He Qi christ ressusicte 2005

La clé de l’unité

A une communauté divisée, le message de Paul est « Jésus crucifié » avec lequel il est en profonde communion, au point que toute sa personne est imprégnée de son humilité. Ainsi l’Esprit saint agit quand la croix du Christ est vécue et annoncée. Son oeuvre est de nous réconcilier, en Dieu, les uns avec les autres. 

 

Une communauté divisée

Divisée, la communauté de Corinthe l’est en effet. Et même profondément.
En son sein des clans s’opposent. Les uns se réclament de Paul, d’autres d’Apollos (3,4).
Des inimitiés se font jour entre des membres à tel point que des procès sont intentés (6,1-11).
Des affaires de mœurs secouent l’Eglise (5,1ss), en particulier l’inconduite sexuelle (6,12ss). Paul doit alors rappeler le sens de la relation conjugale et du célibat dans le Seigneur (7,1ss ; 11,1-16)
Quelques membres manquent de discernement et continuent à participer à des rituels de leur ancienne religion (10,14ss).
Les riches ne prennent pas soin des pauvres. Ces derniers sont discriminés durant le moment le plus sacré de la vie de la communauté, le repas du Seigneur, (11,17-22).
Ses assemblées cultuelles tournent parfois à l’anarchie (14,26ss).
Certains pensent que les morts ne ressuscitent pas et rejettent la résurrection du Christ (15,35ss)

 

Mais Dieu continue à l’aimer
Malgré toutes ces obscurités dans cette communauté, chose extraordinaire, Paul continue à la chérir et à la considérer comme élue. Il commence ainsi sa lettre : « Je rends toujours grâce à mon Dieu, à votre sujet, pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée en Jésus-Christ ; car en lui vous êtes devenus riches de tout.. » (1,4). Et il la termine ainsi : « Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous tous ! Mon amour est avec tous en Jésus-Christ » (16,23s).

 

Les divisions des Eglises protestantes
Alors qu’elles commémorent les 500 ans de la Réformation, les Eglises protestantes sont divisées sur plusieurs questions de doctrine et d’éthique. Des conflits entre personnes les agitent. Des courants théologiques divers peinent à co-exister. Le formalisme les guette. Et surtout de nombreuses superstructures ont été ajoutées à l’Evangile de la grâce. Que leur dirait Paul s’il les visitait ?
Sans doute, il leur assurerait avant tout « la grâce et la paix » de la part de Jésus-Christ. Puis il les appellerait à une nouvelle Réforme !
Voyons maintenant comment Paul s’y est pris pour appeler les Corinthiens à surmonter leurs divisions ! Il leur dit une seule chose qu’il explicitera de multiples manières :

 

« J’ai jugé bon, parmi vous, de ne rien savoir d’autre que Jésus-Christ – Jésus-Christ crucifié »
Jésus crucifié : voilà la clé de l’unité pour l’apôtre !
Mais qu’entend-il par ces deux mots ?
Et pourquoi n’a-t-il rien voulu savoir d’autre que Jésus crucifié parmi cette communauté ?
Pour Paul, la croix n’est pas seulement ce terrible moment où Jésus est suspendu à un bois à Jérusalem.
L’ombre de la croix frôle toute la vie et le ministère de Jésus. Elle est le symbole de l’humilité avec laquelle Jésus a tout vécu.
Déjà l’incarnation de Jésus est un acte d’humilité : le Fils éternel s’abaisse et assume la chair d’une jeune femme.
Les conditions de sa naissance le manifestent clairement : le bois de la crèche annonce celui de la croix.
La vie cachée à Nazareth durant trente ans témoigne aussi de cette humilité.
Egalement son ministère de trois ans où il donne des paroles de vie éternelle, guérit des malades et ressuscite des morts : toujours il se retire dans le désert pour se mettre à genoux devant son Père.
Devant les oppositions qu’il affrontera dès le début, Jésus reste toujours dans la confiance.
Durant son dernier repas avec ses amis, il leur lave les pieds.
Dans le jardin de Guetsémané et le lendemain sur la croix, il vit l’extrême de l’humilité. Au moment même où il a le sentiment d’être abandonné par Dieu, il se tourne vers lui et pardonne à ses bourreaux : « Père, pardonne-leur !… Père entre tes mains je remets mon esprit » !
Lorsque Paul dit les qualités de l’amour dans son fameux hymne au chapitre 13 de cette lettre, c’est en fait l’amour qui a animé Jésus crucifié qu’il chante :
« L‘amour est patient et bon, il n’est pas envieux, ne se vante pas et n’est pas prétentieux ; l‘amour ne fait rien de honteux, n’est pas égoïste, ne s’irrite pas et n’éprouve pas de rancune ; l‘amour ne se réjouit pas du mal, il se réjouit de la vérité. L‘amour supporte tout et garde en toute circonstance la foi, l’espérance et la patience ». (13,4-7)

