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10 convictions oecuméniques



Mettre le Christ mort et ressuscité au centreVoici dix convictions oecuméniques, que j’avais rédigées il y a une dizaine d’années, en lien avec un groupe de travail de l’EERV.. Elles n’ont pas pris une ride, me semble-t-il! Alors que le jubilé des 500 ans de la Réforme vient de commencer, le défi reste toujours de mettre le Christ mort et ressuscité au centre et d’en témoigner ensemble, plutôt que de mettre en avant nos particularités confessionnelles.

 

1. La diversité des Eglises est une richesse à vivre et un défi à relever. Chaque Eglise doit reconnaître les autres Eglises avec leurs expressions particulières de la foi et de la vie en Jésus-Christ. Il ne peut y avoir d’unité de l’Eglise que dans le respect de sa diversité, qui est bonne et voulue par Dieu. Unité ne signifie pas uniformité. En effet, selon le Nouveau Testament, la nature profonde de l’Eglise est d’être le corps du Christ et le temple du Saint Esprit. La diversité et l’interdépendance des Eglises sont essentielles. Elles sont appelées à manifester leur unité dans la riche diversité: « Il y a diversité de dons de la grâce, mais c’est le même Esprit » (1 Cor. 12,4).

2. L’oecuménisme est un échange de dons; il n’est pas un processus d’appauvrissement, mais d’enrichissement mutuel. Chaque confession a un don de l’Esprit qu’elle doit approfondir et partager; chacune apporte le meilleur de sa tradition. En tant que membre d’une Eglise réformée, je souhaite faire fructifier ce qui me paraît être un héritage particulièrement important: la concentration sur Jésus-Christ et sa Parole annoncée et célébrée dans les sacrements. A mon sens, il y a pleinement Eglise quand une communauté est réunie en son nom; Jésus-Christ manifeste alors sa présence dans l’Esprit Saint (Mat. 18,20). Mais aucune Eglise locale n’est à elle seule toute l’Eglise de Jésus-Christ; elle a besoin des autres. Par le baptême, nous appartenons au Christ et les uns aux autres. Les Eglises se renforcent les unes les autres en s’accueillant réciproquement.

 

3. Le mouvement oecuménique est un don du Saint Esprit. En quelques décennies, les Eglises se sont rapprochées et la fraternité entre chrétiens s’est réveillée. Nous agissons ensemble dans bien des domaines. Soyons-en reconnaissants à Dieu ! Que sa grâce nous engage à élargir la communion ecclésiale ! Dans notre société de plus en plus sécularisée et multireligieuse, les différences confessionnelles sont relativisées. La voix des Eglises n’est plus qu’une option parmi d’autres. Notre contexte souligne l’importance de témoigner ensemble de Jésus-Christ crucifié et ressuscité.

4. Le cœur de l’oecuménisme est spirituel. L’unité n’est pas notre œuvre; elle n’est possible qu’en tant que don de l’Esprit Saint. Jésus a prié pour l’unité de ses disciples et il a pris sur lui toute division en donnant sa vie afin nous rassembler en Lui. (Jean 17,21) L’oecuménisme est donc avant tout un regard sur le Christ crucifié et ressuscité à renouveler constamment. Jésus-Christ est notre unité. En lui seul, qui vit dans l’amour du Père et la communion de l’Esprit, nous pouvons être unis. L’œcuménisme est avant tout prière, écoute commune de la Parole de Dieu et conversion au Christ.

5. La prière et l’écoute de la Parole sont créatrices de communion. Elles nous conduisent à valoriser tout ce que nous avons en commun, mais aussi à exercer un discernement entre les différences séparatrices et les diversités enrichissantes. « Faites vous-mêmes votre propre critique, voyez si vous êtes bien dans la foi, éprouvez-vous » (2 Cor. 13,5). L’oecuménisme consiste alors à interpeller et nous laisser interpeller à plus de fidélité au Christ, à guérir nos mémoires blessées et à entrer dans une démarche de changement, tant personnel qu’ecclésial.

6. L’unité spirituelle en Christ nous conduit à rechercher plus d’unité visible. Notre unité est déjà réelle grâce à la présence du Christ ressuscité au milieu de nous, qui fait de nous un seul peuple. Mais j’aspire à la communion pleine et visible des Eglises, à commencer dans le protestantisme pluriel, dans une même foi, avec des sacrements et des ministères réciproquement reconnus, ainsi que des structures communes de témoignage et de service.

7. Le premier lieu pour la recherche de l’unité visible est ma propre Eglise réformée. Divers courants spirituels la composent, parfois se confrontent. Au sein même de nos communautés, nous avons à travailler pour une reconnaissance de la diversité. Toutefois, si nous avons à mettre en valeur la diversité légitime des formes de la foi et de la vie chrétienne, et si nous avons à nous garder du dogmatisme, nous avons également à prendre conscience de ce qui, dans notre pluralisme interne, met en péril la communion ecclésiale et affaiblit la base du témoignage commun. Sur la substance même de la foi chrétienne demeurent des différences irréductibles, alors que nous devrions être unis sur les points qui touchent à l’être de l’Eglise. C’est pourquoi le dialogue intra-confessionnel, appartient au véritable engagement oecuménique.

8. L’unité chrétienne n’est pas un but en soi, elle se construit pour que la vie en plénitude en Christ parvienne au monde. Le but de l’oecuménisme est missionnaire : « Qu’ils soient un…afin que le monde croie » (Jn 17,20). Les Eglises cherchent leur unité pour rendre plus perceptible l’amour de Dieu pour tous les humains sans exception et pour les ouvrir à la foi en Jésus-Christ. « La tâche la plus importante des Eglises, c’est d’annoncer l’Evangile par la parole et par les actes, pour le salut de tous » (Charte oecuménique européenne)

9. La Parole biblique qui nous guide dans la recherche d’unité inclut l’Ancien Testament. Le peuple juif est la racine de l’Eglise (Rom. 11,17s). Notre relation avec lui revêt une signification différente de celle que nous avons avec les autres religions; en effet une filiation d’un genre unique nous lie avec les juifs, qui sont « aimés (de Dieu) et c’est à cause des pères. Car les dons et les appels de Dieu sont irrévocables » (Rom. 11,28s). Renouer avec nos racines juives, d’où Jésus-Christ est issu, et prier pour notre frère aîné contribuera à réconcilier les Eglises entre elles.

10. L’engagement oecuménique n’est pas facultatif. Notre foi suscitée par la Parole du Christ nous y conduit de manière irrévocable. L’oecuménisme est un chemin bordé de couronnes d’épines. Mais l’appel du Christ à l’unité ne nous permet pas de nous replier sur nous-mêmes, ni de nous satisfaire des repliements existant entre les Eglises. En dépit des échecs et des résistances, voire des refus, les chrétiens ne doivent pas se décourager; en dépit des divergences qui perdurent entre les Eglises, mais poursuivre le dialogue, refusant de dire: « Je n’ai pas besoin de vous » (1 Cor. 12,21). En tout il faut rester dans l’amour fraternel, gage de la présence du Christ au milieu de nous, qui nous entraîne sur le chemin de la réconciliation bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer.


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