Cathedrale Sainte Sophie Kiev

En marche vers 2033 avec les Eglises orthodoxes en Ukraine !

Cathédrale Sainte Sophie Kiev« Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! » C’est ainsi que les orthodoxes se saluent durant le temps de Pâques. La résurrection du Christ est au centre de leur vie spirituelle : « Le Christ est parmi nous. Il l’est, il le sera », dit-on au cœur de la « divine liturgie » orthodoxe, à la fois source et sommet de toute la vie de l’Eglise.

 

L’Eglise orthodoxe est majoritaire en Ukraine, mais elle est divisée. La perspective de l’année 2033 va-t-elle encourager les trois Eglises orthodoxes à marcher vers plus d’unité ? Quel est le sens de l’anniversaire des deux mille ans de la résurrection du Christ dans le contexte dramatique que vit l’Ukraine, où ce qui divise la société divise aussi l’Eglise ?

Dans le cadre du projet « Jesus Celebration 2033 » (JC 2033) Olivier Fleury, Raphaël Lods et moi-même, nous nous rendons à la Laure (ou le monastère) de Kiev, le centre spirituel de l’Ukraine pour rencontrer le Père Mykolay Danylevych, responsable du Département des relations extérieures de l’Eglise orthodoxe ukrainienne qui est reliée au Patriarcat de Moscou.

M. Danylevych« C’est notre première rencontre et nous resterons en contact les uns avec les autres. Notre Eglise désire préparer cet anniversaire comme elle l’avait fait lors de l’an 2000. Et il faut le faire à un niveau inter-ecclésial », nous dit d’emblée le jeune et souriant prêtre.

Après avoir appris que nous avions récemment rencontré le patriarche Bartholomée, notre entretien bifurque sur la délicate question de l’unification de la date de Pâques que nous avions discutée avec ce dernier. « La tendance est conservatrice dans notre Eglise. Il sera difficile de changer de date. Mais l’essentiel est que chacun, dans sa propre confession, vive sa vie spirituelle avec le Christ au centre. Alors les barrières disparaissent ».

A la fin de l’entretien son assistant Vitaliy Horzov nous fait visiter la Laure de Kiev, haut lieu de l’histoire ukrainienne, en particulier les étonnantes grottes où reposent plusieurs saints. Joie de découvrir qu’il vient de passer une année de formation à l’Institut oecuménique de Bossey, où j’ai également étudié !

Une médaille pour JC 2033 !

Vitali DanchakLa deuxième rencontre a lieu au Monastère Saint-Michel-au-Dôme-d’Or avec le P. Vitali Danchak, secrétaire du patriarche de l’Eglise orthodoxe autocéphale, une deuxième Eglise orthodoxe qui s’est séparée du Patriarcat de Moscou en 1921. 

Un entretien étonnant ! Le P. Vitali nous a partagé les souffrances de son Eglise, puis Olivier lui posé cette question : « Comment avez-vous rencontré le Christ et reçu la conviction de devenir prêtre ? » Il a fait une pause et le registre de la conversation a changé. « Je crois que personne ne m’a posé cette question », répond-il avec le cœur. A l’âge de cinq ans, il a été touché par Dieu dans une église qu’il visitait avec sa grand-mère et à quinze ans il a reçu l’appel à devenir prêtre.

Après lui avoir présenté le projet JC 2033, il pose plusieurs questions, étonné d’une telle initiative. Mais aussi très réjoui, à tel point qu’il désire venir en Suisse pour nous donner une distinction de la part de son Eglise !

Le P. Vitali mène un combat en faveur de la valeur de la famille. A la fin de l’entretien il nous invite à la « Marche pour la famille » qui passe devant le monastère. Organisée par les Eglises évangéliques, elle est suivie par les diverses familles chrétiennes et également par des musulmans.    

Tout est possible avec le Saint Esprit !

A Lviv, à l’ouest de ce grand pays, nous rencontrons un évêque d’une troisième Eglise orthodoxe, Mgr Dymytrij Rudiuk, du « Patriarcat de Kiev » (apparue en 1992). « La date de Pâques est une question plus politique qu’ecclésiale, affirme-t-il. Ce qui est important est d’écouter le peuple qui ne comprend pas pourquoi il y a deux dates. Cette année, la date était commune entre orthodoxes, catholiques et protestants. C’était un bon signe. Célébrer Noël et Pâques ensemble ? Tout est possible avec le Saint Esprit ! »Dymytrij Rudiuk

Comment voit-il la perspective d’une célébration en 2033 et l’avenir des relations entre Eglises en Ukraine ? Il souligne l’importance de témoigner de la foi ensemble dans un contexte sécularisé. « Ce témoignage commun nous unira. Sous l’action de l’Esprit saint, nous serons conduits vers une célébration qui aura lieu peut-être dans de nouvelles conditions. Non l’unité que nous vivons maintenant ou voulons mais celle que l’Esprit saint voudra ».

Persuadé de l’importance d’être ensemble pour témoigner et de trouver de nouvelles approches, il regrette toutefois que le Patriarcat de Kiev ne soit pas reconnu et invité aux grandes manifestations. 

Que ferait-il pour faire des 2000 ans de la résurrection du Christ quelque chose de vivant ? Faire un clip pour montrer la beauté de la résurrection dans l’orthodoxie. Mettre en évidence des traditions locales, comme la décoration des œufs. Approfondir le sens spirituel et théologique de Pâques. Donner envie de voir comment Pâques est célébré dans les diverses Eglises. Impliquer la hiérarchie, mais aussi et surtout les associations de jeunesse. Ne pas oublier les séminaires et facultés de théologie, qui forment le clergé du futur.  

Ensemble notre témoignage sera plus fort !

En l’absence de l’évêque de Lviv, Philarète, de l’Eglise orthodoxe ukrainienne (la même que nous avons visité à la Laure de Kiev), le P. Markijan Kayumov, responsable de la communication, nous reçoit dans le bureau épiscopal.  

 Markijan KayumovEn prenant connaissance de la vision de JC 2033, le P. Markijan se souvient avec joie du rassemblement à Kiev lors du jubilé de l’an 2000. Après les liturgies dans la Laure de Kiev et la cathédrale catholique, les fidèles de ces deux Eglises se sont rassemblés sur une grande place : « C’était la première fois qu’une telle initiative avait lieu. On pouvait ressentir l’Esprit saint ».

Il nous explique qu’en Ukraine la question de l’unité de l’Eglise orthodoxe est cruciale. Elle doit réfléchir avant d’entrer dans tout projet interconfessionel. Le défi est à la fois de garder l’identité orthodoxe et d’être témoin dans une société de plus en plus sécularisée. Dans ce contexte, il considère que l’initiative de célébration en  2033 est nécessaire pour cultiver l’amitié avec les autres Eglises et pour témoigner du Christ. Bien sûr la hiérarchie doit se prononcer mais il pense qu’elle l’approuvera.

« Ce projet doit être un mouvement de foi, conduire les personnes au Christ. Cette magnifique initiative peut être aussi un moyen d’unifier les Eglises en Ukraine. Je ferai de mon mieux pour la développer. En effet nous avons à être des témoins plus actifs. Et ensemble notre témoignage sera plus fort, même si nos rituels sont différents ».

 

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