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Une spiritualité œcuménique.

Je voudrais vous proposer quelques lignes d’une spiritualité œcuménique. A partir de ce texte de l’apôtre Paul dans la lettre aux Thessaloniciens : « N’éteignez pas l’Esprit. Ne méprisez pas les messages des prophètes. Examinez tout, retenez ce qui est bien.Abstenez-vous du mal sous toutes ses formes. ». (5,19-22) je distingue trois lignes d’une telle spiritualité : 1. Elle reconnaît et accueille la diversité de l’action de l’Esprit saint – 2. Elle est communautaire – 3. Elle est missionnaire

1. Une spiritualité œcuménique reconnaît et accueille la diversité de l’action de l’Esprit saint : N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les messages des prophètes,

Cette parole de Paul parle de la présence active de l’Esprit saint dans l’Eglise, qui se manifeste de diverses manières. Mais s’il souffle aujourd’hui, il a soufflé aussi durant toute l’histoire de l’Eglise.

En étudiant les diverses spiritualités, depuis les Pères de l’Eglise jusqu’à aujourd’hui, on découvre que toutes ont cherché à vivre les Paroles de Jésus et à être à l’écoute de l’Esprit saint. A travers cette histoire, nous avons mieux perçu combien la promesse de Jésus d’être avec nous tous les jours jusqu’à la fin est vraie

L’Eglise, l’épouse du Christ, porte maintenant un collier orné de perles les plus rares. Chaque spiritualité dans l’Eglise est comme une perle, à côté des autres perles. Le Christ, qui est la Parole incarnée, est la Perle des perles.

Au cours des siècles, les chrétiens ont cherché à comprendre et à vivre les paroles et le style de vie de Jésus. Nous avons découverts quelques témoins.
La vie et l’enseignement de ces témoins ont marqué pour longtemps les diverses Eglises. Pourquoi restent-ils actuels ? Parce qu’ils ont vécu l’Evangile. Souvent leur vie a été marquée par la souffrance. Une perle naît de la souffrance de la présence d’un grain de sable qui s’est introduit dans une huître. L’Esprit saint forme une perle dans notre vie, quand la souffrance nous conduit à une communion plus profonde avec Jésus crucifié.

Et puisque la Parole de Dieu ne passe pas, l’exemple et les paroles des témoins demeurent aussi. C’est pourquoi nous pouvons lire aujourd’hui avec profit les Pères de l’Eglise et du désert, François d’Assise et Ignace de Loyola, Luther et Calvin, Spener et Wesley. C’est pourquoi la fidélité des anabaptistes, les étudiants assoiffés de vraie spiritualité à l’origine du réveil de Genève et le rayonnement des premiers pentecôtistes nous touchent profondément.
Ceci me conduit à souligner une première caractéristique d’une spiritualité œcuménique : elle reconnaît et accueille la diversité des spiritualités. Elle les considère comme des perles avec des couleurs, des éclats et des formes différentes, faisant partie d’un même collier. Ces joyaux sont les charismes, suscités par l’Esprit saint, tout au long de l’histoire de l’Eglise.

Quand Paul dit : N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les messages des prophètes, cela peut signifier : ne jetez pas ces perles, ne les cachez pas, ne les ôtez pas ! Mais mettez-les bien en évidence sur le collier qui embellit l’épouse du Christ. Pour goûter à toute la richesse de l’Evangile, il nous faut écouter ces témoins qui nous ont précédés, et qui sont autant de prophètes que l’Esprit saint a suscités et qu’il continue à susciter.

2. Une spiritualité œcuménique est communautaire : Examinez tout, retenez ce qui est bien.

Après nous avoir invité à une attitude d’accueil à l’égard de l’action multiforme de l’Esprit saint, Paul invite au discernement : « Examinez tout, retenez ce qui est bien ». Notez que la phrase est au pluriel : il invite à un discernement communautaire.

