage. Si Dieu est présent dans la vie d’Elisabeth, il peut aussi être présent dans la sienne, dans la nôtre.

Et nous, avons-nous aussi besoin de signes visibles ?

Si oui, lesquels ?

On dit que les sacrements sont les signes visibles d’une grâce invisible. Le baptême et la sainte cène fortifient notre confiance. Il y a aussi d’autres signes, qui nous encouragent, comme celui de l’huile mise sur notre front lors de la prière pour une guérison.

Parfois Dieu nous encourage directement en nous donnant un signe personnel de son amour et de sa bienveillance. Cela peut être un rêve, une parole qui monte dans notre cœur, un événement, une rencontre, un exaucement…

« Que votre attitude conciliante soit connue de tous » ! dit Paul. Quand les personnes avec qui nous sommes en relation reconnaissent et apprécient cette attitude en nous, cela peut aussi être un signe d’encouragement, un signe qui fortifie notre confiance.

 

  •          La confiance est un engagement de tout son être.

« Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole » ! Marie répond et s’engage de tout son être. Si la visite de l’ange n’avait pas été suivie d’une consécration de sa part, rien ne se serait passé. Sa réponse a permis à Dieu d’agir dans sa vie et pour le salut de l’humanité.

Quand Paul dit et répète : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur, je le répète : réjouissez-vous » ! il veut nous inviter aussi à cet engagement de tout notre être.

Il y a des circonstances difficiles dans notre vie, où nous n’arrivons pas à nous réjouir. Paul nous appelle à le faire, même dans ces moments. Mais il précise « dans le Seigneur ». Cela signifie communier aux souffrances du Christ pour communier aussi à sa résurrection. Cela signifie la paix et la joie paradoxale dans la souffrance.

Mais pour vivre ce paradoxe chrétien, nous avons à nous engager de tout notre être. La confiance ne vient pas toute seule. Elle exige de notre part un effort de notre volonté.

 

  •             La confiance est une grâce de Dieu

« Réjouis-toi, qui est comblée de grâce » !

La confiance de Marie n’est pas l’œuvre de Marie, mais l’action de la grâce de Dieu en elle. Une grâce qui l’a comblée dès le début de sa vie.

La salutation de l’ange exprime ce que Marie vivait déjà : la grâce agissait en elle pour la préparer à ce grand moment.

De même dans nos vies, ce n’est pas notre foi qui attire la grâce de Dieu. Au contraire : c’est l’action de la grâce en nous, bien avant que nous en ayons conscience qui crée la confiance.

Ayons donc confiance que Dieu agit en nous, dans nos biens aimés, dans ceux pour qui nous prions, même dans ceux qui nous sont hostiles.

Cette grâce est source de paix et de joie, comme le dit saint Paul, elle est « la paix de Dieu, qui surpasse toute pensée ». Elle gardera nos cœurs et nos intelligences en Jésus-Christ. Elle agit bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer, rêver, prier.

****

Nous pouvons avoir donc confiance comme Marie a eu confiance.

Confiance dans l’amour infini de Dieu, car si Dieu est descendu du ciel pour devenir un homme dans le sein de Marie, c’est parce qu’il aime chacun de nous !


Publié

dans

par

Étiquettes :