 

La clé de l’unité, c’est…
cet amour de Jésus crucifié que Paul met en avant,
cet amour qui est « le chemin supérieur à tout », (12,31)
cet amour qu’il faut demander à l’Esprit saint de verser dans nos cœurs,
cet amour qui est plus grand et désirable que les dons charismatiques les plus excellents,
cet amour qui est la promesse des temps messianiques : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair », dit le Seigneur (Ezéchiel 36,26).

La mort n’a pas retenir Jésus crucifié. Dieu l’a ressuscité et désormais le Ressuscité est à jamais vivant parmi nous.
Sa volonté est d’infuser dans notre cœur son humilité. Il nous donne son Esprit pour faire de nous des ouvriers de vérité et de justice.
Le fruit de son œuvre dans nos vies est la paix et l’unité dans la communauté.
Cet appel de Paul est d’une actualité permanente : seul le regard vers Jésus crucifié peut apporter un peu de vérité au milieu de la confusion et un peu de paix dans un monde où l’on ne cesse de s’accuser les uns les autres.

 

Jésus crucifié, fenêtre ouverte à l’Esprit saint
Jésus crucifié, Paul ne l’annonce pas seulement par ses paroles, mais aussi et surtout par sa vie.
C’est humble qu’il s’est présenté devant la communauté de Corinthe : « je me suis présenté à vous faible et tout tremblant de crainte ». (2,3)

Or, qu’arrive-t-il quand Jésus crucifié est annoncé ?
Qu’arrive-t-il quand nous accueillons les oppositions et les difficultés en communion avec lui ?
L’Esprit saint agit avec force !
Annoncer le Christ crucifié et ressuscité permet à l’Esprit saint d’agir.
Paul en était convaincu. La réconciliation dans la communauté est par conséquent son œuvre, non celle de Paul qui n’est qu’un instrument.
De même, dans nos vies, accueillir chaque souffrance dans la communion à Jésus crucifié est une fenêtre ouverte à l’Esprit saint.
C’est ainsi que « ta lumière jaillira comme l’aurore, et que tes forces reviendront vite » (Esaïe 58,8).
C’est ainsi que nous serons « sel de la terre et lumière du monde » (Matthieu 5,13-16).

Nous aussi, aimons-nous les uns les autres comme le Christ nous a aimés et disons :
« J’ai jugé bon, parmi vous, de ne rien savoir d’autre que Jésus-Christ – Jésus-Christ crucifié » !

 

La clé de l’unité
 
Ton humilité est
la clé qui ouvre à l’unité dans un monde divisé,
le secret qui nous réconcilie les uns avec les autres,
la confiance qui nous tourne vers l’amour de Dieu,
le baume qui guérit nos blessures,
la lumière qui nous fortifie,
la porte qui garde nos cœurs,
la fenêtre qui donne sur l’action de l’Esprit saint,
le chemin qui conduit à travers les vallées obscures.

Donne-nous, Jésus, à chaque instant de contempler ton humilité
dans ton incarnation dans le sein de Marie,
de ta crèche à ta croix,
dans tous tes gestes et tes paroles,
dans ta prière continuelle au Père,
dans le lavement des pieds de tes disciples,
dans les oppositions que tu as traversées,
dans ton pardon accordé à tes bourreaux,
dans ton terrible abandon sur une croix,
dans ta résurrection discrète au troisième jour,
dans le don de l’Esprit saint qui nous la communique.

Viens Esprit-saint, verse en nous l’humilité
qui a animé toute la vie de Jésus !


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