On discerne mieux ce qu’est la volonté de Dieu pour nous lorsqu’on est ensemble. Quand des chrétiens provenant de différentes Eglises se mettent ensemble, il y a davantage de clarté que s’ils forment une chapelle.

Quelle est la différence entre une spiritualité individuelle et une spiritualité communautaire ?

La spiritualité individuelle dit : « Le Christ vit en moi » et elle reconnaît aussi que le Christ vit dans le frère et la sœur. Tandis que la spiritualité communautaire, tout en reconnaissant que le Christ vit en moi et dans le frère, découvre que le Christ vit aussi au milieu de nous. On va alors vers Dieu ensemble ; nous avons besoin les uns des autres pour discerner la volonté de Dieu. Nous avons besoin aussi de connaître ce que nos frères et sœurs ont prié, pensé, et vécu dans le passé. Leurs écrits et leur exemple nous aident aussi à discerner.

« Examinez tout, retenez ce qui est bien ». Pour mieux discerner, il s’agit de susciter entre nous une communion spirituelle, de chercher à construire la fraternité évangélique, sur le modèle de la première communauté après Pentecôte. Que faisaient les premiers chrétiens ? Trois choses : lire ensemble l’Ecriture, prier ensemble, servir ensemble le Christ dans les plus pauvres. En cherchant à vivre ces trois dimensions de la vie chrétienne dans la communion, nous nous guérirons nous-mêmes. C’est pourquoi Paul insiste si souvent dans ses lettres sur la charité. Dans notre texte, quelques versets avant, Paul appelle à avoir de la considération et une très haute estime des personnes qui sont les dirigeants des communautés. (v. 12s) Pour Paul, ce qui rend possible un discernement est la charité à vivre entre nous. C’est le contraire du proverbe : « l’amour rend aveugle ». Au contraire, il rend clairvoyant.

3. Une spiritualité œcuménique est missionnaire : Abstenez-vous du mal sous toutes ses formes.

Après avoir invité au discernement communautaire, Paul dit : « Abstenez-vous du mal sous toutes ses formes. » Quelques verset auparavant Paul disait la même chose, mais de manière positive : « Poursuivez toujours le bien, les uns envers les autres comme envers tous ».

Que veut dire « poursuivre le bien » ? Pour nous chrétiens, ce mot a pris un sens précis : Vivre comme Jésus, qui faisait le bien partout où il passait. Et comment Jésus faisait-il le bien ? Il faisait le premier pas, il s’intéressait à l’autre, il discernait l’image de Dieu en chacun, il était à la fois accueillant et exigeant, il aimait l’autre comme lui-même, parfois il gardait le silence, mais le plus souvent il donnait une parole, il ne gardait pas pour lui les dons qu’il a reçu, mais les partageait, surtout avec ceux qui traversent des fragilités.

Voilà comment vivait Jésus. Voilà la spiritualité de Jésus. Une spiritualité œcuménique cherche à vivre la spiritualité de Jésus. En vivant de cette manière, nous évangéliserons plus profondément, à commencer par nous-mêmes. Cette œuvre d’évangélisation doit se faire d’abord dans nos profondeurs et entre les chrétiens. Si elle se fait en nous et entre nous, elle pourra se faire aussi à travers nous et mettre en mouvement une multitude. Jésus le dit lui-même : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres, que tous connaîtront que vous êtes mes disciples ».

Je vous invite  à penser à une perle que vous avez reçue, à en rendre grâce et à demander au Seigneur pour que le don que cette perle contient soit utile pour tous.

Voici aussi ma prière :
sus, source de tout bien, donne-moi de vivre ta spiritualité. Celle que ton Esprit a suscitée dans le cœur de tous les témoins. Merci pour les frères et sœurs que tu nous as donnés. Ils sont un don sur le chemin pour aller vers toi. Ensemble nous discernons mieux quelle est ta volonté pour nous et ton Eglise.

Martin Hoegger


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