amour epreuve

MEDITATION A L’HEURE DE LA MORT DE JESUS

Depuis hier soir, une quarantaine de personnes vivent ici à Saint Loup une retraite jusqu’au jour de Pâques.

Nous avons pris comme thème « Au cœur de l’épreuve, découvrir un Amour » ? Une parole nous a conduit et inspiré pour cette retraite. C’est la parole de l’année choisie comme mot d’ordre dans la communauté de Saint Loup. Elle est tirée du livre des Lamentations : « Les bontés du Seigneur ne sont pas épuisées, il n’est pas au bout de son amour. Sa bonté se renouvelle chaque matin. Que ta fidélité est grande, Seigneur ! »  (Lam. 3,22s)

Je vous propose maintenant d’aller plus loin dans la compréhension de cette parole. Pour ce faire je vous invite à réfléchir à la question : comment peut-on faire l’expérience de cet amour, de cette bonté, de cette tendresse ?

C’est une des questions les plus importantes dans la vie spirituelle. Dieu peut-il être éprouvé dans notre vie ?

Pour y répondre je vous invite à écouter à nouveau ce que l’auteur sacré écrit un peu plus loin : « Il est bon, le Seigneur est bon pour qui l’attend, pour l’âme qui le recherche » (3,25).

Il y a donc une condition pour éprouver cet amour de Dieu et en devenir témoin. Se tourner vers lui, l’attendre, le rechercher. Ces verbes sont dans le registre du vocabulaire biblique de la conversion.

Dans le livre des Lamentations, il y a une description terrible du malheur de la ville de Jérusalem dévastée. Ce matin je l’ai comparé au malheur qui s’est tragiquement abattu sur Paris et Bruxelles, suite aux actions terroristes.

Or dans le livre des Lamentations, le malheur conduit à se remettre en question et finalement à se tourner vers Dieu. Non pas la conversion que l’homme prétendrait opérer par lui-même (3,40), mais la conversion que Dieu seul peut opérer en l’homme : « Fais-nous revenir vers toi, Seigneur, et nous reviendrons » (5,21).

La conversion a deux faces. L’une négative, l’autre positive. Le côté négatif est orienté vers le passé : on reconnaît qu’on a fait fausse route et on le regrette. Il s’agit alors d’écarter toutes les idoles, qui peuvent prendre la place de Dieu. Au temps de l’Ancien Testament, ces idoles étaient des statues.

Aujourd’hui, elles sont tout ce qui peut prendre la place de Dieu dans notre cœur : carrière, mariage, études, belle maison, profession, sport, arts, loisirs, succès, pouvoir, renommée…

Le côté positif est orienté vers l’avenir : on se tourne vers Dieu. De tout son être, on le recherche dans sa volonté, à le mettre à la première place, au sommet de chacune de nos pensées et affections, à acquérir la perle de grand prix : sa présence parmi nous

Se tourner vers le Père

Pour nous, le modèle d’une personne convertie, tournée vers Dieu, est Jésus. Durant toute sa vie, il est tourné vers son Père dans la prière. Sa nourriture est de faire sa volonté. Cela nous est particulièrement révélé durant ses dernières heures : dans sa prière dans le jardin des Oliviers – « Non pas ma volonté, mais la tienne », mais surtout sur sa Croix de douleurs, où Jésus aime jusqu’au bout, tourné vers son Père à qui il remet son esprit, dans un amour totalement livré.

Cet amour tourné vers le Père de Jésus sur la croix, nous révèle en profondeur l’être même de Dieu. C’est sur la croix que nous est révélé dans l’histoire, le regard constant et éternel  du Fils vers le Père, « au commencement tourné vers Dieu », selon le Prologue de Jean.

 

La croix rèvéle le mystère de Dieu

Trinite RublevLe cri de Jésus sur la croix – « Père, entre tes mains, je remets mon Esprit » – est l’explication la plus concise de la Trinité. C’est la croix de Jésus qui nous dévoile le mystère de Dieu. C’est la croix qui révèle la Trinité d’amour.

 Ce regard du Fils tourné vers le Père est exprimé de manière merveilleuse par l’icône de la Trinité d’Andrei Roublev.

Continuellement tourné vers le Père, Jésus ressuscité intercède pour chacun d’entre nous, afin que nous aussi nous nous tournions vers le Père avec foi et vers ses frères dans l’amour.

Dans ce regard vers le Père, dont il est le Témoin fidèle, Jésus sait que se trouve notre bonheur. C’est pourquoi la première parole qu’il crie dans l’Evangile est « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est proche ».

 La perle

Le verset 24 selon la traduction en français courant introduit l’image du trésor : « Le Seigneur est mon trésor ».   Une métaphore que l’Evangile développera : « Le Royaume des cieux ressemble à un trésor caché dans un champ. Un homme découvre ce trésor et le cache de nouveau. Il est si heureux qu’il va vendre tout ce qu’il possède et revient acheter ce champ. Le Royaume des cieux est comparable à un marchand qui cherchait des perles fines. Ayant trouvé une perle de grand prix, il s’en est allé vendre tout ce qu’il avait, et il l’a achetée » (Mat. 13, 44-45).

La perle se forme dans une huitre, suite à une blessure. Les lieux de blessure peuvent devenir les lieux de bénédiction.

La parabole de la perle nous invite à écarter toutes les idoles qui peuvent prendre la place de Dieu dans notre cœur…à mettre Dieu à la première place, à nous tourner vers lui, à nous convertir à lui. La perle est donc le symbole d’un appel à la conversion.

 

La croix révèle le mystère de l’Eglise

Puis, après nous être tournés vers Dieu, Jésus nous appelle à une deuxième conversion ! Celle de nous tourner vers notre prochain, dans lequel il nous attend également.

Dans le récit de la passion, il invite sa mère à se tourner vers son disciple bien-aimé. Et le disciple bien-aimé à se tourner vers sa mère. Comme le disciple n’est pas nommé, chacun peut se retrouver en lui. En fait il représente l’Eglise appelée à vivre sous la croix, tournée vers le Christ dans la foi et tournée vers son prochain dans l’amour !

Ainsi la mort de Jésus sur la croix nous révèle un double mystère : celui de la Trinité et celui de l’Eglise. Jésus nous révèle la relation qu’il a avec le Père et nous tourne avec lui vers le Père. Mais il nous révèle aussi la vocation de l’Eglise qui est d’être communion, de vivre les relations sur le modèle de la Trinité, en nous tournant les uns les autres dans l’amour, comme lui, Jésus est tourné vers le Père.

Posons-nous ces questions: 

       Quelle est la perle de ma vie ?

       Quels risques suis-je prêt à prendre pour acquérir cette perle ?

       A quoi suis-je prêt à renoncer ? 


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